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Contes

La Princesse légère, George MacDonald (par Yasmina Mahdi)

Ecrit par Yasmina Mahdi , le Mardi, 27 Novembre 2018. , dans Contes, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Iles britanniques, Libretto

La Princesse légère (The Light Princess), George MacDonald, octobre 2018, trad. anglais Pierre Leyris, 112 pages, 6,70 € . Ecrivain(s): George MacDonald Edition: Libretto

 

Dans ce conte, daté de 1864, du pasteur calviniste George MacDonald (1824-1905), les présages sont suivis aussitôt par la prescription, laquelle invalide la joie des naissances, ternit le bonheur des parents, parents sur qui pèse une menace. Au-delà de la trame archétypale de l’histoire, transparaissent les hantises propres à une époque (particulièrement caractéristiques d’une société protestante), ainsi que leurs résultantes stigmatisantes : par exemple, le fait d’être une femme stérile, de surcroît une reine. En effet, la reine devient mère relativement tard, et de plus, met au monde une petite fille, un événement mineur, qui va déclencher une punition (l’admonestation des géniteurs), perpétrée par une espèce de double menaçant, une vieille fille, la princesse, sœur du roi, redoutable sorcière. Les yeux de « la vieille princesse Onsenrpentira » sont « caméléons » comme ses humeurs et ses pouvoirs supranaturels. Il y a une similitude entre le conte de La Princesse légère et celui de La Belle au bois dormant (écrit en 1697), notamment en ce qui concerne les enfants, lesquels, dès leur naissance, sont marqués du sceau de puissances maléfiques (ou bénéfiques) par les Parques ou les Fées, qui vont les affubler d’un handicap, atrophie ou incapacité, malheurs devant être combattus par des épreuves, ou guéris par un élu, magicien ou futur souverain.

Histoire d’un chien mapuche, Luis Sepúlveda (par Christelle d'Hérart-Brocard)

, le Mercredi, 10 Octobre 2018. , dans Contes, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Amérique Latine, Métailié, Jeunesse

Histoire d’un chien mapuche, octobre 2018, trad. De l’espagnol (Chili) Anne Marie Métailié, dessins Joëlle Jolivet, 98 pages, 7 € . Ecrivain(s): Luis Sepulveda Edition: Métailié

Il n’en a pas toujours été ainsi mais aujourd’hui, force est de constater que le roman représente un, sinon le genre prééminent dans le paysage littéraire. Faut-il pour autant bouder les autres genres, ceux dits mineurs, tels que la nouvelle, le conte ou encore la poésie ? C’est une question ouverte qu’il serait intéressant de poser à Luis Sepúlveda, ce conteur si talentueux qu’il serait bien capable d’attendrir les âmes les plus endurcies. Histoire d’un chien mapuche fait partie de ces contes merveilleux abolissant naturellement les frontières entre le réel et l’imaginaire sans toutefois verser dans l’écueil d’une littérature dite de jeunesse, tout à fait méritoire, certes, mais qui, comme son nom l’indique, ne serait destinée qu’à un jeune lectorat. Aussi les adultes y trouveront-ils également leur compte, et quel conte !

Le narrateur est un animal, un chien nommé Afmau. D’abord recueilli par Nawel, le jaguar, il est ensuite adopté par les Mapuches, une communauté d’hommes, avec laquelle il vit des jours heureux. Mais Wenchulaf, le chef indien de cette communauté, est tué par des hommes blancs et son clan logiquement chassé du territoire. Capturé par les assaillants, Afmau perd son nom propre et devient « le chien ».

Dans le vert des montagnes En cheminant avec Gaspard, Jacques Viallebesset

Ecrit par Philippe Leuckx , le Mardi, 28 Août 2018. , dans Contes, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Poésie

Dans le vert des montagnes En cheminant avec Gaspard, éditions Entrelacs, janvier 2018, 82 pages, 16,50 € . Ecrivain(s): Jacques Viallebesset

 

Entre conte et récit raconté à la lumière de l’âtre, et dans l’esprit des beaux romans nature d’Henri Pourrat (1887-1959) et de l’un de ses héros fétiches, Gaspard, Jacques Viallebesset nous offre un beau brin de montagne et d’aventure retour dans le passé « chaumières, escapades au frais de la forêt, amitié et solidarité des pauvres ».

Son héros, dont le recueil donne à lire toute l’histoire, vit au vert, dans le vert de ces hauteurs suisses et autres, à « l’appel de la forêt » – London, ses trappeurs, ses neiges, ses forêts ombreuses, ne sont pas loin –, devient un proche familier du lecteur, au fil de ces très longs poèmes aux titres éclairants : « La forêt d’enfance », « Par monts… », « Batailles du haut pays »…

Il y est question de bandits qui dépouillent, de héros au grand cœur, de pauvres qui se portent les uns les autres.

Le Prophète, Khalil Gibran

Ecrit par Patryck Froissart , le Vendredi, 27 Octobre 2017. , dans Contes, Les Livres, Critiques, Essais, La Une Livres, Bassin méditerranéen, Folio (Gallimard)

Le Prophète, mars 2017, trad. de l'arabe par Anne Wade Minkowski, Préface d’Adonis, 131 pages, 2,50 € . Ecrivain(s): Khalil Gibran Edition: Folio (Gallimard)

 

Quelle bonne idée que de republier en poche Folio ce texte des plus précieux et de le mettre ainsi à la portée de tous ! Quatre-vingts pages de sagesse et d’invitation à une relecture philosophique du monde et de l’être, encadrées en préface par une superbe présentation de l’œuvre par le poète Adonis et en postface par une analyse auteur/texte de la traductrice Anne Wade Minkowski dont il faut souligner l’excellent travail réalisé pour cette traduction nouvelle.

Une nouvelle traduction du Prophète de Khalil Gibran ? Pourquoi ? On dit parfois qu’un grand texte ne peut être épuisé par une traduction unique, si bonne soit-elle…

Le Prophète, personnage essentiel de l’œuvre, c’est Al-Mustafa, qui vit, dans la situation narrative initiale, depuis douze ans dans la ville d’Orphalèse, dans l’attente du retour du navire qui doit le ramener à son île natale.

Le portrait véritable, Jean Frémon

Ecrit par Jean-Paul Gavard-Perret , le Mardi, 04 Avril 2017. , dans Contes, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Fata Morgana

Le portrait véritable, mars 2017, ill. originales Jaume Plensa, 64 pages, 13 € . Ecrivain(s): Jean Frémon Edition: Fata Morgana

 

Jean Frémon aime les contes : il l’a déjà souvent prouvé. Il aime autant les images et s’en est fait le défenseur autant dans ses écrits qu’en tant que « galeriste ». Il danse dans leur cadre, file dedans pour ne plus s’arrêter. Il leur donne de la gaieté par celle que provoquent ses six contes réunis ici et illustrés par un de ses artistes fétiches (Jaume Plensa) auquel il a consacré un superbe ouvrage, Lilliput, aux éditions de la Galerie Lelong.

Apologues et anecdotes, inventées ou non, deviennent l’image des images. L’écriture est riche d’une grâce adolescente, et la lumière semble prendre feu au vol de la rosée de l’herbe. Les gouttes d’eau roulant sur la terre froide deviennent des coraux, des cristaux. Et tout est à l’avenant.

Le poète accepte le sensible comme source première de l’intuition et de la connaissance, l’art fertilise les mots, et les mots l’art, manière de ne pas limiter les capacités des différents langages à décrire le monde dans l’ensemble, les limites de l’humain à connaître.