52.dimanche (XLIV)
corps et signification
pour tout dire, je voulais écrire sur la musique aujourd’hui – à cause de deux choses : d’une part parce que j’ai commencé la lecture des conférences sur la musique d’Adorno, et que, d’autre part, j’ai trouvé par hasard, hier, une vieille guitare sèche que je trouve très jolie
mais, ce matin, j’ai changé d’avis et pris par cette belle journée froide et neuve – comme savent l’être certaines journées d’hiver ici –, je vais plutôt essayer de m’expliquer sur cet autre sujet, le corps et la signification
bien sûr j’ai pensé à la danse et les phases signifiantes des gestes dansés
car les gestes de cette façon, dépassent l’état initial de leur vocation pour aller comme trembler dans le domaine des symboles et de l’allégorie, et c’est là le vrai sujet de ces chroniques du dimanche
mais, là encore n’était pas mon ambition
plutôt dire comment mon corps m’est une nuit, ou sinon, une abstraction, et n’existe que réitéré par le langage, comme le ferait un tatouage en quelque sorte
la pensée le rend discutable
dans le sens inverse, la personne physique est évacuée par le texte, car trop épaisse, trop confusionnelle
le corps en écrivant est la limite qui dénie écrire
négation
absence
et de cette sorte, il signifie, rend intelligible, cache sa nature physiologique au profit d’une activité supérieure
en espérant vous convaincre, je vous adresse une salutation temporaire
Didier Ayres
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