52.dimanche (IV)
ce dimanche 22 janvier 2012
une petite lettre aujourd’hui
écrire vers l’absent
en vérité c’est difficile d’expliquer comment on se projette ailleurs, depuis la page
il faudrait tenter de dire que c’est une façon de s’échapper, se soustraire à soi-même
or, ce message dominical a des allures de correspondance, exactement de là où on écrit à autrui en son absence, où l’autre vient clore la lettre en la faisant exister par sa lecture
n’hésitons pas à revenir à ce qu’écrire demande comme patience, qui produit de l’espace et qui calme l’épreuve, cette pharmacie de l’âme – mon premier éditeur, Jean-Paul Michel, avait intitulé une de ses collections la pharmacie de Platon, ce qui m’autorise depuis longtemps à utiliser ces deux termes – conduit sciemment à autrui
donc, avec une promesse, une vision, l’appel de la qualité immatérielle du monde symbolique qui vibrionne comme une abeille au-dessus des choses, aller donc dans cette pâte de la langue où l’on avance dans une espèce de nuit avec un vague sentiment de se guider quelque part, tout cela en s’effaçant – s’effaçant comme corps
il y a donc une mission transitoire au regard de la transitivité, même subjective, de l’adresse du message à l’autre
oui, il s’agit vraiment d’une promesse qui conduit à l’objet, évacuant la totalité et le corps, ce qui est tout un – Martin Buber disait bien les choses avec son « je et tu »
par exemple, comment comptent la maladie de Artaud, la communion catholique chez Claudel, le désir physique chez Genet, pour comprendre ce qui est retiré et ce qui ne l’est pas ?
celui qui est visé, le témoin
Didier Ayres
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