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Roman

De toutes les richesses, Stefano Benni

Ecrit par Stéphane Bret , le Vendredi, 22 Août 2014. , dans Roman, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Actes Sud, Italie

De toutes les richesses, Traduit de l'italien par Marguerite Pozzoli, juin 2014, 288 pages, 22 € . Ecrivain(s): Stefano Benni Edition: Actes Sud

Martin, un professeur d’âge avancé, est retraité dans un village des Apennins. Il y vit, pas à tout à fait seul car il s’entoure aussi à l’occasion d’animaux qui lui parlent, tel son chien. Il n’est pas un ermite intégral car il est resté en contact avec Remorus, artiste quelque peu cynique, assoiffé de gloire, de reconnaissance, et avec Voudstok, cultivateur de cannabis, nostalgique des années 60, dont l’auteur trace le portrait :

« Virgile, alias Voudstok, habite dans une maison rutilante de tags, à un kilomètre et demi d’ici. Pour lui, le temps s’est arrêté à l’époque du paléo-rock et de Woodstock. Il a le même âge que moi, mais il porte des jeans pattes d’éléphant ornés de dessin, des gilets en cuir, une longue queue de cheval de cheveux blanchâtres, et touche finale, un bandana sur le front ».

Désireux de prendre ses distances avec le milieu universitaire dont il est issu et dont il connaît tous les codes, Martin apprend par Voudstok qu’un jeune couple s’installe près de chez lui. Le compagnon, que Martin surnomme Le Torve, ne provoque guère de sympathie chez lui ; il n’en est pas de même pour Michelle qui réveille en lui des sentiments, des sensations, des désirs qu’il croyait ensevelis, classés dans ses archives affectives. Il revit, redécouvre, par l’échange et la conversation avec Michelle, des nouvelles potentialités. Ainsi précise-t-il à Michelle le sens de l’attente dans l’amour :

Rouge ou Mort, David Peace

Ecrit par Léon-Marc Levy , le Jeudi, 21 Août 2014. , dans Roman, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Iles britanniques, La rentrée littéraire, Rivages

Rouge ou mort (Red or Dead), traduit de l’anglais par Jean-Paul Gratias. 22 août 2014. 800 p. 24 € . Ecrivain(s): David Peace Edition: Rivages

 

« And you'll never walk alone...
You'll never walk alone. 
Walk on, walk on, with hope in your heart, 
And you'll never walk alone... 
You'll never walk alone. »*

 

Ce livre n’est pas un roman – bien qu’il soit romancé. Ce n’est pas non plus un récit historique, bien que tout y soit rigoureusement fondé sur la réalité vécue. Ce n’est pas enfin un grand poème, bien que la langue y soit l’objet d’un travail permanent de rythmique et de sonorités. Ce livre – ce grand livre – est une Messe solennelle, une suite de psaumes, un hymne sacré dédié au football. Au Liverpool Football Club. A son entraîneur historique Bill Shankly. A son public de supporters passionnés, les prolétaires de Liverpool. Ce livre est chanté à un million de voix pour la gloire éternelle des « Reds », les « rouges », ceux qui ne « marcheront jamais seuls »*.

La part des nuages, Thomas Vinau

Ecrit par Philippe Chauché , le Jeudi, 21 Août 2014. , dans Roman, Les Livres, Critiques, La Une Livres, La rentrée littéraire, Alma Editeur

La part des nuages, 21 août 2014, 16 € . Ecrivain(s): Thomas Vinau Edition: Alma Editeur

 

« La peur et la joie. Pile ou face. On vit toute une vie avec ça. La peur ou la joie. Etre une pièce. On tombe d’un côté ou de l’autre. On choisit, plus ou moins, de quel côté on tombe. La joie est le dos de la peur. Quand l’une s’éloigne, on distingue le sourire sur le visage de l’autre. On est les deux ».

Fantaisie de la littérature, apparition (ϕανταὓία) de l’art, ainsi naissent les romans et les poèmes de Thomas Vinau. Ecrivain du réel pris sous les éclats éblouissants de l’imaginaire, comme ces petites pièces que l’on fait tourner dans sa main, et qui une fois lancées à bonne hauteur, retombent et font jaillir en touchant le sol, des dizaines d’éclats romanesques, des aventures microscopiques. La part des nuages est l’apparition de Joseph et Noé, le père et le fils. Le détachement et la fuite dans les branches comme une fantaisie que le narrateur prend à la lettre : voici un cerisier, j’en fais ma cabane, une arche, comme Noé ses châteaux de sable. Fantaisie de la fiction, apparition d’une tortue vagabonde, d’une flutiste appliquée, d’un clochard qui chatouille de son rire les orteils du céleste, Altocumulus de tristesse, voyage au bout de la nuit nuageuse accompagné d’écrivains boussoles.

Le règne du vivant, Alice Ferney

Ecrit par Marc Ossorguine , le Mercredi, 20 Août 2014. , dans Roman, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Actes Sud, La rentrée littéraire

Le règne du vivant, 20 août 2014, 208 pages, 19 € . Ecrivain(s): Alice Ferney Edition: Actes Sud

 

Ce récit aurait pu commencer par « Appelez-moi Gérald », à l’image de l’ouverture du Moby Dick d’Herman Melville, « Appelez-moi Ismaël », tant le souvenir du capitaine Achab revient irrésistiblement au lecteur. Ce n’est pas seulement parce que le récit tourne autour des baleines et de leurs chasseurs, mais aussi par la puissance du personnage central du récit, le capitaine Magnus Wallace. Celui-ci est par contre un chasseur de chasseur qui navigue de par le monde pour harceler non les baleines, mais les industriels qui arment de gigantesques navires usines qui tuent les grands cétacés au mépris le plus total des accords internationaux, avec la plus totale passivité, quand ce n’est pas avec la complicité, des autorités nationales.

Gérald Asmussen est un journaliste norvégien qui fait le choix de suivre dans ses expéditions l’activiste écologiste radical qu’est le capitaine Wallace. Un capitaine militant qui dérange avec ses méthodes qui ressemblent beaucoup à celles adoptées par les activistes de Greenpeace : radicale mais fondamentalement non-violente, ou plutôt contraignant leurs adversaires à faire état de leur violence quotidienne.

Le compromis, Alain Frontier

Ecrit par Pierrette Epsztein , le Mercredi, 20 Août 2014. , dans Roman, Les Livres, Critiques, La Une Livres

Le compromis, éd. Sitaudis, mars 2014, 324 pages, 12,76 € . Ecrivain(s): Alain Frontier

 

Comme il est difficile de donner vie à ses mots épars, à ses idées fragmentaires ! Tout écrivain est confronté à une énigme lorsqu’il s’attelle à un nouveau projet. Il est poussé par une insatiable curiosité. Quelles sont les circonstances déclencheuses ? Quelle est l’impérieuse incitation qui embarque un auteur dans cette aventure ? Comment donner une forme à des faits de langage, imprimer un mouvement, assurer une présence par la force des mots et d’une construction qui fasse tenir l’édifice ?

C’est après la mort de son père, Gaston, né en 1908 et mort en 1983, qu’Alain Frontier décide de cheminer dans les méandres de son histoire. Un père, une énigme pour un fils adulte qui cherche, avec ténacité, à traquer tout ce qui lui a été caché, à percer un secret qui, subrepticement, pèse sur sa propre vie. Cette « traversée des apparences », comme la nomme Virginia Woolf, va l’obliger à un retour sur son histoire familiale et sur ses propres conflits intérieurs. Il se livre à une cérémonie des retrouvailles avec un personnage à l’identité multiple, à facettes, qu’il va tenter d’approcher à travers différents points de vue et à une cérémonie des adieux qui vont lui permettre de se séparer pour mieux se retrouver peut-être.