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Mercure de France

Le Mercure de France est à l'origine une revue française, fondée au xviie siècle sous le nom de Mercure Galant, et qui évoluera en plusieurs étapes, à travers divers rebondissements, pour devenir une maison d'édition au xxe siècle. (Groupe Gallimard)

La foudre, Lydie Dattas (par Matthieu Gosztola)

Ecrit par Matthieu Gosztola , le Mercredi, 16 Mars 2011. , dans Mercure de France, Les Livres, Critiques, La Une Livres

La foudre, janvier 2011, 13 euros 50. (Et Anita J. Laulla, Cracheurs de feu, Les Arêtes, 20 €) . Ecrivain(s): Lydie Dattas Edition: Mercure de France

Lydie Dattas fait merveilleusement parler la réalité du Cirque, au sein duquel elle a évolué pendant longtemps, dans un langage où les mots s’entrechoquent, passant du plus cru au plus éthéré (« tout gueulait la volupté » écrit-elle par exemple, et cette phrase à elle seule donne une idée du style qui court tout au long de l’ouvrage), où les mots font la castagne, ne s’apprivoisant jamais dans l’élan euphonique d’une phrase. Ainsi, Lydie Dattas ne narre pas seulement par chapitres les événements qui l’ont fait pénétrer intimement ce monde si rude, mais elle retranscrit jusque dans son style même toute la beauté et toute la violence de ce monde d’hommes, ce monde des chapiteaux où elle s’est sentie heureuse et violentée, exclue et acceptée, défaite mais aussi charmée. Plus violentée qu’acceptée du reste. Mais elle s’est, aussi, et ça a toujours été là pour elle l’essentiel, sentie à l’extrême enlevée jusque dans le plus intime de son cœur par cette furie sublime, par tout cela qui ne criait que le prosaïsme le plus nu et qui, par un paradoxe qu’elle ne s’expliquait pas et qui était pour elle à lui seul la preuve de l’existence de Dieu, la renvoyait sans cesse au divin, à tout ce que le monde des lettrés, de la philosophie même n’avaient, n’auraient jamais pu lui offrir. Face à la réalité du monde du Cirque, les yeux de Lydie Dattas furent comme « fracassés », tant elle y voyait là « la proximité du paradis ».