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Roman

Potentiel du sinistre, Thomas Coppey

Ecrit par Stéphane Bret , le Lundi, 04 Février 2013. , dans Roman, Les Livres, Recensions, La Une Livres, Actes Sud

Potentiel du sinistre, février 2013, 215 pages, 19 € . Ecrivain(s): Thomas Coppey Edition: Actes Sud

 

Les romans décrivant le monde du travail, ses rouages implacables, les douleurs innombrables engendrées par les fermetures de sites, les restructurations à répétition, se multiplient dans la littérature française. C’est un signe de vitalité et de lucidité. Dans ce courant de la description sociale et aussi sociologique s’inscrit le roman de Thomas Coppey, Potentiel du sinistre, d’ores et déjà très prometteur.

Chanard, le personnage principal du roman est ingénieur financier. Il est dynamique, professionnel, compétent dans sa spécialité ; il ne manque donc pas l’entretien d’embauche du Groupe. C’est ainsi que se nomme l’entreprise qui va l’employer, comme pour en souligner le caractère anonyme et substituable. Chanard est marié à Cécile qui travaille pour la Société, autre nom générique donné à son employeur. Les collègues présentés à Chanard dès sa prise de fonction correspondent grosso modo à des archétypes de comportements :

La chambre de Jacob, Virginia Woolf

Ecrit par Patryck Froissart , le Lundi, 04 Février 2013. , dans Roman, Les Livres, Recensions, La Une Livres, Iles britanniques, Folio (Gallimard)

La chambre de Jacob, Trad de l'anglais et présenté par Adolphe Haberer, 363 p. . Ecrivain(s): Virginia Woolf Edition: Folio (Gallimard)

 

Peut-on concevoir un roman sans histoire ?

C’est la question que pose cette œuvre de Virginia Woolf.

Il y a un personnage, Jacob, qu’on peut appeler principal, annoncé dans le titre, souvent absent dans le texte, et cependant omniprésent d’un bout à l’autre de la lecture.

Il y a un narrateur, ou une narratrice, qui sait tout de lui, mais qui n’en dit que ce qu’elle veut bien en dire.

Il y a un récit qui s’attache au personnage, qui ne fait surface que de façon épisodique, comme un sous-marin, sans que les épisodes s’en inscrivent dans une narration linéaire, logique, suivie.  Pour être plus précis, il y a des récits, des fragments de récits, où Jacob apparaît, pour un petit bout de chemin en compagnie du lecteur.

Les gens sont les gens, Stéphane Carlier

Ecrit par Guy Donikian , le Vendredi, 01 Février 2013. , dans Roman, Les Livres, Recensions, La Une Livres, Le Cherche-Midi

Les gens sont les gens, 160 pages, 7 février 2013, 13 € . Ecrivain(s): Stéphane Carlier Edition: Le Cherche-Midi

 

Les vies bifurquent parfois au hasard qui peut ne pas en être un. D’aucuns appellent cela une destinée, d’autres opteront pour une décision consciemment prise. En tout cas, il y a des moments dans nos vies qui offrent des opportunités qu’il faut savoir saisir, des moments dont on sait bien qu’ils offrent le moment à ne pas rater.

Nicole Rivadavia est psychanalyste, elle a 57 ans, elle vit à Paris. Son métier ne la satisfait plus. Elle s’ennuie pendant les séances quand il faut avoir une oreille attentive aux récits fantasques des uns et des autres, qui affirment avoir été enlevés par des extraterrestres, ou qui s’exhibent dans les allées d’une grande surface. Mais l’incident le plus révélateur est le reproche d’un de ses patients, s’être endormie.

Son couple ne va pas beaucoup mieux. Jean-Pierre, son mari, ne la touche plus depuis longtemps, et lorsque Nicole décide de rendre visite à Elisabeth Cucq, son ancienne voisine qui s’est installée dans un village du sud de la Bourgogne, il ne suspecte même pas une liaison amoureuse, c’est dire l’état du couple.

La chasse au renne de Sibérie, Julia Latynina

Ecrit par Grégoire Meschia , le Mardi, 29 Janvier 2013. , dans Roman, Les Livres, Recensions, Polars, La Une Livres, Russie, Babel (Actes Sud)

La Chasse au renne de Sibérie, trad. du russe Yves Gauthier. 2008, 665 pages, 11,50 € . Ecrivain(s): Julia Latynina Edition: Babel (Actes Sud)

 

 

Moins connue pour sa production littéraire que pour son journalisme politique, Julia Latynina s’intéresse tout particulièrement aux relations (souvent compliquées) entre crime et politique, entre économie et mafia. Quoi de mieux, pour parler de ces thèmes, que la Russie, pays fascinant et troublant s’il en est ? A travers l’histoire d’un combinat métallurgique de Sibérie qui trouve des implications jusqu’à Moscou, Latynina nous propose une description de la situation sociale en Russie, pays inégalitaire qui met en opposition les nouveaux riches du secteur de la banque et les pauvres prolétaires.

L’enjeu de cette intrigue majoritairement financière n’est pas réductible à une dénonciation politique du gouvernement de Poutine (l’instance politique est le grand absent du roman). Dans ce roman noir, on observe plutôt un empire en désintégration. Mais plus qu’aux aspects politiques et économiques (affaires bien souvent de spécialistes et Julia Latynina en est une), intéressons-nous prioritairement à des considérations littéraires.

Richard W., Vincent Borel

Ecrit par Anne Morin , le Lundi, 28 Janvier 2013. , dans Roman, Les Livres, Recensions, La Une Livres, La rentrée littéraire, Sabine Wespieser

Richard W., 308 pages, 22 € . Ecrivain(s): Vincent Borel Edition: Sabine Wespieser

 

Richard W, et non R. Wagner… le « parti pris », l’allure du roman sont posés : c’est autour de l’homme, par le côté familier de son prénom, de son « petit nom », que tout tourne. C’est l’intimité, presque la familiarité du personnage qui va donner le ton à ce roman, la petite histoire, la petite musique qui interagit avec le nom, connu, re-connu, qui met l’accent sur le côté méconnu du personnage Wagner. Comme si le nom n’était qu’un avatar, comme si le prénom lui donnait toute sa force, l’éclairant, le déviant, le montrant sous un jour différent, souvent sans doute l’exagérant.

Bon nombre des anecdotes de la vie de Richard Wagner émaillant le livre sont sinon imaginées, du moins étirées à l’extrême, mais servent de révélateur, de soubassement à l’exploration de la naissance de l’œuvre. Nées de l’interprétation de l’auteur, mélomane, musicien, prompt à faire réagir comme une composition chimique vie et œuvre, l’œuvre comme prolongement de l’homme ou, plus exactement, projection : « ici l’espace et le temps se confondent », ainsi que le dit Gurnemanz à Parsifal. Tout attend, se condense pour mieux éclater, se résoudre dans une envolée.