Et quand tu écriras, Sylvie-E. Saliceti
Et quand tu écriras, éd. La Porte, 2015, 15 pages
Ecrivain(s): Sylvie-E. Saliceti
Et quand tu écriras, livret d’une quinzaine de pages paru au 2e trimestre 2015 aux Éditions La Porte et dont l’auteur est Sylvie-E. Saliceti, est un long poème « écrit en suite d’un beau jour » de mai, composé de vers libres sur le seuil d’une écriture sensible à l’écoute du temps – un temps qui se recueille – et qui regarde sans se regarder, sobre et dense, jamais complaisante.
Nous ne sommes pas ici dans le monde d’un énième Narcisse (Et quand tu écriras, ne regarde pas / ce que tu écris, pense au soleil / qui brûle sans voir, conseille Gonzalo Rojas cité en exergue du poème) ni chez Orphée, puisqu’il ne s’agit pas de se regarder écrire le monde autour de soi, ni de se retourner vers un passé enfui, mais de se laisser porter par la spontanéité de l’instant (Et quand tu écriras ne regarde pas le temps) et de laisser venir à soi « l’abandon » et de regarder : se lever et s’arrêter à la nuit le temps, le soleil, « la durée des choses », le ciel, les visages effacés, la lumière déclinante, dans « un livre d’exil et de retour » rythmé par le temps d’une écriture lézardée mais aussi, pleine d’étoiles.
L’écriture poétique de Sylvie-E. Saliceti s’ouvre sur le seuil de portes mystérieuses dont les différentes pièces constituent le puzzle d’une vie se recueillant à la table d’écriture et déclinent une luminosité aux embrasures de fenêtres ouvertes sur des figures légendaires (l’enfance, le passé, le siècle,…) et/ou mi-fabuleuses mi-réelles qui font entendre battre les veines d’une poésie spirituelle, présente, hautement temporelle.
« cette nuit j’ai vu marcher le temps comme s’il était un homme
le temps comme s’il était vivant avait blanchi ma vue
– sais-tu ce que j’ai fait ? –
je l’ai remis entre deux gardes Ce siècle noir
fait mien – barricadé derrière
la porte – il est à présent
le plus pur prisonnier des nuages et il s’appelle
la foudre
il existe une cérémonie pour l’enterrer
tu le reconnaîtras cet ermite entre les grains du papier ».
Murielle Compère-Demarcy
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