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Articles taggés avec: Epsztein Pierrette

Profession du père, Sorj Chalandon

Ecrit par Pierrette Epsztein , le Mardi, 13 Octobre 2015. , dans La Une Livres, La rentrée littéraire, Les Livres, Critiques, Roman, Grasset

Profession du père, août 2015, 320 pages, 19 € . Ecrivain(s): Sorj Chalandon Edition: Grasset

Lors d’une soirée de présentation de son dernier roman, Profession du père, Sorj Chalandon souligne que dans chacun de ses romans, la figure du père, qu’il soit réel ou rêvé, occupe une dimension très forte. Dans celui-ci le père tient le rôle principal dans un huis clos familial intense. Face à lui, gravitent le fils aîné qui tient la place du narrateur, le cadet qui sert de contrepoint, la mère et des silhouettes extérieures au clan qui à leur tour interviennent dans le cours du récit, un ami d’école du fils, un américain énigmatique. Dans ce scénario improbable, l’intrigue va se dérouler avec un crescendo inexorable, depuis l’enfance du fils aîné jusqu’à sa maturité.

Le roman Profession du père de Sorj Chalandon débute le jour de la crémation du père André Choulans, un nom banal, une crémation qui fera disparaître toute trace de cet homme à jamais. La scène est cruelle puisque le fils aîné, Émile, est seul avec sa mère pour assister à la cérémonie. Peu à peu, il va remonter à rebours les étapes de sa vie familiale en essayant d’en décrypter les ressorts. On le suit pas à pas dans sa quête. Tout commence à la fin de la guerre d’Algérie en 1961 et se boucle en 2010, au moment où le fils devenu « restaurateur de tableaux » et père à son tour, écoute une bande enregistrée à son adresse par le père où celui-ci va dévoiler « sa vérité », « des révélations sur moi, sur ta mère, sur toi. Je veux juste que tu saches qui je suis vraiment ».

N’appartenir, Karim Miské (2ème article)

Ecrit par Pierrette Epsztein , le Mardi, 30 Juin 2015. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Roman, Viviane Hamy

N’appartenir, mai 2015, 83 pages, 12,50 € . Ecrivain(s): Karim Miské Edition: Viviane Hamy

 

Dans quel rayon d’une bibliothèque ou d’une librairie pourrait-on ranger le nouveau livre de Karim Miské, N’appartenir ? Il serait aisé de le classer dans la rubrique des récits initiatiques. En effet, l’auteur s’y met en scène en partant de son enfance pour parvenir à l’âge adulte, mais ce serait trop simple puisque nous chercherions en vain une ligne droite chronologique. Et pourquoi ne pas l’associer à l’ensemble des récits autobiographiques ? Il en a maints ingrédients. L’auteur est le « héros » de cette histoire dont il remonte le cours jusqu’à la troisième génération à travers ce qu’on lui en a rapporté.

Il nous décrit avec précision et sensibilité deux clans, celui de la mère avec tous ses satellites de « camarades » parfois amis, parfois ennemis, et celui du père avec sa famille. Les deux parties s’emboîtent en lui, se complètent et s’affrontent. Tout semble les opposer mais, dans sa quête, il va découvrir qu’ils possèdent bien des traits communs au-delà des apparences, des masques et du faire-semblant. Dans chaque clan, il va constater, à chaque génération, des écarts par rapport à la norme. Des secrets vont se révéler qui parfois le désorienteront.

Tous les hommes sont des causes perdues, Mabrouck Rachedi

Ecrit par Pierrette Epsztein , le Mercredi, 29 Avril 2015. , dans La Une Livres, L'Âge d'Homme, Les Livres, Critiques, Livres décortiqués, Roman

Tous les hommes sont des causes perdues, mars 2015, 228 pages, 19 € . Ecrivain(s): Mabrouck Rachedi Edition: L'Âge d'Homme

 

C’est la chanson de Christophe, Les mots bleus, qui sert d’exergue au nouveau roman de Mabrouck Rachedi, Tous les hommes sont des causes perdues. Cela paraît tout à fait pertinent. Mais les paroles d’une autre chanson celle de Cora Vaucaire peuvent nous revenir en tête lancinantes : « Plus je repense à nos amours/ A ses bonheurs et à ses peines/ Plus je me dis que tu avais/ Le génie de la mise en scène/ Comme au théâtre/ Comme au théâtre. Comme au théâtre, comme au théâtre ».

En effet c’est une pièce de théâtre qui se déroule devant nos yeux dès que nous ouvrons ce roman. Une pièce en quatre actes. L’intrigue prend son envol juste avant l’engagement définitif des deux amoureux. Le premier acte est un court prologue qui met en place la situation. Deux personnages, Adam et Sofia, s’aiment et sont à deux jours de leur mariage. Le deuxième acte est un long monologue où Adam se raconte et raconte à la première personne tous les prémisses de cette histoire. Le troisième acte Sofia, à son tour, déroule sa vision de la vie et de l’amour. En quelques pages, le quatrième acte conduit au dénouent où l’auteur dévoile le fin mot de ce récit.

Nous sommes tous des exceptions, Ahmed Dramé

Ecrit par Pierrette Epsztein , le Lundi, 02 Mars 2015. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Livres décortiqués, Récits, Fayard

Nous sommes tous des exceptions, octobre 2014, coécrit avec Sophie Blandinières, 180 pages, 15 € . Ecrivain(s): Ahmed Dramé Edition: Fayard

 

Nous sommes tous des exceptions, le titre est alléchant. Il donne le désir de plonger dans le livre, d’autant plus que le sujet correspond tout à fait à l’air du temps.

Vous entrerez dans ce récit-témoignage avec une grande facilité et vous le lirez avec un réel plaisir. Ahmed Dramé trouve des mots simples, qui touchent et qui frappent. Le témoignage est d’un optimisme réconfortant et sa lecture rassure.

Tout le monde, quel que soit son âge, aime les contes de fée dans lesquels le héros triomphe de toutes les épreuves, de tous ses opposants avec l’aide d’adjuvants et d’une bonne fée qui le prend par la main. C’est ce qui se passe dans ce livre. Alors, embarquons-nous dans ce conte et tentons d’en déchiffrer les ingrédients.

Présentons tout d’abord le héros : à vingt et un ans, le jeune Ahmed Dramé fait un retour dans son passé et nous conte l’aventure qu’il a vécue il y a quelques années avec sa classe de seconde en section « Histoire des arts » au lycée Léon Blum de Créteil dans le Val de Marne. Il habite dans une cité HLM à Champigny-sur-Marne. Il cumule les handicaps. C’est un jeune noir de banlieue déshéritée.

Voyage de classes, Nicolas Jounin

Ecrit par Pierrette Epsztein , le Vendredi, 30 Janvier 2015. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Essais, La Découverte

Voyage de classes, octobre 2014, 248 pages, 16 € . Ecrivain(s): Nicolas Jounin Edition: La Découverte

 

Le sociologue et professeur Nicolas Jounin, dans son ouvrage Voyage de classes, sous-titré Des étudiants de Seine-Saint-Denis enquêtent dans les beaux quartiers, paru en octobre 2014 aux Éditions La Découverte, présente le déroulement d’une enquête et le travail d’une centaine d’étudiants de première année en sociologie de l’Université de Paris VIII Saint-Denis menés sous sa direction. Ces enquêtes se sont déroulées dans une partie du VIIIème arrondissement de Paris, appelé le Triangle d’Or qui couvre les quartiers délimités par les avenues Montaigne, George-V et les Champs-Elysées. Il héberge les familles fortunées qui veulent marquer leur position sociale, les entreprises et des commerces et des hôtels de luxe, des ambassades.

Nicolas Jounin nous raconte comment il procède pour que ces étudiants s’emparent des méthodes et des outils de la sociologie, comment ils ressentent à leur égard des formes subtiles de discrimination sociale et comment ils parviennent au fil de jours à explorer de façon plus distanciée les rapports de classe. Ce professeur renouvellera l’expérience trois années de suite.

Dans cet essai, la réflexion que mène l’auteur est à plusieurs étages et ressemble à un emboîtement de matriochkas. Il tire plusieurs fils.