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Articles taggés avec: Thireau Philippe

En roue libre, Tristan Felix (par Philippe Thireau)

Ecrit par Philippe Thireau , le Jeudi, 13 Février 2025. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Correspondance, Tarmac Editions

En roue libre, Tristan Felix, Éditions Tarmac, avril 2024, 70 pages, 10 € . Ecrivain(s): Tristan Felix Edition: Tarmac Editions

Tu peux me répondre

À n’importe quelle adresse

Car le sens s’achemine

Par des voies qui nous échappent

Tristan Felix

Philippe Sollers glisse dans un entretien (1) que « Dada, c’est le triomphe du non-sens opposé au sens falsifié ». Dans le mille ! Tristan Felix, écrivain, clown magnifique, conteuse, s’adresse au monde vertical dans douze lettres décapantes, guillotinées, dadaïstes, lettres expédiées pour la plupart aux instances de la rapidité, de la fonctionnalité, ces instances bouffies qui exigent du quidam qui ose vivre encore, comble de la résistance, de se transformer en e-quidam – vérité algorithmique oblige.

Journal du Coureur, Jean-Claude Hauc (par Philippe Thireau)

Ecrit par Philippe Thireau , le Vendredi, 17 Janvier 2025. , dans La Une Livres, Les Livres, Recensions, Tinbad

Journal du Coureur, Jean-Claude Hauc, éditions Tinbad, novembre 2024, 74 pages, 14 € Edition: Tinbad

 

Deux autres, juste à côté, sont enlacés

Sur une pierre jaunâtre.

Il lui pince la chair potelée du dos en disant : « Eh, petite ».

Et elle le pince à son tour (…)

Sur les pauvres voix, sur la pauvre petite plage,

L’orage jette une ombre légère, blanchâtre. Ici finit l’Italie,

finit l’été.

Pier Paolo Pasolini

La Longue Route de Sable

L’Histoire Splendide, Guillaume Basquin (par Philippe Thireau)

Ecrit par Philippe Thireau , le Vendredi, 03 Mai 2024. , dans La Une CED, Les Chroniques, Les Livres

L’Histoire Splendide, Guillaume Basquin, éditions Tinbad, 2022, 341 pages, 23 €

 

Le poète se fait voyant par un long,

Immense et raisonné dérèglement de tous les sens.

Arthur Rimbaud

 

Pas de bonheur plus grand que commencer la lecture d’un livre qui place immédiatement le foutre au centre de tout. I-Au commencement. L’advenue au monde est immaculée, issue du souffle de l’ange Gabriel ensemençant l’oreille de Marie sainte. Verbe avant naissance. Ainsi le verbe est foutre. L’Histoire splendide de Guillaume Basquin, Éditions Tinbad, est donc d’abord l’histoire tragique de l’enfantement du monde (et suites pénibles).

Un arrière-goût de rat, Jean-Claude Hauc (par Philippe Thireau)

Ecrit par Philippe Thireau , le Mercredi, 10 Mai 2023. , dans La Une CED, Les Chroniques, Les Livres, Tinbad

Un arrière-goût de rat, Jean-Claude Hauc, éd. Tinbad, novembre 2021, 170 pages, 18 €

 

Écrire est criminel. De quel droit l’écrivain fouaille-t-il la page blanche de son écriture, la souille-t-il de son encre ? Une encre à la fois principe éjaculateur et projection de l’inconscient. Jean-Claude Hauc, laudateur et bon spécialiste de Casanova, nous embarque dans l’histoire de la vie en la mort annoncée.

Ouvrage crépusculaire entend-on dire à propos de ce journal/roman d’un enseignant/écrivain, qui loin de se retourner sur son passé (seulement un peu) affronte le présent, devrait-on dire l’étreint ; comme il étreint ses belles élèves damnées. Crépusculaire, certes, mais si l’on invoque facilement le crépuscule du soir, celui que beaucoup pensent unique, celui du matin allume le jour tragique condamné à mourir. La petite lueur rose blafarde. Celle de Baudelaire dans son poème Le Crépuscule du matin :

… Et l’homme est las d’écrire et la femme d’aimer.

Au matin de tout, la partie est jouée. Le soir n’est qu’une étape convenue.

La péremption, Lionel Fondeville (par Philippe Thireau)

Ecrit par Philippe Thireau , le Vendredi, 11 Février 2022. , dans La Une Livres, Les Livres, Recensions, Tinbad

La péremption, Lionel Fondeville, avril 2021, 162 pages, 18 € Edition: Tinbad

Une fulgurante immersion dans la mer des mots désossés : le livre univers de Lionel Fondeville, La péremption, paru chez Tinbad, est bien dans la ligne de l’éditeur de littérature expérimentale. Il en est même le parangon, me semble-t-il. On nomme Tzara, Barthes dans la note de diffusion de l’éditeur pour exprimer ce que ces deux auteurs ont apporté à la littérature en la démembrant et pointer la filiation de Fondeville, pratiquant le segment, la découpe littéraire à l’étal, au couteau. Lionel Fondeville, en bon deleuzien, assigne à la littérature le postulat de « libérer la vie là où elle est prisonnière » – comme l’écrit Deleuze dans Questions de philosophie.

Le quotidien de l’auteur est renvoyé salement avant les origines ; rien n’exige que le réel n’entame la foi dans le non-roman. La vie n’est pas un roman, l’écriture ne peut donc l’être. L’écriture doit se résoudre à se défaire des plans établis en utilisant la pensée rhizomique ; dans le temps où elle se délite, elle devient de moins en moins roman et de plus en plus éclat philosophique. De la critique des situations réelles dans les interstices des mots, dans l’amalgame des mots, advient la liberté totale de penser « autre », c’est-à-dire soi-même hors conventions sociétales. Il s’agit pour Fondeville de « rejouer la scène sans l’avoir apprise par cœur, mais l’ayant apprise mieux que par cœur, par corps… ».