52.dimanche (XIX)
le dimanche 6 mai 2012
je suis gêné de parler de mon engagement littéraire, alors que se joue aujourd’hui le sort politique de différents peuples
mais, je trouve que l’art de l’écrivain doit être capable de tenir devant, ou plutôt sous les ronces, comme j’appelle les affaires du monde
alors cela dit, il me reste à trouver et à réfléchir
hier soir, comme je cherchais quelque chose pour ce matin, j’ai pensé que je pouvais parler du discours lui-même
et puis ce matin, comme jugeant cette corbeille de fruits à dominante jaune cadmium, je me suis dit que cette relation du discours avait son importance
regarder, certes, est une activité relative, propre à décrire
je ne veux pas détailler la rondeur des globes oculaires, ou encore imaginer l’image inversée ou dédoublée, ou encore se projetant d’une paupière à l’autre de manière à reconstruire le séjour de l’image dans le regard de l’homme
même cette heure vive de la matinée, toute hantée de parfums profonds du sucre des fruits ou le tintement d’une alarme au loin, je ne peux me détacher de l’idée que cela mérite relation, langage, expression, effort par exemple pour définir avec précision le goût de vanille qui vient de la corbeille ou le sentiment confus que provoque cette alarme
relation du discours veut dire aussi se mettre en relation par le discours, prétendre à une interattraction entre le sujet écrit et l’écriture et entre l’écrit et celui qui préside à l’écriture
relater est un acte bref du discours – comme le présent qui se raréfie automatiquement dans l’activité du temps qui passe –, réalité kinesthésique du corps, fondement artisanal de la macula, le tout pour juguler sa propre « inquiétude de vivre » – comme on a dit récemment au sujet de la vente du pastel du « cri » de Munch
la question reste le joug herbeux des ronces ou des pierres ou encore l’éclaircissement intellectuel de cette lecture de l’entretien du staretz de Sarov, dont les réalités découlent
bien à vous
Didier Ayres
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