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Roman

Tous les diamants du ciel, Claro

Ecrit par Yann Suty , le Lundi, 27 Août 2012. , dans Roman, Les Livres, Recensions, La Une Livres, Actes Sud, La rentrée littéraire

Tous les diamants du ciel, 22 août 2012, 256 p. 20 € . Ecrivain(s): Claro Edition: Actes Sud

 

D’abord le style. La langue de Claro emporte tout sur son passage. C’est une déferlante d’images, de formules. Il y a quelque chose d’éminemment musical, mais aussi une scansion, une incantation, comme si Claro plaidait une cause. Quelle cause ? Celle de la littérature qui invente et réinvente le langage, qui sculpte les mots, joue avec, et qui nous étourdit.

Comme Claro le dit lui-même (voir interview), il ne veut pas seulement proposer une lecture, il veut aussi faire vivre une expérience au lecteur. Il le transporte dans un monde, son monde. L’un de ses sujets est le LSD et il donne l’impression d’avoir écrit un livre « sous » LSD. Il y a quelque chose de très expérimental dans le livre, mais l’expérimentation ne prend pas le pas sur la compréhension, le sens du récit, le rythme. Rien n’est gratuit. Les belles phrases ne sont pas seulement là pour être belles mais sont toujours au service de l’histoire. Et quelle histoire !

Tous les diamants du ciel commence là où le précédent ouvrage de l’auteur, CosmoZ, s’achevait. Le début des années 50. Claro retrace l’histoire d’un monde, en l’occurrence celui des Trente Glorieuses : il sera question de la Guerre d’Algérie, de la bombe atomique, de la CIA, de la guerre froide, du péril rouge, de la libération sexuelle, de la conquête de la lune…

Avez-vous l'adresse du paradis ?, François Bott

Ecrit par Anne Morin , le Lundi, 27 Août 2012. , dans Roman, Les Livres, Recensions, La Une Livres, Le Cherche-Midi, La rentrée littéraire

Avez-vous l’adresse du paradis ? 115 pages, 12,90 € . Ecrivain(s): François Bott Edition: Le Cherche-Midi

 

Une vie peut en cacher une autre, comme ces matriochkas qui s’emboîtent, jusqu’au cœur, personnages banals, pour certains personnages d’ennui, qui s’ennuient :

« Elle aussi semblait considérer la révolution comme des grandes vacances, comme une distraction passagère de l’Histoire, une manière agréable de tuer les journées » (p.34),

« A l’hôtel Ibis, la chambre de Gatsby restait allumée très tard. Avant de s’endormir, il écrivait encore à quelques amis. Il terminait ses lettres par ces mots énigmatiques : « Avez-vous l’adresse du paradis ? » » (p.69).

Y a-t-il place pour autre chose, que ces morts ou ces ennuis profonds comme des tombeaux, sans histoire :

« Nos morts, disait-il, survivent à nos crochets » (p.92), que ces histoires d’amour qui se sabordent d’elles-mêmes : « Elle goûtait sans doute le charme des amours éphémères, le pathétique et la magie des dernières rencontres » (p.98). Somme toute, le destin joue les personnages, la vie n’est qu’une suite d’alternatives avec une marge de manœuvre infime.

Cosmoz, Claro

Ecrit par Yann Suty , le Vendredi, 03 Août 2012. , dans Roman, Les Livres, Recensions, La Une Livres, Actes Sud

Cosmoz, 2011, 490 p. . Ecrivain(s): Claro Edition: Actes Sud

Cosmoz débute comme une biographie de Franck L. Baum, l’auteur du Magicien d’Oz. Publié en 1900, le livre connaîtra à nouveau le succès 39 ans plus tard grâce à son adaptation ciné par Victor Fleming, avec Judy Garland et la fameuse chanson Over the rainbow. Selon la bibliothèque du Congrès américain, le film serait celui qui a été le plus vu au monde.

A huit ans, Baum est atteint d’une tumeur à la langue qui lui fait faire des cauchemars au cours desquels lui apparaissent certains des personnages qui nourriront plus tard son œuvre : il y a la jeune Dorothy et son chien Toto, mais aussi l’épouvantail, le bonhomme en fer-blanc, un lion poltron, ainsi que la sorcière de l’Ouest et quelques Munchkins.

Cette biographie prend rapidement ses aises avec la réalité si bien qu’on en vient à soupçonner qu’elle n’est pas vraiment ce qu’elle prétend être. Ainsi, quand le médecin perce la tumeur du futur auteur, une brume envahit la pièce et voilà sa secrétaire tout excitée et qui se rue sur lui pour lui faire l’amour.

Plus tard, la tumeur apparaît à Baum ornée de facettes, elle prend l’allure d’une lanterne magique, puis de lèvres qui se mettent tout à coup à pousser la chansonnette. Et c’est Somewhere over the rainbow qui jaillit.

Au carnaval des espérances, Jean-Claude Baise

Ecrit par Lionel Bedin , le Samedi, 21 Juillet 2012. , dans Roman, Les Livres, Recensions, La Une Livres

Au carnaval des espérances, Les presses du midi, 2011, 224 p. 18 € . Ecrivain(s): Jean-Claude Baise

 

Au Carnaval des espérances est un roman dans lequel Jean-Claude Baise nous transporte dans un pays qu’il connaît bien : la Guyane. La Guyane et ses lieux emblématiques : Saint-Laurent-du-Maroni, Kourou, Cayenne. La Guyane et son exubérance végétale. La Guyane et sa moiteur, sa chaleur. Un pays où les corps sont peu vêtus, où les jeunes femmes marchent avec des « mouvements fondus et harmonieux, sveltes et félins ». Un pays dans lequel des populations se sont mélangées aux cours des siècles. « Ici, l’humanité pétillait comme si l’Histoire, avec des talents d’artiste, s’était servie de toute la palette des races humaines pour créer des teintes et des nuances toujours différentes ». Un pays avec un décor de rêve : le fleuve Maroni et les petites rivières se parcourent en pirogues ; les mygales surgissent sur les empennages de bois, les crabes aux pinces rouges s’enfuient sur le sol spongieux… Un pays de rêve ou de cauchemar, tout dépend.

Tout dépend du moment où l’on y arrive et ce que l’on vient y faire. L’histoire démarre à Cayenne, et par un grand moment : le carnaval. Une grande fête, un incroyable spectacle.

Assommons les pauvres ! Shumona Sinha

Ecrit par Patryck Froissart , le Mercredi, 18 Juillet 2012. , dans Roman, Les Livres, Recensions, La Une Livres, Asie, Récits, L'Olivier (Seuil)

Assommons les pauvres !, 2011, 155 pages, 14,20 € . Ecrivain(s): Shumona Sinha Edition: L'Olivier (Seuil)

Ce petit livre rapporte :

 

– qu’au Nord prospèrent des états opulents, arrogants, accapareurs, vivant en paix et vendant des armes, démocratiques et imposant leur système économique au reste du monde

– qu’au Sud, il y a des populations pauvres, humbles, spoliées, prises en étau dans des guerres intestines, subissant une dictature affirmée ou déguisée, conséquemment miséreuses

– qu’entre ces deux mondes, les routes se ferment, les frontières se renforcent, des murs s’érigent

– que du Sud vers le Nord s’écoule, malgré les barrières, un flot incessant d’hommes et de femmes, ici échappés du sous-continent indien,  qui, en échange du peu qu’ils possèdent, mettent leur vie entre les mains de passeurs dénués de tout scrupule dans l’espoir d’arriver dans l’aire où tout paraît aller mieux.

– que ceux d’entre eux qui survivent aux périls de la migration doivent se procurer, à destination, la clé qui leur permettra de sortir de la clandestinité : le statut de demandeur d’asile politique.

Tout cela, nous le savons, plus ou moins.