Ce petit livre est une incroyable fournaise, celle qui brûle le cerveau, le corps, l’âme d’un écrivain enfoncé jusqu’au fond de l’Enfer dans sa création. La phrase que vous venez de lire n’est pas seulement une métaphore ; les feux de l’écriture ont réellement consumé Thomas Wolfe, mort à 38 ans de « tuberculose méningée », après 8 années d’une production folle de plusieurs millions de lignes d’écriture, dont ses deux éditeurs successifs, Maxwell Perkins et Edward Aswell, tirèrent 4 romans somptueux et quelques nouvelles.
Wolfe raconte l’incroyable aventure de son destin d’écrivain, à travers une sorte de « making of » de son premier roman* qui nous emmène dans le tourbillon de sa folie d’écriture. Car nous sommes au-delà de l’artisan/écrivain, celui dont se réclament bon nombre d’auteurs, y compris les plus prestigieux, comme Faulkner ou Flaubert. Non, nous touchons là à une forme délirante de scriptomanie. Tout – corps et âme – cesse d’être pour ne laisser place qu’à un déferlement, une cataracte impétueuse que rien – seule la mort – ne peut arrêter ou modérer. Toute vie, tout appétit, tout sommeil, sont suspendus à la création écrite.