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Le Mot et le Reste

Le mot et le reste est une maison d'édition située à Marseille, fondée par Yves Jolivet en 1996.

Elle publie des ouvrages, documents, témoignages, et essais dédiés à l'esthétique, la musique, les sciences humaines, la littérature, et la poésie contemporaine.


Et les Beatles montèrent au ciel, Valentine Del Moral (par Guy Donikian)

Ecrit par Guy Donikian , le Mercredi, 28 Août 2019. , dans Le Mot et le Reste, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, Récits

Et les Beatles montèrent au ciel, juin 2019, 151 pages, 15 € . Ecrivain(s): Valentine Del Moral Edition: Le Mot et le Reste

 

Le sous-titre de l’ouvrage est explicite : Le concert du rooftop. Et la photo de couverture le confirme, il s’agit de la dernière apparition des Beatles en concert, sauf que cette der des ders aura eu une singularité, à savoir l’absence du public…

Nous sommes le 30 janvier 1969. Vers midi, par un temps maussade et venteux, les Fab Four vont effectivement donner leur dernier concert, mais ils ne le savent pas. Cela fait deux ans qu’ils ne se sont pas produits en public et ce 30 janvier sera un événement qui marquera l’histoire de la « pop music ».

Valentine Del Moral a construit son livre autour de ce « concert » devenu mythique. Elle égrène tout au long de son texte des allers-retours qui donnent à ce 30 janvier toute sa valeur. Ce sont les trajectoires des rares spectateurs présents sur le toit de l’immeuble situé au 3 Savile Row, immeuble qui appartient aux Beatles. Et c’est un certain Michael Lindsay-Hogg qui dirige les cameras chargées de filmer ce concert qui durera quarante deux minutes.

Le Pays des petites pluies, Mary Austin (par Yasmina Mahdi)

Ecrit par Yasmina Mahdi , le Vendredi, 08 Mars 2019. , dans Le Mot et le Reste, Les Livres, Critiques, La Une Livres, USA, Roman

Le Pays des petites pluies, février 2019, trad. et préface, François Specq, 190 pages, 8,90 € . Ecrivain(s): Mary Austin Edition: Le Mot et le Reste

 

La pionnière

Les éditions Le Mot et le Reste nous donnent à lire l’ouvrage lumineux de Mary Austin (1868-1934), Le Pays des petites pluies, dans lequel le paysage est le sujet du récit, « pays des frontières perdues » soumis l’été à « un intolérable éblouissement solaire ». Et pourtant il y pleut. Il y a des couleurs, des plus claires aux plus obscures, des formes, des plus élevées aux plus abyssales. Des accalmies et des tempêtes. De la chaleur intense et du gel. Et l’Indien veille, résiste, fier, dans la Vallée de la Mort. L’essence même de la vie sur terre trouve son accomplissement dans ce « véritable désert ». C’est une leçon de nature, presque une parthénogenèse dans laquelle certaines espèces s’auto-multiplient, s’épanouissent, non dans le chaos mais dans l’ordre primordial. Mary Austin identifie chaque arpent de cette terre de l’Ouest américain, l’inventorie, en confectionne un herbier vivace. Elle décrit avec délicatesse les vibrations de la végétation, les plantes adaptées à la sécheresse ou aux milieux aquatiques, les végétaux d’altitude, leurs types biologiques, le pelage des petites bêtes de cette région ; d’où un amour et une compassion à l’égard des espèces du monde végétal et animal.

La mélodie sanctuaire, Arnaud Gauthier (par Yann Suty)

Ecrit par Yann Suty , le Vendredi, 15 Février 2019. , dans Le Mot et le Reste, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, Arts

La mélodie sanctuaire, janvier 2019, 252 pages, 20 € . Ecrivain(s): Arnaud Gauthier Edition: Le Mot et le Reste

La musique peut adoucir les mœurs. C’est en tout cas ce que prétendent certains. Mais la musique est aussi capable de faire bien pire (que de nous écorcher les oreilles). Et s’il existait une chanson avec des pouvoirs quasi magiques ? Une chanson capable d’ensorceler les gens, de leur rendre la vie plus douce, mais qui pourrait également révéler les pulsions primaires et créer le danger, l’insécurité ? Il s’agirait d’une chanson qui fait succomber celui ou celle qui l’écoute dès la première note, et qui ensuite devient comme une drogue qu’on ne se lasse jamais d’écouter. Ce serait une chanson qui a les mêmes pouvoirs que la musique du joueur de flûte d’Hamelin ou que le chant des sirènes de L’Odyssée.

Cette chanson existe et elle a été créée par Alex Grant Zyler, un chanteur d’un des plus grands groupes de rock du monde.

En fait, le chanteur du groupe Heart Vigilantes ne l’a pas vraiment créée. Cette chanson s’est plutôt révélée par sa guitare et sa voix, car elle existe depuis très longtemps. Elle existe même depuis plusieurs siècles et elle lie les hommes entre eux. C’est « une mélodie venue du fond des âges » qui réapparaît de temps à autre, sous différentes formes. Ceux qui l’écoutent se retrouvent alors comme enfermés dans un sanctuaire, c’était comme si un chaman les contrôlait. On l’appelle la « mélodie sanctuaire ».

Les vents de Vancouver, escales dans l’espace-temps du Pacifique Nord, Kenneth White

Ecrit par Lionel Bedin , le Lundi, 24 Novembre 2014. , dans Le Mot et le Reste, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Récits

Les vents de Vancouver, escales dans l’espace-temps du Pacifique Nord, mars 2014, traduction de Marie-Claude White, 176 pages, 17 € . Ecrivain(s): Kenneth White Edition: Le Mot et le Reste

 

Kenneth White nous a déjà emmené dans des contrées blanches et bleues, au Labrador, dans La route bleue (1983, prix Médicis). Il fait d’ailleurs un petit clin d’œil à cette route à la fin de son périple : « Mais, bon, il est temps de reprendre la route, la route sceptique, la route surnihiliste, la route bleue avec ses moments bleus, ses lumières blanches et ses lignes noires et fermes ». Cette fois c’est à l’opposé, à l’ouest du continent américain, que le voyageur et écrivain nous transporte, du côté de Vancouver, le long du Pacifique Nord et des côtes ouest du Canada et de l’Alaska.

D’abord, les lieux. White sait décrire les lieux. Ici Vancouver, avec sa litanie poétique de noms de quartiers, avec une description de la ville bruyante, en effervescence. La ville, le musée, le port et sa faune hétéroclite, le cimetière. Pour White, musarder dans un musée c’est la possibilité de « trouver une image cohérente du monde » et la lecture des inscriptions des pierres tombales lui permet de « pénétrer dans le théâtre du monde ».

Jamais par une telle nuit, Magali Brénon

Ecrit par Frédéric Aribit , le Jeudi, 17 Avril 2014. , dans Le Mot et le Reste, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman

Jamais par une telle nuit, février 2014, 140 pages, 17 € . Ecrivain(s): Magali Brénon Edition: Le Mot et le Reste

 

De chair, de sueur, de sexe, de sang, de larmes, l’amour est toujours un monde personnel. L’infinitif, au contraire, un mode impersonnel.

Toute la beauté du livre de Magali Brénon vient sans doute de cette contradiction-là. Un tragique d’ordre quasi-grammatical mine ainsi cet audacieux roman qui invente un nouveau lyrisme de l’échec amoureux. Disons donc roman, pour faire simple : « elle », qui dit « je », rencontre un homme, Marcello, puis le perd. Autant résumer la Recherche en 15 secondes, comme l’avaient proposé jadis les Monthy Python. Du reste, il y a sans doute autant de Proust que de Duras dans ce livre-là, qui déroule une étonnante partition musicale faite de silences et d’échos, de bruissements hurlants et de cris retenus, de halètements courts et rythmés et soudain de souffle sans virgule, sans ponctuation, de souffle coupé et perdu. Luxuriance et luxure : d’une sensualité toujours frissonnante, la déambulation éperdue de la narratrice à la recherche de l’autre et donc d’elle-même, dessine sous ses pas parfois perdus un paysage d’une rare efflorescence littéraire où, d’Orcival à Rome, de Rome à Montevideo, le corps se parcourt comme une géographie du désir. Tout y est fragile, ténu, sensible. La matière durcie du monde ne se donne qu’à la subtilité des mots pour le dire, qu’au corps du texte qui le suggère, veut le donner à voir, à entendre, à saisir et ressentir.