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Mercure de France

Le Mercure de France est à l'origine une revue française, fondée au xviie siècle sous le nom de Mercure Galant, et qui évoluera en plusieurs étapes, à travers divers rebondissements, pour devenir une maison d'édition au xxe siècle. (Groupe Gallimard)

Métamorphoses, migration, Adonis (par Nicolas Grenier)

Ecrit par Nicolas Grenier , le Mardi, 21 Janvier 2025. , dans Mercure de France, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Poésie

Métamorphoses, migration, Adonis, Mercure de France, octobre 2024, trad. arabe, Aymen Hacen, 176 pages, 20,50 € Edition: Mercure de France

 

Adonis, poète migrateur

Le poète syrien, Adonis, ouvre les portes de son royaume intérieur à l’Européen, à travers son Orient natal, ses traditions, ses mythes, ses légendes. Le recueil de poésie Le livre des métamorphoses et de la migration dans les contrées du jour et de la nuit, écrit entre 1961 et 1965, se découpe en quatre mouvements, à l’image de quatre points cardinaux, de la Fleur de l’alchimie aux Métamorphoses de l’amoureux. Dans ce voyage initiatique, chaque poème, en vers libre ou en prose, s’apparente à une escale :

 

Je devrais voyager dans le paradis des cendres

Parmi ses arbres secrets

Dans les cendres, les mythes, les diamants et la toison d’or

Prélude à son absence, Robin Josserand (par Patrick Abraham)

Ecrit par Patrick Abraham , le Vendredi, 12 Janvier 2024. , dans Mercure de France, Les Livres, Recensions, La Une Livres, Roman

Prélude à son absence, Robin Josserand, Mercure de France, août 2023, 167 pages, 17,50 € Edition: Mercure de France

 

« Voyeur, voyeuse : personne qui aime observer les choses, les gens ; personne qui se plaît à découvrir des choses cachées » ; « voyeurisme : comportement dans lequel se complaît le voyeur ».

Le narrateur de Prélude à son absence, premier roman de Robin Josserand, a trente ans. Il travaille comme bibliothécaire à Lyon et est (ou se prétend) écrivain. Il aperçoit un jour, assis près d’une pharmacie, un garçon d’une vingtaine d’années qui fait la manche. Il s’éprend de lui, lui paye l’hôtel, l’héberge, le finance, l’emmène en vacances à l’île de Groix, n’obtenant, en échange de son assiduité et de sa sollicitude, que de vagues étreintes et des demi-baisers monnayés.

Nous avons donc ici le récit d’une fascination – pour le corps du garçon, prénommé Sven avec opportunité, et aussi sans doute pour quelque chose de plus flou, de plus lointain, de moins défini, comme si le consentement de Sven, retardé et illusoire, devait annuler pour le narrateur, en les transfigurant, déceptions, manques, échecs antérieurs.

Le goût de la philosophie, Collectif, textes choisis et présentés par Lauren Malka (par Guy Donikian)

Ecrit par Guy Donikian , le Mardi, 22 Août 2023. , dans Mercure de France, Les Livres, Recensions, Essais, La Une Livres, Anthologie

Le goût de la philosophie, Collectif, textes choisis et présentés par Lauren Malka, Mercure de France, 2019, 123 pages, 8 € Edition: Mercure de France


Imaginez un banquet, pourquoi pas chez l’hôte Agathon, qui réunirait des philosophes comme Aristote, Montaigne, Spinoza et bien d’autres, à qui on demanderait pourquoi ils ont consacré leur vie à philosopher, et ce qui, dans cette façon d’interroger le vivant, leur a permis de mieux vivre, quitte d’ailleurs à en mourir, on n’est pas à un paradoxe près, et c’est bien tout l’intérêt de tous les questionnements auxquels ils se sont astreints, la Vérité est plurielle à n’en pas douter, et tous ont eu cette perspicacité, en interrogeant le vivant, à ne pas se laisser enfermer dans des propos doctrinaires, laissant ainsi la voix libre à tous les raisonnements, puisqu’il s’agit bien de rigueur aussi.

Les silences d’Alexandrie, Michèle Gazier (par Patrick Abraham)

Ecrit par Patrick Abraham , le Vendredi, 16 Juin 2023. , dans Mercure de France, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman

Les silences d’Alexandrie, Michèle Gazier, Mercure de France, mai 2023, 176 pages, 17,80 € Edition: Mercure de France

« L’écriture est cannibale. Je sais qu’un jour j’apparaîtrai dans un de vos romans et je détesterai l’image que vous donnerez de moi ».

Le tout récent roman de Michèle Gazier, Les silences d’Alexandrie, ne se déroule pas à Alexandrie mais à Montpellier, Paris et Marie-Galante avec un détour par l’Espagne et l’hiver canadien. On s’y promène peu dans la ville chère à Constantin Cavafy, à E.M. Forster, à Lawrence Durrell et à Alain Blottière (1). On ne découvre pas sa géographie intime. La narratrice n’y mettra jamais les pieds. Mais cette ville à la forte charge poétique comme Lisbonne, Prague ou Trieste, par l’origine supposée d’un des personnages et les énigmes qui l’entourent, est au cœur du récit et justifie son titre.

Comme dans les livres antérieurs de Michèle Gazier, il est question d’identité personnelle, de mémoire et de secrets de famille longtemps dissimulés ; il est question de transmission ; il est question du pouvoir salvateur et manipulateur des mots. Ecrire, c’est tenter d’ordonner le chaos du monde ; c’est entrer en conflit avec la loi commune faite d’oubli, d’indifférence, de vanité paresseuse ; c’est attirer le lecteur dans un piège, le compromettre, l’obliger à renoncer à son confort.

Le jardin sous la neige, Jean-Michel Maulpoix (par Philippe Leuckx)

Ecrit par Philippe Leuckx , le Vendredi, 19 Mai 2023. , dans Mercure de France, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Poésie

Le jardin sous la neige, Jean-Michel Maulpoix, Mercure de France, mars 2023, 128 pages, 16 € . Ecrivain(s): Jean-Michel Maulpoix Edition: Mercure de France

 

Lyrisme et mélancolie se retrouvent dans ce cinquantième livre de l’auteur, né en 1952 et souvent fêté. Dernière bourse Goncourt de la poésie, Maulpoix est assurément l’un de nos meilleurs poètes de langue française mais aussi un essayiste exigeant, fervent défenseur de Bonnefoy, Verlaine. On lui doit ainsi le brillant Les 100 mots de la poésie (PUF, 2018).

Les poèmes repris sous le titre de la neuvième et dernière partie du livre disent combien la saison morte abreuve de chagrin, de nostalgie, pour l’âge, pour la femme aimée. « A la saison froide » sert d’anaphore à ces textes qui disent le délitement, la perte, les regrets, la solitude.

En brèves proses, tout est suggéré, évoqué dans une langue fluide, ponctuée des tirets d’un dialogue de l’auteur avec soi, puisqu’il ne faut pas « se résigner à tituber » mais poursuivre l’écriture coûte que coûte. Bien sûr, il y a les auxiliaires du rêve, de l’imagination et du sommeil, afin que tout ne soit pas perdu.