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Les Livres

Un travail de lecture productive, Jean-Claude Annezer (par Marc Wetzel)

, le Mardi, 05 Novembre 2024. , dans Les Livres, Les Chroniques, La Une CED

Ce petit ensemble est, comme on va voir, un parfait autoportrait, pris sur le vif – sérieux mais réjouissant, facétieux mais profond – des années soixante-dix, de ces seventies à la fois cocasses, aventureuses et (philosophiquement) matérialistes, que les âgés – dont je suis – ont eu le privilège de traverser, et la chance d’en survivre.

Cocasses, les années soixante-dix l’étaient vraiment. Etrangement bouffonnes, oui, comme une parenthèse convaincue de ne jamais se fermer, un clown exhibant ses états de service, ou un poulet faisant le coq. Comment caractériser autrement cette époque où l’on pouvait applaudir et y avoir tout aussi passionnément aimé, se succédant sur scène, Hendrix et Cohen, ou Les Doors et Ten Years After (Wight, été 70, je l’atteste), la décennie inventant le Rubik’s Cube entre deux chocs pétroliers, ou déposant ici Salazar et Nixon, tout en investissant là Pinochet et Videla, ou voyant les punks faire s’effondrer le hippie dans le disco, ou comprenant soudain mieux sous L.S.D. l’étonnante découverte d’alors (par un submersible ad hoc) d’une vie sans soleil, associée aux sources hydrothermales des abysses etc., heureuse apesanteur d’un pouvoir imaginaire entre l’imagination sans pouvoir de mai 68 et le pouvoir sans imagination de mai 81 ?

La Lucarne, Jean Meckert (par Gilles Cervera)

Ecrit par Gilles Cervera , le Lundi, 04 Novembre 2024. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, Joelle Losfeld

La Lucarne, Jean Meckert, éditions Joëlle Losfeld, avril 2024, 246 pages, 16,70 € Edition: Joelle Losfeld

 

L’homme défait de Jean Meckert

Jean Meckert est cet auteur aux multiples vies dont cette dernière que les éditions Joëlle Losfeld ressuscitent livre après livre. Le neuvième à paraître sur une série de dix !

Connu sous le pseudo de Jean Amila, Meckert est mort en 1995. La Lucarne est un livre sombre, moins que Les Coups qui nous avaient tous saisis à leur re-sortie en 1993 grâce à Jean-Jacques Pauvert.

La Lucarne est écrite juste après-guerre et narre le juste avant. C’est, si l’on peut le dire ainsi, un livre plus idéalogique qu’idéologique. Nonobstant le climax de guerres sourdes qui sourdent, de nations qui se toisent, de ligues d’extrêmes droites triomphantes et de nazisme endémique, Édouard Gallois, le personnage central, enchante la paix, l’universel, bref le grandiose, l’iconoclaste. Le dérogeant dérange.

Le village secret, Susanna Harutyunyan (par Guy Donikian)

Ecrit par Guy Donikian , le Lundi, 04 Novembre 2024. , dans Les Livres, Recensions, La Une Livres, Pays de l'Est, Roman

Le village secret, Susanna Harutyunyan, Les Argonautes Éditeur, février 2024, trad. arménien, Nazik Melik Hacopian-Thierry, 218 pages, 22 €

 

C’est à un voyage hors du temps que nous sommes conviés à la lecture de ce texte, hors du temps puisqu’aucune date précise n’est donnée, mais daté cependant quand il a comme toile de fond, tout juste évoquée, le génocide de 1915 ou encore l’ère soviétique.

Un voyage hors du temps parce que Susanna Harutyunyan « conjugue les souffrances du peuple arménien avec la poésie de ses légendes ».

Le village secret est donc situé en Arménie, aux confins des montagnes, secret parce qu’il n’est connu de personne « à l’extérieur », secret parce que s’y réfugient ceux qui ont par miracle échappé aux tueries.

Griffes 13 (par Alain Faurieux)

Ecrit par Alain Faurieux , le Lundi, 04 Novembre 2024. , dans Les Livres, Les Chroniques, La Une CED

 

Jour de ressac, Maylis de Kerangal, Verticales, août 2024, 256 pages, 21 €

Jour de rabâchage pour Maylis (son nom est la meilleure chose du livre). Du polar transfiguré nous disent les critiques bavant d’admiration. Un mort au Havre (relié à la narratrice par un numéro de tel sur un ticket de cinéma), un retour vers le lieu du crime et de l’adolescence. Vers la jetée et la plage, la plage évoque les cailloux, les cailloux l’été 93 (ou 95, ou…), et ainsi de suite dirait Vonnegut. La narratrice regarde son passé… Pourquoi pas ? Malheureusement l’écriture est informe, on va d’un mot à l’autre, d’un registre à l’autre sans raison ou but ; à chaque ligne on s’énerve d’une tournure facile, d’une image ressassée, d’un vieil os resucé. On a constamment envie de barrer, corriger, annoter les erreurs et maladresses. Par exemple la présence du mot « jonction » :

La Lumière vacillante, Nino Haratischwili (par Patryck Froissart)

Ecrit par Patryck Froissart , le Vendredi, 18 Octobre 2024. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Langue allemande, Roman, Gallimard

La Lumière vacillante, Nino Haratischwili, Gallimard, Coll. du monde entier, septembre 2024, trad. allemand, Barbara Fontaine, 720 pages, 27,50 € Edition: Gallimard

 

Voici un roman fleuve qui n’est certainement pas un long fleuve tranquille.

Après La Huitième vie, une fresque de 1200 pages présentée dans notre magazine en octobre 2021, Nino Haratischwili récidive avec ce carrousel romanesque de plus de 700 pages, servi comme le précédent ouvrage par la remarquable traduction de Barbara Fontaine.

Le prétexte, ou le sous-texte, ou le texte-cadre, est une exposition posthume, à Bruxelles, en 2019, des photos réalisées tout au long de sa vie par la célèbre photographe géorgienne Dina, l’un des personnages de premier plan de ce roman à l’écriture prolifique. Parmi les visiteurs se retrouvent Keto, la narratrice, Ira et Nene, les trois amies indéfectibles, depuis l’école primaire, de la défunte artiste dont l’absence hante, lancinante, la mémoire des protagonistes.