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Les Livres

La fille verticale, Félicia Viti (par Patryck Froissart)

Ecrit par Patryck Froissart , le Mercredi, 18 Septembre 2024. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, Gallimard

La fille verticale, Félicia Viti, Gallimard, Coll. Blanche, août 2024, 112 pages, 15,50 € Edition: Gallimard

 

C’est l’histoire d’une passion amoureuse entre deux femmes, la narratrice et L. (Elle, tout simplement).

A priori, une intrigue en cours de banalisation dans la littérature contemporaine.

Ce roman court de Félicia Viti sort du lot. La relation entre les deux femmes est houleuse, faite d’une succession de querelles souvent triviales, de vraies et feintes ruptures, de réconciliations sensuellement torrides. L. disparaît, rejoint la faune nébuleuse des noctambules, fêtards, soûlards et drogués des quartiers interlopes de Paris, reparaît abruptement, s’impose, rompt à nouveau, fuyante, inconstante, ne supportant pas l’idée même de stabilité, de confort, ne tenant pas en place, sans cesse en mouvement, ce qui lui vaut cette appellation de « fille verticale ».

La vraie eau, Vladimir Martinovski (par Marc Wetzel)

Ecrit par Marc Wetzel , le Mercredi, 18 Septembre 2024. , dans Les Livres, Les Chroniques, La Une CED, Poésie

La vraie eau, Vladimir Martinovski, Jacques André éditeur, réédition juillet 2024, trad. macédonien, Jeanne Delcroix-Angelovski, 62 pages, 12 €

 

« Bloqué dans l’ascenseur

j’efface des SMS

Je pense à toi

Le portable a explosé

quand je te disais justement

le plus important

Panne d’électricité : nous

nous souvenons finalement

qu’existent les étoiles

 

L’Âge de l’innocence, Edith Wharton (par Guy Donikian)

Ecrit par Guy Donikian , le Mardi, 17 Septembre 2024. , dans Les Livres, Recensions, La Une Livres, USA, Roman, Les Belles Lettres

L’Âge de l’innocence, Edith Wharton, Les Belles Lettres, 2019, trad. anglais (Etats-Unis) Sarah Fosse, 453 pages, 15,50 € . Ecrivain(s): Edith Wharton Edition: Les Belles Lettres

 

C’est en 1920 que paraît ce roman qui obtient le Prix Pulitzer en 1921. L’autrice, Edith Wharton, entend répondre à son mentor, Henry James, qui lui enjoignait de dépeindre New York, avec ce roman qui se situe donc dans le New York de la seconde moitié du 19ème siècle.

C’est plus précisément au début des années 1870 que se situe le roman, dans le milieu très fermé de la bonne société new-yorkaise, milieu élitiste dans lequel l’étiquette a ses exigences auxquelles on ne saurait se soustraire. Tout y est codifié, s’agissant du langage, du vêtement (on se change pour le dîner…), du maintien corporel ou des interactions dans une société qui règle les parcours, qui ne tolère aucun écart quant aux codes en vigueur et où les unions ne sont pas nécessairement liées au transport amoureux.

Les lointains, Jean-Christophe Bellevaux (par Didier Ayres)

Ecrit par Didier Ayres , le Mardi, 17 Septembre 2024. , dans Les Livres, Les Chroniques, La Une CED, Poésie

Les lointains, Jean-Christophe Bellevaux, éditions Faï Fioc, 2023, 89 pages, 11 €

 

Proximité

J’ai de la joie et de la surprise en rédigeant cette chronique sur ce poète important qui vit dans la région Centre-Val de Loire, région mienne depuis maintenant un an. Parce que je me sens proche à la fois du style et de ce que contiennent ces poèmes. Une sorte d’écoute de soi, d’images qui hantent, de lieux de proximité, de confessionalisme, d’associationnisme. Avec en ligne de mire, guettant la liberté, une langue qui exprime cette disponibilité à la chose toujours nouvelle qu’est la vie. Peut-être est-ce pour moi un miroir, miroir tendu par la main du poète où je reconnais mes années 80 à Paris, la déroute brutale des années punk et la faillite sociale.

Cette poésie est bel et bien une double focale entre celle de l’auteur et celle des pages de l’écrivain, mitoyenneté du langage et de la chose vécue ou revécue.

Coups de griffes N°11 (par Alain Faurieux)

Ecrit par Alain Faurieux , le Lundi, 16 Septembre 2024. , dans Les Livres, Les Chroniques, La Une CED

 

L’enragé, Sorj Chalandon, Grasset, 2023, 407 pages, 22,50 €

Si vous voulez de la subtilité, allez voir ailleurs. L’enragé c’est un croisement de Détective et de Pif le chien. L’écriture rappelle ces journaux à sensation bien oubliés aujourd’hui, faut qu’ça aille vite, tape fort. L’enragé c’est une curiosité. Comme un de ces romans des 70s où l’auteur témoigne d’un vécu hors de l’ordinaire ; bagne, grand banditisme, voyage au Tibet, expériences hors du corps. Sauf que Chalandon ne nous parle pas de son expérience mais « recrée » la vie d’un évadé du bagne pour enfants de Belle-Isle. Sauf que Chalandon n’est pas Papillon. Alors c’est très touchant question bons sentiments, mais c’est tellement images d’Epinal qu’on étouffe un peu. Beaucoup. Les matons sont vicieux, les élites pourries, les communistes au grand cœur, les filles-mères à plaindre, les marins mouillés et les colons bastonnés. Et l’enragé se calme puis meurt. Et on croise Prévert.