La ville aux maisons qui penchent, Suites nantaises, Marie-Hélène Prouteau
La ville aux maisons qui penchent, Suites nantaises, La Chambre d’échos, juin 2017, 86 pages, 12 €
Ecrivain(s): Marie-Hélène Prouteau
Nantes. La ville toute bâtie de « tuffeau ». Nantes, la grande « négrière ». Celle de « Lola » de Demy, avec la très belle Anouk Aimée. L’étrange Nantes des « maisons de guingois »…
Autant de titres pour cette balade nantaise, vingt textes en hommage à la ville et à ceux qui firent ou font d’elle une cité féconde.
Au fil de ces évocations – récits ordinaires, rencontres artistiques ou humaines, le grain d’émotion enfle et atteint de belles encres nostalgiques : la vieille Maghrébine Lalla ; les amis tchèques de la Charte 77, morts tous deux, au prénom identique (Karel), Pecka et Bartosek ; le Turner engagé des « Esclaves jetant par-dessus bord les morts… », écho de cette ville jadis esclavagiste ; l’auteur recrée « Moderato Cantabile », et Libertaire Rutigliano, héros de vingt ans, meurt de tuberculose en mai 1945.
Nantes, riche de souvenirs, de pierres, a eu ses personnalités quasi anonymes, cette Dame Keravec, dont les quatre fils furent tués durant la 1ère guerre mondiale.
Le dernier texte, Et les rêves prendront leur revanche, assez symbolique de tout un imaginaire d’écrivains, foule des terres en friche, proches des univers de Dhôtel et Hardellet, jardins oubliés au milieu des carcasses d’usine désaffectée, une zone à la Stalker, qui attise l’imaginaire et ouvre des pans entiers d’écriture à venir.
Marie-Hélène Prouteau signe là un beau livre ; elle qui repère au plus juste, dans une écriture sobre et modérément poétique, les réalités visibles, invisibles ou simplement cachées par l’usage, d’une ville à la beauté diverse.
Philippe Leuckx
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