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Critiques

Tout ce qui fait BOUM, Kiko Amat

Ecrit par Marc Ossorguine , le Jeudi, 10 Septembre 2015. , dans Critiques, Les Livres, La Une Livres, Roman, Espagne, Asphalte éditions

Tout ce qui fait BOUM (Cosas que hacen BUM), mai 2015, traduit de l’espagnol par Margot Nguyen Béraud, 296 pages, 22 € . Ecrivain(s): Kiko Amat Edition: Asphalte éditions

Drôle de type que Pànic Orfila. S’il n’y avait que son nom pas ordinaire. Lui non-plus n’est pas ordinaire, même, surtout, s’il est en pleine recherche d’il ne sait trop quoi dans une adolescence qui n’arrive pas à finir. Devenu orphelin à 8 ans et alors élevé par la grande tante Angels, passablement allumée mais très maternelle, il a étudié dans les livres qu’elle avait à la maison. Rien que de la subversion de première bourre : anarchistes, situationnistes… La grande référence de son éducation, c’est Stirner. Max Stirner. L’unique et sa propriété. La mythique référence de l’anarchisme. Il a aussi bien retenu quelques devises que la grande tante lui rappelle à l’occasion entre deux expéditions activistes et subversives : « bouge ton esprit et tes fesses le suivront » ou « ne les laisse pas te transformer en fourmi ouvrière ».

Entre recherche de l’amour idéal (nécessaire pour atteindre le 9e niveau), éthique de la masturbation et recherche d’identité, Pànic débarque pour une nouvelle vie à Barcelone, en principe, mais vraiment en principe, pour suivre des cours de philologie à la fac. Hébergé par une « fausse tante », Lola, il va vite apprendre à vivre d’autres vies. Une autre vie surtout, où son personnage va devoir apprendre à évoluer et se transformer, en commençant par changer de look puis en apprenant à se contenter de ce qui se présente, de ce qu’on veut bien lui lâcher.

Considérations sur l’Etat des Beaux-Arts, Jean Clair

Ecrit par Didier Smal , le Jeudi, 10 Septembre 2015. , dans Critiques, Les Livres, Essais, La Une Livres, Folio (Gallimard)

Considérations sur l’Etat des Beaux-Arts, juin 2015, 204 pages, 6,40 € . Ecrivain(s): Jean Clair Edition: Folio (Gallimard)

 

Dès sa parution en 1983, cet essai de Jean Clair (1940) fit l’effet d’une petite bombe : ces Considérations sur l’Etat des Beaux-Arts se voulaient en effet une « Critique de la Modernité » comme l’indiquait leur sous-titre, et allaient poser leur auteur en chef de file de ceux que l’art contemporain laissait au mieux indifférents, rendait au pire virulents, Jean-Philippe Domecq et Aude de Kerros en tête. Trente-deux ans après sa première publication, cette critique de la modernité artistique connaît enfin une édition de poche, la rendant ainsi accessible au plus grand nombre – ce qu’elle est, ou presque, par son style (parfois l’une ou l’autre expression en allemand ou en italien, heureusement traduite, semble quelque peu affectée). D’ailleurs, on peut admirer à quel point est accessible et compréhensible l’image de couverture, une parodie du Balloon Dog de Jef Koons, ou plutôt la baudruche de fête foraine dont s’est inpiré l’artiste de Wall Street, entourée de dangereuses punaises : qui s’y frotte, s’y pique, et que se dégonflent littéralement les baudruches (de toute façon, Koons lui-même s’est dégonflé, puisque cette parodie est due à son refus de la reproduction de Balloon Dog en couverture de ces Considérations…, comme s’il savait à quel point sa « sculpture » ne pourrait qu’être dépréciée par tout lecteur du présent essai, et tant pis si elle s’est vendue cinquante-huit millions de dollars).

Cigogne, Jean-Luc A. d’Asciano

Ecrit par Cathy Garcia , le Jeudi, 10 Septembre 2015. , dans Critiques, Les Livres, La Une Livres, Nouvelles, Serge Safran éditeur

Cigogne, mars 2015, 184 pages, 16,90 € . Ecrivain(s): Jean-Luc A. d’Asciano Edition: Serge Safran éditeur

 

C’est un véritable et déconcertant régal que nous sert ici Jean-Luc d’Asciano, en sept nouvelles, ciselées comme des joyaux rares, sept nouvelles étranges, dérangeantes, on en frissonne souvent. C’est beau et puis noir et mystérieux comme un lac profond. On navigue entre portraits de personnages atypiques, réalité sociale et contes initiatiques forcément un peu cruels, et drôles aussi. L’enfance y est très présente avec tout son potentiel de création et de destruction et puis des animaux, beaucoup d’animaux. En fait, c’est difficile à classer car c’est vraiment très original, l’auteur nous embarque dans un imaginaire d’une très grande richesse et on comprend tout de même que c’est le réel qui a servi de matériel de base, le réel comme une vase épaisse où puiser des choses qui paraissent si invraisemblables qu’elles sont forcément vraies. Il y est question des folies de chacun, des différences qui font que chaque humain est un continent à lui tout seul et de l’acceptation aussi, de la force du lien et de l’amour.

2084 La fin du monde, Boualem Sansal

Ecrit par Stéphane Bret , le Mercredi, 09 Septembre 2015. , dans Critiques, Les Livres, La Une Livres, Roman, Maghreb, Gallimard, La rentrée littéraire

2084 La fin du monde, août 2015, 274 pages, 19,50 € . Ecrivain(s): Boualem Sansal Edition: Gallimard

 

2084 La fin du monde est un pamphlet, un récit utilisant la trame romanesque et les rebondissements d’un conte pour éclairer le lecteur et le mettre face à des vérités désagréables et bien dérangeantes : par exemple, celle qui est énoncée en exergue du roman : « La religion fait peut-être aimer Dieu mais rien n’est plus fort qu’elle pour faire détester l’homme et haïr l’humanité ».

Le roman a pour cadre l’Abistan, un immense empire conquis autrefois sur les infidèles, les ennemis de la Foi. Le système de cette contrée repose sur la soumission à un dieu unique, Yölah, dont le prophète, Abi, est le délégué sur terre. Toute idée personnelle, toute pensée originale ou manifestant le moindre commencement de déviance y est bannie. L’écriture révérée est le Gkabul, dont les habitants de cet empire doivent s’imprégner sans cesse, le psalmodier à de nombreuses reprises dans la journée dans les mockbas, lieux de culte. Cet environnement doit rappeler quelque chose aux lecteurs contemporains, mais Boualem Sansal dans sa préface nous avertit avec force humour et ironie : toute ressemblance avec une réalité existante est fortuite, le récit se déroulant dans un futur lointain naturellement sans rapport avec l’actualité.

Langage et langue de la poésie française contemporaine, Giovanni Dotoli

Ecrit par Patryck Froissart , le Mercredi, 09 Septembre 2015. , dans Critiques, Les Livres, Essais, La Une Livres, Hermann

Langage et langue de la poésie française contemporaine, janvier 2015, 335 pages, 30 € . Ecrivain(s): Giovanni Dotoli Edition: Hermann

Qu’est-ce que la poésie ?

Comment définir la spécificité du langage poétique ? Où se situe et comment se manifeste, parmi les diverses fonctions de la langue, la fonction poétique de la langue ? Qu’est-ce qui oppose et qu’est-ce qui unit la poésie française contemporaine et la poésie française classique ?

Giovanni Dotoli, universitaire, critique et poète italien, brillant francophone, parfait connaisseur de l’art poétique français et de son histoire, fouille et trifouille en ce riche ouvrage les œuvres de poètes de tous horizons qui ont choisi notre langue pour en faire leur langage poétique.

Fondant sa réflexion sur l’étude d’un corpus impressionnant d’extraits de poèmes et de professions de foi poétique formulées dans l’espace et le temps de la poésie francophone par un vaste panel de poètes, Dotoli aligne et confronte les multiples fonctions du langage poétique et les représentations innombrables du fait poétique qui s’en dégagent, soit affirmées et revendiquées explicitement par les auteurs francophones de toutes époques, soit exprimées de façon plus ou moins subliminale dans l’œuvre même de nos poètes.