52.dimanche (VII)
dimanche 12 février 2012
une lettre de Didier Ayres à propos du propre et du figuré
par exemple discuter du passage très immatériel du profane au sacré, quand écrire vient souligner ou surligner, et permet le changement des regards
ce n’est pas une question simple, d’ailleurs, sachant que lire ne va pas pour moi sans écrire et que l’ensemble tient ainsi à la lettre et à l’esprit de la lettre
la chair et la lettre
oui, penser au propre comme au figuré
ne pas savoir, ou plutôt effacer le degré incarné de la signification, abolir le lecteur dans l’écrivain
réfléchir, au propre comme au figuré, c’est-à-dire par l’effet spéculaire et le doublement de raisonner
c’est bien l’esprit que je cherche dans la lettre, et je n’ai que la lettre pour y parvenir comme tout un chacun
je pense aussi à tout ce qui énonce une façon spirituelle du lexique, l’opération de petits dépôts, de cristallisations, de rassemblements du caractère simple et sacré de certains signes, et les exhausser dans le tranchant vif de la parole, avec donc des sentiments
on ne peut pas défaire l’arrêt du langage, partager sa double nature ni même vraiment quitter l’activité scripturale, car on y met toujours quelque chose de plus grand que le lexique, et ce sont alors les fusions qui comptent
la figure devient le propre
le signe devient l’empreinte
le mystère dans cette opération, que je retrouve personnellement comme lecteur de livres de la mystique orientale ou occidentale, me rapporte, en-dedans, à la réifier le langage, à cristalliser le figuré dans le propre
bien difficile maintenant aujourd’hui, un signe pour autre chose qui est signe
Didier Ayres
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