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Portrait craché, Jean-Claude Pirotte

Ecrit par Guy Donikian , le Lundi, 06 Octobre 2014. , dans La Une Livres, La rentrée littéraire, Les Livres, Critiques, Récits, Le Cherche-Midi

Portrait craché, août 2014, 192 pages, 16,50 € . Ecrivain(s): Jean-Claude Pirotte Edition: Le Cherche-Midi

 

Jean-Claude Pirotte nous a livré ici un volume à titre posthume qui vaut testament, et la raison essentielle de cet ouvrage tient dans ses mots : « les livres relient à tous les passés mémorables (…) car les livres font échec au temps ». Ce poète, trop peu lu, qui publia aussi des essais, et des romans, n’a eu de cesse d’écrire la vie sous l’angle de l’émerveillement ; ses poèmes résonnent de cet amour du vivre et du désespoir qu’il engendre naturellement.

Pirotte nous apprenait son cancer en 2013 dans son roman Brouillard, et il disparaît en mai 2014. Dans ce texte, Jean-Claude Pirotte procède au « recensement de ses douleurs », il « rentre en lui-même » pour saisir, comprendre la maladie et pour mieux sentir ce corps qui, poursuit-il, est encore vivant, malgré la présence de cette anarchie cellulaire. Pourtant son visage déformé, tordu par la maladie, l’empêche de boire ou de fumer. Son menton est souillé par le café qu’il boit difficilement.

Correspondance (1764-1770), J-J. Rousseau, Henriette, Yannick Séité

Ecrit par Guy Donikian , le Lundi, 25 Août 2014. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Correspondance

Correspondance (1764-1770), JJ Rousseau, Henriette, Editions Manucius, présentation et notes Yannick Séité, 138 pages, 10 € . Ecrivain(s): Yannick Séité

Décidément, notre 18ème siècle français aura été bien riche, et notre légitime amour des Lumières occulte parfois des trésors que les éditions Manucius ont le mérite de remettre en « lumière » ! Cette correspondance entre J.J. Rousseau et Henriette vient en témoigner, tout d’abord pour l’objet lui-même, et ce joli petit livre de quelque 130 pages délivre par ailleurs une richesse roborative. Cette correspondance n’a pas fait l’objet d’une édition séparée depuis 1902, cette édition étant efficacement préfacée Yannick Séité, spécialiste des Lumières.

Nous sommes au printemps de 1764. J.J. Rousseau est réfugié à Môtiers, principauté de Neuchâtel, après la publication d’Emile. Il reçoit alors une longue lettre signée du seul prénom d’Henriette. C’est là que tout commence. Cette Henriette va éperonner Rousseau en partant de « son expérience singulière pour gagner l’abstraction ». Elle va tout d’abord flatter quelque peu Rousseau en lui avouant l’admiration sans bornes qu’elle lui voue, « vos principes me paraissent les plus vrais, les plus clairs et les plus solides », pour lui signifier très rapidement sa quête du bonheur afin d’atténuer une difficulté de vivre sereinement.

Jimi Hendrix, Mémoire d’outre-monde, Peter Neal, Alan Douglas

Ecrit par Guy Donikian , le Mercredi, 21 Mai 2014. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Biographie, USA, Jean-Claude Lattès

Jimi Hendrix, Mémoire d’outre-monde, traduit par Claire Breton, novembre 2013, 22,90 € . Ecrivain(s): Peter Neal, Alan Douglas Edition: Jean-Claude Lattès

 

La notoriété, l’importance historique, l’empreinte indélébile d’un individu ne peuvent suffire à donner naissance à l’écriture d’un livre qui fera date. D’aucuns soupireront en disant qu’il n’y a là qu’un livre de plus sur ce musicien génial qu’était Jimi Hendrix, que tout a été dit et que ces parutions n’ont pour but que l’importance d’un tirage lucratif. C’est sans doute le cas pour nombre de ces ouvrages qui n’apprennent pas grand-chose et qui se contentent d’exploiter l’admiration sans faille que les lecteurs potentiels vouent au musicien. D’autres en revanche auront à cœur de se procurer tous les ouvrages parus, quelle que soit leur teneur, l’essentiel étant de les aligner, par déférence aveugle.

Mais ici l’affaire est tout autre. A l’origine, il y a parmi ceux qui ont côtoyé Hendrix, ceux qui l’ont vraiment connu, tant par et pour la musique et aussi humainement. Ce sont Alan Douglas, le producteur de Hendrix et Peter Neal, journaliste. Ceux-là projettent tout d’abord la création d’un film biographique, et vont donc compulser une documentation considérable dont les sources sont ce que Jimi Hendrix lui-même a écrit ou « griffonné » et les interviews qu’il a données, le tout augmenté des propos qu’il a pu tenir avec des musiciens comme Miles Davies, John Mac Laughlin…

Pucelles à vendre, Londres 1885, William Thomas Stead

Ecrit par Guy Donikian , le Mardi, 04 Mars 2014. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Alma Editeur, Iles britanniques, Récits

Pucelles à vendre, Londres 1885, 294 pages, octobre 2013, 22 € . Ecrivain(s): William Thomas Stead Edition: Alma Editeur

 

Pucelles à vendre est un livre singulier. Le titre tout d’abord, un titre accrocheur qui laisserait supposer que le texte est consacré à des scènes plus ou moins érotiques pour des lecteurs en mal de sensations ou en déficit amoureux… Il n’en est rien et les contempteurs d’une sexualité débridée ou les adeptes de la « moraline » seront déçus. Ce livre voulait justement aller contre une immoralité qui, à Londres, fit des ravages chez les jeunes filles, ou pire, chez les adolescentes. Qu’on en juge…

Si la prostitution a toujours existé, certains ont semble-t-il affiné leurs désirs en matière sexuelle, la prostitution « classique » ne parvenant plus à les satisfaire. On se tourne donc vers les femmes les plus jeunes, autrement dit les adolescentes, qu’on exige vierges. Et c’est là tout le scandale, puisqu’à une demande il faut répondre, on allait donc fournir des vierges à ces hommes exigeants et dotés d’un réel « pouvoir d’achat ».

Paint it black, Graeme Thomson

Ecrit par Guy Donikian , le Mercredi, 19 Février 2014. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Essais, Payot Rivages

Paint it black, quand la mort rode dans le blues, le rock, le rap et la country, décembre 2013, 266 p. 20 € . Ecrivain(s): Graeme Thomson Edition: Payot Rivages

 

On a déjà beaucoup écrit sur les musiques populaires qui depuis plusieurs décennies ont contribué à créer l’environnement sonore que nous connaissons aujourd’hui. Les progrès techniques qui ont ponctué tout le vingtième siècle ne sont pas pour rien dans la diffusion à grande échelle d’une musique, ou plutôt de musiques qui ont déferlé sur les ondes. Que de chemin parcouru en effet depuis les rouleaux sur lesquels le début du vingtième siècle a gravé de rares témoignages musicaux jusqu’aux téléchargements actuels qui font malheureusement de la musique un bien de consommation comme un autre. C’est ce contexte qui sert de cadre à cet essai dont le titre donne justement le ton. Paint it black, le titre des Stones, trouve sa justification dans le sous-titre. Tout est donc dit ou presque. L’essai veut mettre l’accent sur les rapports qu’ont entretenus et qu’entretiennent encore ces musiques avec la mort, en remontant parfois jusqu’au début du vingtième siècle qui semble constitutif de la genèse de la présence de la mort dans les paroles du blues par exemple.