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Critiques

Lola, Melissa Scrivner-Love (par Christelle d'Hérart-Brocard)

, le Lundi, 04 Février 2019. , dans Critiques, Les Livres, La Une Livres, Roman, Seuil

Lola, octobre 2018, trad. Karine Lalechère, 336 pages, 21 € . Ecrivain(s): Melissa Scrivner-Love Edition: Seuil

 

A Los Angeles, dans le quartier sordide d’Huntington Park, Lola fait profil bas devant la bande de gros durs à cuire que sont les Crenshaw Six. Sa qualité de petite amie du chef lui assure un certain statut, dérisoire toutefois en raison de son sexe, mais aussi et surtout une position on ne peut plus stratégique au cœur des magouilles organisées par le gang : véritable fouine, Lola voit tout, Lola sait tout, Lola bénéficie de l’invisibilité que lui confère le sexe faible dans un monde totalement gouverné par la force virile. Lorsque El Coleccionistale Collecteur, fait irruption dans sa piètre « garden-party », organisée pour entretenir les rapports de bon voisinage, et demande à parler à Garcia, l’atmosphère, qui n’était déjà pas tout à fait bon enfant, s’alourdit sérieusement : les femmes s’éclipsent, les hommes gonflent le torse et se parent de leur masque de gravité. L’heure est à la discussion entre mâles. Lola flaire le gros coup. Malgré la peur de commettre une erreur et de se faire démasquer, elle ne se démonte pas et revêt habilement son costume de faire-valoir inoffensif. Transparente et docile, elle propose et distribue cafés et biscuits, sans toutefois perdre une once de ce qui se joue à huis clos dans la buanderie, là où se sont retranchées les têtes pensantes.

Les Origines Sportives du Cinéma, Georges Demenÿ (par Jean Durry)

Ecrit par Jean Durry , le Lundi, 04 Février 2019. , dans Critiques, Les Livres, La Une Livres, Arts, Histoire

Les Origines Sportives du Cinéma, Somogy Editions d’Art, INSEP, 2017, 240 pages, 35 € . Ecrivain(s): Georges Demenÿ

 

De haut niveau.

L’intérêt des Editions Art Somogy pour le thème du sport, manifesté par exemple dès 1996 avec l’édition de L’affiche de sport dans le monde, de François et Serge Laget, s’exprime ici de la façon la plus pertinente. Une maquette impeccable soutient un texte aussi nourri que précis.

L’équilibre noir et blanc d’une mise en page esthétique met en valeur la qualité exceptionnelle des documents réunis. En hommage à André Drevon et à son travail pionnier des années 1990 ainsi qu’à Pierre Simonet, fondateur de l’iconothèque de l’INSEP – Institut National du Sport, de l’Expertise et de la Performance –, sont donc resitués la trajectoire et l’apport de Georges Demenÿ – fin visage, lorgnons, moustache et barbiche. L’équipe conduite par Patrick Diquet, s’appuyant sur la restitution des images menée de longue haleine par Stéphane Dabrowski, ainsi que sur les recherches de Christophe Meunier pour la préparation du présent ouvrage, s’est de propos délibéré inscrite dans les pas et le sillage de Drevon, reprenant volontairement les jalons qu’il a posés et le titre même donné en 1994 au film qu’il avait consacré à Demenÿ.

Méandres et Néant, Stéphane Sangral (par Claire-Neige Jaunet)

Ecrit par Claire-Neige Jaunet , le Lundi, 04 Février 2019. , dans Critiques, Les Livres, La Une Livres, Poésie, Editions Galilée

Méandres et Néant . Ecrivain(s): Stéphane Sangral Edition: Editions Galilée

 

Méandres, néant : deux territoires où l’on se perd également, l’un par excès de formes, l’autre par défaut. Cette opposition n’est qu’une apparence. Stéphane Sangral visite ces deux territoires, les traverse, passe de l’un à l’autre, et les relie sans que demeure visible une frontière. Où est le trop, où est le rien ?… Les mots pour le dire recourent à l’image, pas seulement poétique, mais typographique, et graphique. Pour ouvrir et clore le recueil, une même illustration (de l’auteur) se glisse dans le texte, qui peut se lire diversement : un ciel d’un noir d’encre constellé de nuages qui sont des amas de chiffres, ou bien une page blanche couverte de chiffres dévorée par l’extension du noir – du néant. Deux regards possibles, pour deux forces en présence. A l’un la « nuit éparpillée d’étoiles », le royaume « où chacun est le centre », où « mon esprit se déplie et s’infinise » et peut « voir dans les plis du vent »… A l’autre la puissance « vorace » du temps, le labyrinthe du moi perdu dans des voies qui s’ouvrent et se referment, et la descente sans fin vers le centre de soi où tout se fait « vertige ».

La Morale des sens, Vicomte de Mirabeau (par Patryck Froissart)

Ecrit par Patryck Froissart , le Vendredi, 01 Février 2019. , dans Critiques, Les Livres, Essais, La Une Livres, Libretto

La Morale des sens, novembre 2018, 214 pages, 8,70 € . Ecrivain(s): Vicomte de Mirabeau Edition: Libretto

 

Quelle riche initiative que la réédition de cet ouvrage exquis, et probablement quasiment inconnu, du Vicomte de Mirabeau !

André Boniface Louis Riquetti, vicomte de Mirabeau, passait, tout comme son frère le célèbre Comte de Mirabeau, pour libertin, au sens classique.

Rappelons qu’au XVIIe siècle ce mot désigne la liberté de pensée affranchie de toute doctrine religieuse et qu’au XVIIIe siècle s’ajoute à ce sens une idée de transgression morale. L’Encyclopédie en donne cette définition : « C’est l’habitude de céder à l’instinct qui nous porte aux plaisirs des sens » (source : Intellego).

Le roman libertin d’époque s’inscrit dans cette posture intellectuelle. La Morale des Sens en est une parfaite illustration.

Le pouvoir de l’optimisme, Christelle Crosnier (par Marjorie Rafécas-Poeydomenge)

Ecrit par Marjorie Rafécas-Poeydomenge , le Vendredi, 01 Février 2019. , dans Critiques, Les Livres, Essais, La Une Livres

Le pouvoir de l’optimisme, Idéo Editions, septembre 2018, 273 pages, 15,90 € . Ecrivain(s): Christelle Crosnier

 

Pourquoi une telle floraison de livres sur la pensée positive et le développement personnel ? Il semblerait que la recherche de son propre accomplissement soit devenue depuis quelques décennies le nouveau Graal pour survivre à une société individualiste. L’optimisme est-il une façon de se protéger des horreurs de l’extérieur ? Lorsqu’on ouvre le livre de Christelle Crosnier, on se rend compte au contraire que l’optimisme est un élan vital indispensable pour faire confiance à la vie et aux autres.

Lire des livres sur l’optimisme, comme ceux sur le bonheur, est une thérapie, un entraînement pour muscler notre persévérance. Car contrairement à la culture Instagram où l’on fait miroiter aux jeunes que l’on peut devenir une star en quelques clics, réussir passe nécessairement par une série d’échecs. Et c’est pour cette raison que nous avons besoin de la magie du pouvoir de l’optimisme. Aucune grande victoire ne s’est accomplie sans petites victoires.