Avez-vous l'adresse du paradis ?, François Bott
Avez-vous l’adresse du paradis ? 115 pages, 12,90 €
Ecrivain(s): François Bott Edition: Le Cherche-Midi
Une vie peut en cacher une autre, comme ces matriochkas qui s’emboîtent, jusqu’au cœur, personnages banals, pour certains personnages d’ennui, qui s’ennuient :
« Elle aussi semblait considérer la révolution comme des grandes vacances, comme une distraction passagère de l’Histoire, une manière agréable de tuer les journées » (p.34),
« A l’hôtel Ibis, la chambre de Gatsby restait allumée très tard. Avant de s’endormir, il écrivait encore à quelques amis. Il terminait ses lettres par ces mots énigmatiques : « Avez-vous l’adresse du paradis ? » » (p.69).
Y a-t-il place pour autre chose, que ces morts ou ces ennuis profonds comme des tombeaux, sans histoire :
« Nos morts, disait-il, survivent à nos crochets » (p.92), que ces histoires d’amour qui se sabordent d’elles-mêmes : « Elle goûtait sans doute le charme des amours éphémères, le pathétique et la magie des dernières rencontres » (p.98). Somme toute, le destin joue les personnages, la vie n’est qu’une suite d’alternatives avec une marge de manœuvre infime.
Sept journées, la dernière un 14 juillet, jour férié en France, pour cette mise en scène de six personnages principaux en quête de sens, pris dans la toile de l’existence. Une bonne dose d’humour, et quelques phrases qui donnent à réfléchir pour cette chronique de gens ordinaires. Aussi, un certain fatalisme découvert au détour d’une phrase apparemment anodine :
« Elle ne parlait à personne, attendant je ne sais quoi, je ne sais qui, dans le vague définitif de son existence. Comme elle, Robert était désormais un de ces personnages facultatifs que l’on découvre parfois sur les tableaux. On se demande ce qu’ils font là. Ils ont vu de la lumière et ils sont entrés, sans avoir été invités… » (p.77-78).
Peut-il y avoir des vies facultatives, selon la définition optionnelles ? Pas sur le devant de la scène, pas intégrées au décor… ? C’est peut-être, sûrement, la question : peut-on s’en passer ? Peut-on s’en remettre ? Sur-vivre « dans un coin du jour qui se lève » ?
Anne Morin
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