Voici le premier roman traduit d’un auteur coréen (né en 1968) qui a déjà publié plusieurs romans et recueils de nouvelles, dont certains ont été primés dans son pays depuis 2003. Cette Pavane pour une infante défunte est un récit qui réussit à mêler histoire d’amour, humour taquinant l’absurde et critique sociale, le tout dans une construction de récit à tiroirs qui parvient à surprendre le lecteur en brouillant les pistes de la réalité et de la fiction.
Le narrateur âgé de 20 ans au début du récit est un peu mystérieusement tombé amoureux d’une jeune femme, dont la principale caractéristique est une laideur qui fait l’unanimité auprès de tous ceux qui la rencontrent. Etudiant désœuvré, il l’a croisée alors qu’il a trouvé un emploi dans un grand magasin où tous deux occupent des emplois des plus modestes. Timidement, une reconnaissance mutuelle, très platonique, va les rapprocher, laissant toujours une distance qui semble ne jamais vouloir se réduire totalement. Le lien qui s’installe entre eux semble si improbable, si irrationnel, si menacé par les désillusions déjà vécues, qu’il en devient presque impossible, comme un défi à la réalité du monde environnant où compétition et anonymat sont les façons d’avoir une place, même médiocre, mais une place tout de même.