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Contes

Contes de Grimm, Philip Pullman

Ecrit par Cathy Garcia , le Mercredi, 17 Décembre 2014. , dans Contes, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Jeunesse, Gallimard Jeunesse

Contes de Grimm, octobre 2014, traduit de l’anglais par Jean Esch, images de Shaun Tan, 496 pages, 35 € . Ecrivain(s): Philip Pullman Edition: Gallimard Jeunesse

 

Quel superbe ouvrage, se dit-on aussitôt que l’on a cette « bible » entre les mains, bible par son format et son épaisseur mais aussi par la sensation que l’on tient entre les mains un livre sacré. La beauté des œuvres qui l’illustrent y est pour beaucoup. L’artiste Shaun Tan s’est pour cela inspiré des sculptures de pierre des Inuits et de statuettes en terre de l’art précolombien. Tout art traditionnel sachant insuffler pouvoir et magie à des matériaux à la fois bruts comme la pierre et la terre, et comme le sont les innombrables contes, ici recueillis par les frères Grimm et donc puisés au terreau de l’imaginaire européen, taillés dans le roc de l’imaginaire collectif universel et polis au cours des siècles de mains en mains et de bouche en bouche. Ici on en retrouve cinquante, des plus célèbres aux plus méconnus, dont Philippe Pullman s’est emparé pour les faire passer par sa propre langue, l’Anglais donc, puis retranscrits pour nous en Français par Jean Esch, qui a conservé au plus près les couleurs et le ton particuliers de l’auteur.

Contes et légendes inachevés, Intégrale, J.R.R. Tolkien

Ecrit par Marie-Pierre Fiorentino , le Jeudi, 11 Décembre 2014. , dans Contes, Les Livres, La Une Livres, Iles britanniques, Fantastique, La rentrée littéraire, Pocket

Contes et légendes inachevés, Intégrale, mai 2014, traduction de l'anglais de Christopher Tolkien, 527 pages, 8,80 € . Ecrivain(s): J. R. R. Tolkien Edition: Pocket

 

Histoire vient du grec historia, le récit. Il s’agissait d’abord d’une narration fictive puis Hérodote décida au Ve siècle avant Jésus-Christ que l’histoire raconterait ce qui était arrivé réellement aux hommes pour que le souvenir ne s’en perde pas.

Qui mieux que Tolkien a joué sur cette marge étymologique ? Son lecteur sait pertinemment que tout ce qu’il raconte est né de son imagination mais l’imbrication complexe des événements et la foule de détails réalistes sont troublantes. Le titre Contes et légendes inachevés ne laisse pourtant planer aucun doute sur le degré de fiction des textes qui y sont rassemblés, même si en remontant au passé de la Terre du Milieu, bien connue par les amateurs de la trilogie Le Seigneur des anneaux, Tolkien feint d’être l’historien des trois Âges. Un doute serait pourtant presque permis quand sous le narrateur Tolkien sévissent le généalogiste, le cartographe et le philologue. N’est-il pas le premier auteur de fiction, et en cela un précurseur, à dresser un arbre généalogique, tracer à la main les cartes du lieu où se déroule l’action ou indiquer en note l’étymologie des mots qu’il a inventés ? Simbelmynë, fleurs égayant les tertres funéraires dans la langue des Rohirrim : le rêve commence.

Dragon, ange et pou, Trois burlesques, Christian Cottet-Emard

Ecrit par Marie du Crest , le Samedi, 19 Avril 2014. , dans Contes, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Poésie, Le pont du change

Dragon, ange et pou, Trois burlesques, 75 pages, 12 € . Ecrivain(s): Christian Cottet-Emard Edition: Le pont du change

Les quatorze anges de Conques

Le petit volume blanc nous accueille drôlement : un curieux cortège de trois créatures sorties de l’imaginaire, de la pierre, et de dame Nature, nous invite donc à sourire, à plaisanter, à goûter aux facéties (burlesques) de l’auteur qui avec malice (« les autres malices ») nous les présentera en dés/ordre : le dragon Hafner, le deuxième ; l’ange curieux pour finir et un pou d’orgue pour ouvrir le bal. Trois nouvelles, trois contes ou trois fables, selon notre humeur. Le premier récit, le plus ample est affaire d’insecte : bref, est affaire de littérature (pensons à l’ami Aristophane).

Le héros, un improbable Alastair Bang, qui, malgré son prénom britannique, ne ressemble pas heureusement au patibulaire vieil ami de la mort, aux yeux blancs, est un J.H Fabre moderne, célibataire en mal d’amour. Il a « un humour particulier ». Nul ne saurait remettre en cause ses compétences scientifiques : il pourra débarrasser la petite ville française d’un énorme pou, « un monstre » accroché aux tuyaux de l’orgue de l’abbatiale. Il nous faut une caution raisonnante en matière d’histoire fantastique. Les dignitaires du lieu, du pharmacien rival, Adolphe Hénol, à la vieille fille au nom de fleur, Jacinthe, en passant par Cafardo, le bien nommé, tous mettent leur espérance en Alastair Bang. Ce dernier identifie la bête. C. Cottin-Emard s’amuse lui à nous perdre dans notre lecture, tantôt souriante, tantôt rêveuse, tantôt plus mélancolique.

Les déterreurs de trésors, Washington Irving

Ecrit par Léon-Marc Levy , le Jeudi, 13 Mars 2014. , dans Contes, Les Livres, Critiques, La Une Livres, USA

Les déterreurs de trésors (The money diggers) Trad. de l‘anglais (USA) et présentation Thomas Constantinesco et Bruno Montfort. Ed. Rue d’Ulm 15 mars 2014. 125 p. 13 € . Ecrivain(s): Washington Irving

 

Ce petit livre de contes, qui compte deux siècles d’âge, est un bijou parfait de noirceur, d’écriture gothique mais aussi de finesse d’esprit et de drôlerie. Un authentique chef-d’œuvre.

Cinq Récits enchâssés – un personnage d’un récit narre le récit suivant – cinq perles qui prennent place avec une autorité magistrale dans la grande lignée de la littérature américaine. Fils spirituel de Thoreau, nourri d’influences baroques européennes (il rencontra Mary Shelley et Walter Scott lors d’un voyage de jeunesse en Angleterre), on découvre dans cette œuvre que Washington Irving est aussi le père spirituel de Nathaniel Hawthorne ou Edgar Poe.

Récits fantastiques ou à la limite du fantastique – le genre est tenu à distance par l’humour d’Irving (« mais ce sont histoires de bonnes femmes » vient toujours démystifier l’irrationnel) – ces contes sont d’une richesse extraordinaire.

Les exploits d’un jeune Don Juan, suivi de Les Onze mille verges, Guillaume Apollinaire

Ecrit par Frédéric Aribit , le Samedi, 08 Février 2014. , dans Contes, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Rivages poche

Les exploits d’un jeune Don Juan, suivi de Les Onze mille verges, 2013, préface de Christelle Taraud, 284 p. 7,65 € . Ecrivain(s): Guillaume Apollinaire Edition: Rivages poche

 

Rien n’est aussi contagieux que le sexe. Les moralistes de tout poil, qui n’ont souvent été à cheval que sur les principes, le savent bien qui, siècle après siècle et de quelque bénitier qu’ils se réclament, se sont acharnés à interdire ces « livres qu’on ne lit que d’une main » dont parlait Jean-Jacques Rousseau. Qu’il y ait là, dans ces pages, quelque chose qui plonge au plus profond de l’indicible, qui nous ramène au fond de ces désirs aveugles, informulables, inavouables, et où l’on retrouve le corps immédiat de l’autre, dans cette disponibilité réciproque où l’on pourrait mourir, bref qu’il s’agisse d’une liberté d’être à laquelle personne n’est jamais obligé, mais où l’humanité entière se donne toujours son rendez-vous nocturne, de quelque façon qu’elle l’accepte ou qu’elle le refuse, tout cela n’y aura jamais rien fait. Les interdictions continuent de tomber comme des couperets.