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Les Livres

Transsibérien, Dominique Fernandez

Ecrit par Lionel Bedin , le Mardi, 03 Avril 2012. , dans Les Livres, Recensions, La Une Livres, Récits, Grasset

Transsibérien. Photos de Ferrante Ferranti. 01/21012. 304 p. 21,50 € . Ecrivain(s): Dominique Fernandez Edition: Grasset


C’est en mai 2010 qu’une vingtaine d’écrivains, journalistes et photographes, embarquent à bord du Transsibérien, pour un voyage culturel franco-russe. Transsibérien est le récit que rapporte Dominique Fernandez, l’un des écrivains invités, illustrés par les photographies de Ferrante Ferranti. (Les deux hommes ont déjà travaillé et écrit des livres ensemble.)


Les joies du voyage en Sibérie


Départ : Moscou. En quelques années la place Rouge a changé. Ce qui se remarque le plus n’est pas le Kremlin mais le fameux Goum, ce magasin du peuple, devenu aujourd’hui une galerie de « boutiques de luxe à la façade étincelante, cavernes d’Ali Baba inaccessibles à qui n’est pas un nouveau Russe. » L’auteur constate que les Russes sont passés « d’un despotisme sanglant à un capitalisme agressif. » Est-ce un progrès ? Pour qui ? Cette question se posera plusieurs fois tout au long du voyage.

Twisted Tree, Kent Meyers

Ecrit par Yann Suty , le Vendredi, 30 Mars 2012. , dans Les Livres, Recensions, La Une Livres, USA, Roman, Gallmeister

Twisted Tree Traduit de l’américain par Laura Derajinski. 02/2012 – 322 pages, 23,80 € . Ecrivain(s): Kent Meyers Edition: Gallmeister


Un tueur rôde sur l’autoroute I-90, près de la petite ville de Twisted Tree, dans le Dakota du Sud. Ses proies : les jeunes filles anorexiques. Ce livre est-il encore une histoire de tueur en série ? Encore un tueur en série américain comme il en pullule dans nombre de romans, de séries, de films ? Petite originalité ici, l’action prend place dans le Dakota du Sud, c’est-à-dire au milieu des grands espaces, des paysages magnifiques, à perte de vue, des terres non colonisés par l’homme, où la nature a encore tous ses droits.

Mais Twisted Tree ne va pas du tout là où on l’attend. Ce livre n’est pas une enquête, avec police, indice, suspect, pour remonter la trace du meurtrier. Les amateurs de polar en seront sans doute pour leur frais. Non, ce livre n’est pas un livre sur un tueur en série.

Le premier chapitre met en scène le tueur. Il cède ensuite la place, et la parole, à un autre personnage. Et cet autre cédera la parole à quelqu’un d’autre. Et ainsi de suite. Au total, douze personnages se succéderont. Chaque intervenant est un habitant de cette petite communauté de Twisted Tree, et va être confronté de près ou de loin, ou pas du tout, ou très indirectement, aux meurtres de l’autoroute.

Seigneur ermite, L'intégrale des haïkus, Bashô

Ecrit par Cathy Garcia , le Jeudi, 29 Mars 2012. , dans Les Livres, Livres décortiqués, La Une Livres, Poésie, La Table Ronde, Japon

Seigneur ermite, L’intégrale des haïkus, Edition bilingue par Makoto Kemmoku & Dominique Chipot. mars 2012, 480 p. 25 € . Ecrivain(s): Bashô Edition: La Table Ronde

 

Quel bel objet déjà ! Un écrin à la hauteur du contenu, la couverture est  d’un vert qui fait aussitôt penser au jade, ce même vert se retrouve à l’intérieur pour le texte en version japonaise. Ce livre, dédié aux victimes  et sinistrés du grand tremblement de terre du Tōhoku, région que Bashō a visité lors de ses voyages, s’ouvre sur une note concernant la traduction. Elle commence ainsi, ce qui résume bien le propos : Traduire c’est trahir, et expose les difficultés auxquelles ont été confrontés les traducteurs et donc leurs partis-pris.

Ensuite, une introduction aborde en un tour rapide mais instructif l’histoire de la poésie japonaise, suivie d’une biographie détaillée de Bashō, illustrée par quelques haïkus. Indispensable pour la compréhension de son œuvre. Nous entrons alors dans la chair même de l’ouvrage : l’intégrale des haïkus du maître en la matière, souvent précédés par des avant-propos de Bashō lui-même, classés par ordre chronologique.

Le premier est daté de 1663 :

Baby Leg, Brian Evenson

Ecrit par Yann Suty , le Mercredi, 28 Mars 2012. , dans Les Livres, Recensions, La Une Livres, USA, Roman, Le Cherche-Midi

Baby Leg (Baby Leg), traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Héloïse Esquié, 2012, 100 p.12,80 € . Ecrivain(s): Brian Evenson Edition: Le Cherche-Midi

 

Un mutilé dans un livre de Brian Evenson ? Voilà un programme réjouissant en perspective pour ceux qui ont lu et apprécié l’un des précédents livres de l’auteur, La confrérie des mutilés.

Kraus se réveille dans une cabane, amputé d’une main. Il est amnésique, il n’a aucune idée de comment il s’est retrouvé là. Nuit après nuit, il fait un même rêve, celui d’une femme qui a une jambe normale et une jambe de bébé, et qui se promène avec une hache. Cette femme s’appelle « Baby Leg ».

Kraus a peur de s’éloigner de la cabane car il soupçonne qu’« ils » attendent patiemment qu’il sorte pour mieux lui tomber dessus. Mais il faudra bien qu’il se décide, et rapidement, car ses réserves de nourriture s’amenuisent…

Il arrive dans une ville voisine où il découvre le portrait d’un individu recherché qui lui ressemble plus qu’étrangement, sur la façade d’une épicerie. La vendeuse a un comportement suspect. Une bagarre éclate. Bientôt, Kraus se retrouve poursuivi par des hommes travaillant pour le compte d’un certain docteur Varner…

Babel nuit, Philippe Garnier

Ecrit par Anne Morin , le Lundi, 26 Mars 2012. , dans Les Livres, Recensions, La Une Livres, Roman, Verticales

Babel Nuit, 136 pages, 15,90 €, mars 2012 . Ecrivain(s): Philippe Garnier Edition: Verticales

Jeu de mots, jeux de maux, Philippe Garnier s’amuse à nous promener autour d’un rapprochement : Babel qui a donné le mot babil, provenant d’une onomatopée, et par dérivation, le langage d’expression du tout-petit : « tu as perdu ta langue ? »…

Composer, recomposer, partir d’un centre, former un cercle… ne sommes-nous pas tous autant que nous sommes, les habitants de la planète, des électrons libres en interférence, en éternel déplacement ? Tel est le personnage de cette fiction. Les frontières s’ouvrent et les langues retrouvent -recouvrent- la parole, allusion à Babel, cette entreprise, cet impossible élan à mettre ses forces en commun avec celles des autres, prétendre s’élever pour retomber, éclatés, épars, dépareillés.

Nuit du langage, tunnel de la naissance et de la mort dont les allusions fourmillent dans le livre -tuyaux de chantier, long tube du scanner-, et la quête de ce qui a été perdu : le narrateur n’a jamais entendu ses parents : « je n’ai jamais su si mes parents comprenaient ce que j’essayais de leur dire. Je mélangeais des mots appris dans la rue avec des sons éclos spécialement pour eux dans l’appartement, des sons qui changeaient d’un jour à l’autre et que j’ai peu à peu oubliés. Ils devaient en déchiffrer la plus grande part, puisque mes besoins de base étaient couverts » (p.12). Pourtant, la communication se fait entre l’intérieur (le foyer) et l’extérieur (la rue, l’école, les lieux de travail, de communauté).