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Asie

Dans la chambre obscure, R. K. Narayan

Ecrit par Patryck Froissart , le Mercredi, 27 Août 2014. , dans Asie, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, La rentrée littéraire, Zulma

Dans la chambre obscure, traduit de l’anglais (Inde) par Anne-Cécile Padoux, 28 août 2014, 186 pages, 8,95 € . Ecrivain(s): R. K. Narayan Edition: Zulma

 

 

Le hasard du calendrier éditorial permet parfois de bien heureuses correspondances.

Lire Dans la chambre obscure de Narayan quelques semaines après avoir savouré Kumudini de Rabindranath Tagore est une coïncidence plaisante dont il faut remercier les éditions Zulma.

Savitri, l’héroïne de ce roman, est, comme Kumudini, une épouse indienne qui subit douloureusement les contraintes de la tradition socio-culturelle locale de totale soumission au mari et qui est tenue de souffrir sans broncher les moindres fantaisies de son « maître ».

La mise en relation de ces deux héroïnes offre au lecteur deux visions différentes et complémentaires, sur une thématique assez similaire, de la condition de la femme indienne dans la première moitié du 20e siècle (le roman de Tagore est paru en 1929, celui de Narayan en 1938).

Kumudini, Rabindranath Tagore

Ecrit par Patryck Froissart , le Vendredi, 04 Juillet 2014. , dans Asie, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, Zulma

Kumudini (Yogayog), traduit du bengali (Inde) et présenté par France Bhattacharya, 380 pages, 22 € . Ecrivain(s): Rabindranath Tagore Edition: Zulma

 

Ô Kumudini, longtemps tu brilleras, indubitablement, dans le souvenir des lecteurs de ce chef-d’œuvre !

Les premières pages de ce roman condensent à grands traits la saga séculaire de deux grandes familles rivales, les Ghoshal et les Chatterji, chacune faisant à tour de rôle sa fortune et sa puissance en provoquant la ruine et l’humiliation de l’autre.

Au moment où apparaît le personnage de Kumudini, qui appartient au clan des Chatterji, c’est le parti des Ghoshal qui prend le dessus. Le chef des Ghoshal, Madhusudan, ne se contente pas de savourer la ruine des Chatterji. Il attend, avec la patience d’un fauve à l’affût, l’occasion de venger, par une extrême humiliation, les affronts portés à sa famille à l’époque où les Chatterji dominaient la région.

Au faîte de sa fortune et du respect qu’on porte aux nouveaux riches, il dévoile son plan machiavélique :

Les collines d’eucalyptus, Duong Thu Huong

Ecrit par Victoire NGuyen , le Samedi, 14 Juin 2014. , dans Asie, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, Sabine Wespieser

Les collines d’eucalyptus, traduit du vietnamien par Phuong Dang Tran, 779 pages, 29 € . Ecrivain(s): Duong Thu Huong Edition: Sabine Wespieser

 

Les malheurs de Thanh


Les collines d’eucalyptus peut être lu à la suite de Sanctuaire du cœur publié en 2011 ou bien indépendamment de ce dernier. Le récit fleuve de 800 pages se veut être engagé et psychologisant. En effet, le roman illustre le combat de l’écrivaine contre le Parti communiste de son pays. Comme à son habitude, Duong Thu Huong ne mâche pas ses mots et dénonce les décisions absurdes qui ont ruiné le pays de l’intérieur comme par exemple la plantation massive des eucalyptus conduisant à l’appauvrissement des sols. Ainsi, la population des collines est privée des ressources naturelles qui l’ont nourrie depuis des millénaires :

« La forêt sauvage laissa place aux plantations de thé, de coton, de canarium, aux vergers de kakis, de jacquiers et de pamplemoussiers.

Le Vieux Journal, Lee Seung-U

Ecrit par Cathy Garcia , le Vendredi, 23 Mai 2014. , dans Asie, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Nouvelles, Serge Safran éditeur

Le Vieux Journal, traduit du coréen par Choi Mikyung et Jean-Noël Juttet, octobre 2013, 235 pages, 19,50 € . Ecrivain(s): Lee Seung-U Edition: Serge Safran éditeur

Nous retrouvons dans ces nouvelles de Lee Seung-U, et tout particulièrement dans celle intitulée Chez l’autre, l’ambiance de son roman Ici comme ailleurs (voir http://www.lacauselitteraire.fr/ici-comme-ailleurs-lee-seung-u), à savoir une sorte d’atmosphère grise et glauque, à la limite de l’absurde, où les protagonistes principaux, parfois le narrateur lui-même, se voient peu à peu acculés au fond d’une impasse.

Tous les personnages de ces nouvelles sont un peu dans la même position, comme flottant dans un environnement des plus banals et cependant hostile, confrontés à l’absurdité et au tragique d’une vie qui les décentre continuellement, jusqu’à ce que tel un morceau d’argile voué à ne jamais devenir pot, ils volent hors du tour du potier, pour aller s’écraser contre les murs… Et cette image est d’autant plus parlante qu’elle évoque aussi le tournis, le vertige que leur procure soit leur propre incapacité à réagir et à agir par eux-mêmes, soit les obstacles parfois invraisemblables qui se dressent devant eux et où leur propre logique est sans cesse défiée par une « logique » extérieure, qui les absorbe ou les rejette, et sape tous les fondements de leur existence. Même la réussite, aussi brillante soit-elle, leur échappe, comme dans la première nouvelle qui a donné son titre à l’ensemble du recueil, et dans laquelle le narrateur est un écrivain.

Le monde futur, Wang Xiaobo

Ecrit par Victoire NGuyen , le Vendredi, 07 Février 2014. , dans Asie, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, Actes Sud

Le monde futur, traduit du chinois par Mei Mercier, octobre 2013, 190 Pages, 20 € . Ecrivain(s): Wang Xiaobo Edition: Actes Sud

 

La résistance d’un intellectuel


Le monde futur est un récit qui se scinde en deux temps. D’abord, le livre s’ouvre sur l’histoire de « L’oncle ». Cet homme, décédé au moment où commence l’intrigue, a été écrivain. Cependant ses œuvres n’ont jamais été publiées : « Mon oncle était écrivain, mais il n’a rien publié de son vivant ». Le narrateur, son neveu, est chargé d’écrire une biographie de cet oncle : « (…) ils sont venus me voir et m’ont demandé de consacrer à mon honorable oncle une biographie ». Et c’est l’occasion pour le narrateur de commenter l’histoire de vie de son oncle et particulièrement ses relations avec les femmes. C’est aussi une opportunité pour ce biographe de mettre en exergue ses propres émois sexuels face à sa tante pour qui il nourrit passion et fantasmes érotiques. Racontée sur le mode de la dérision et de l’humour, la biographie est immédiatement condamnée. Loin d’une narration classique, le livre choque par ses références sexuelles. Le narrateur est accusé de pornographie et devient à son tour un être nuisible à reconditionner.