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Critiques

Comprendre l’inclusion scolaire, Julien Fumey, Annick Ventoso-y-Font

Ecrit par Matthieu Gosztola , le Vendredi, 01 Septembre 2017. , dans Critiques, Les Livres, Essais, La Une Livres

Comprendre l’inclusion scolaire, Julien Fumey, Annick Ventoso-y-Font, Canopé éditions, coll. Éclairer, 2016, 128 pages, 9,90 €

 

Ouvrage essentiel, pour tout enseignant. Et, par voie de conséquence, pour tout parent attentif à l’enseignement au sein duquel se meut son enfant.

Ouvrage indispensable. Car ouvrage prenant en compte, de lumineuse manière (avec une clarté qui laisse à l’intelligence toute sa place), la question – peut-être – centrale de tout enseignement, à savoir celle de l’inclusion.

Un enseignant ne peut que donner corps, à sa manière, à une pratique de la pédagogie différenciée, « [l]’approche par compétences inclu[ant] nécessairement la différenciation pédagogique » [1] ; « [c]haque enfant arrive différent : il porte avec lui ses besoins, ses soucis, ses préoccupations. Comment tenir compte de cette diversité et mener quand même toute la classe vers des savoirs partagés ? » [2].

Anthologie bilingue de la poésie créole haïtienne de 1986 à nos jours

Ecrit par Marc Ossorguine , le Vendredi, 01 Septembre 2017. , dans Critiques, Les Livres, La Une Livres, Poésie, Actes Sud

Anthologie bilingue de la poésie créole haïtienne de 1986 à nos jours, édition établie par Chalmers, Chantal Kénol, Jean-Laurent Lhéris, 192 pages, 22 € Edition: Actes Sud

 

Haïti terre francophone ? Pour les élites peut-être. Sûrement même. Mais Haïti terre créole. D’abord, sans doute. La langue d’un pays ne saurait être seulement celle de son colonisateur, de quelque langue qu’il fût. Cette anthologie bilingue est donc double découverte pour nous, lecteurs francophones ignorants de la créativité créole : celle d’un langage et celle d’une langue.

Langage de la poésie qui résiste à toutes les catastrophes, à toutes les ignominies, qui sait gronder, rire, bercer, pleurer, aimer, admirer, accuser et plus encore. Sans doute pourrait-on dire cela de beaucoup de poésie, de beaucoup de poètes. Oui, sans doute, sauf qu’ici il semble que chacun soit poète en cette île étonnante. Le poète et romancier Makenzy Orcel nous le confirmait lors d’une rencontre, en Haïti, tout le monde peut écrire de la poésie, et la publier, généralement de qualité. Tout le monde ne fera pas carrière dans le monde des lettres, mais chacune, chacun peut s’y essayer. En créole ou en français.

Vera, Karl Geary

Ecrit par Léon-Marc Levy , le Jeudi, 31 Août 2017. , dans Critiques, Les Livres, La Une Livres, USA, Iles britanniques, Roman, La rentrée littéraire, Rivages

Vera (Montpelier Parade), 30 août 2017, trad. anglais (Irlande/USA) Céline Leroy, 254 pages, 21,50 € . Ecrivain(s): Karl Geary Edition: Rivages

 

Un livre débordant d’amour, délicat, touchant sans une once de pathos, est un objet rare en littérature. C’est avec un talent exceptionnel et un humanisme sans fond que Karl Geary vient occuper cet espace avec ce roman superbe qui laisse le cœur du lecteur tourneboulé.

Sonny est un jeune garçon né dans une famille très pauvre de Dublin. Il va au lycée et donne des coups de main dans une boucherie le soir et le samedi, ou à son père, maçon, à l’occasion. Geary nous emmène, avec force et conviction, dans un univers à la Ken Loach. La brutalité fruste des relations familiales, les difficultés de la vie, n’empêchent pas un amour profond pour la mère, distante mais aimante, pour le père surtout, géant taiseux qui ne peut cacher, malgré sa pudeur, son affection paternelle. On est là au cœur de ce roman : ce n’est pas l’amour qui manque mais le pouvoir, le courage, l’envie de le dire, de le mettre en mots, de l’annoncer à l’autre. L’amitié de Sonny avec Sharon, petite jeune fille délurée, solitaire, écorchée vive, est le sommet de cette impossibilité de dire l’amour, comme s’il s’agissait d’une faute inexpiable que d’aimer.

La ville aux maisons qui penchent, Suites nantaises, Marie-Hélène Prouteau

Ecrit par Philippe Leuckx , le Jeudi, 31 Août 2017. , dans Critiques, Les Livres, La Une Livres, Nouvelles

La ville aux maisons qui penchent, Suites nantaises, La Chambre d’échos, juin 2017, 86 pages, 12 € . Ecrivain(s): Marie-Hélène Prouteau

 

Nantes. La ville toute bâtie de « tuffeau ». Nantes, la grande « négrière ». Celle de « Lola » de Demy, avec la très belle Anouk Aimée. L’étrange Nantes des « maisons de guingois »…

Autant de titres pour cette balade nantaise, vingt textes en hommage à la ville et à ceux qui firent ou font d’elle une cité féconde.

Au fil de ces évocations – récits ordinaires, rencontres artistiques ou humaines, le grain d’émotion enfle et atteint de belles encres nostalgiques : la vieille Maghrébine Lalla ; les amis tchèques de la Charte 77, morts tous deux, au prénom identique (Karel), Pecka et Bartosek ; le Turner engagé des « Esclaves jetant par-dessus bord les morts… », écho de cette ville jadis esclavagiste ; l’auteur recrée « Moderato Cantabile », et Libertaire Rutigliano, héros de vingt ans, meurt de tuberculose en mai 1945.

Ork, Jacques Cauda

Ecrit par Jean-Paul Gavard-Perret , le Jeudi, 31 Août 2017. , dans Critiques, Les Livres, La Une Livres, Roman

Ork, La P’tite Hélène éditions, juillet 2017, 128 pages, 13 € . Ecrivain(s): Jacques Cauda

 

 

Jacques Cauda : ribouldingue de pétochards

Dès le début du roman de Cauda, le lecteur comprend où il pénètre : « La porte bâillait comme les cuisses d’une femme ouvertes au plaisir ». Il est à noter au passage la précision syntaxique : la brèche libidinale anime les membres plus que le personnage lui-même. Et tout est donc notable dans le livre sauf ses héros : les mâles, si l’on en croit l’incipit de Lacan, sont victimes de « l’élision du phallus ». Quant aux blondes en tailleur chic, à Madame Aubain – dont le sexe semble sage « au fond d’une robe pure » avant que sa jupe se retrousse jusqu’au slip – et bien d’autres, deviennent – entre Deauville et Trouville la bien nommée – tétons ou victimes d’une enquête filée dans un fourre-tout qui n’a rien d’étouffe chrétiens – les morts étant plus saignantes et tartares.