La Zone d’Intérêt est le dernier roman en date de Martin Amis (1949), et il a été l’objet du scandale d’une rentrée littéraire coutumière dans ses extases pré-programmées et sa tiédeur éditoriale ; pensez donc : Gallimard, éditeur historique des romans de l’auteur de London Fields, a refusé La Zone d’Intérêt, et c’est Calmann-Lévy qui a hérité de la potentielle bombe littéraire qu’est ce roman. Autant l’annoncer de suite : en fait de bombe littéraire, on a surtout affaire à un pétard mouillé.
Certes, le sujet en est sulfureux en apparence : dans le camp de concentration fictif Kat Zet I, situé en Pologne et ressemblant comme un frère à Auschwitz, des personnages, allemands pour la plupart, s’ébattent, font état de leurs petites misères existentielles, connaissent de sordides histoires de coucherie… Un officier SS, Angelus Thomsen, aryen au « physique idéal » et, pas si accessoirement que ça, neveu de Martin Bormann, tombe amoureux de Hannah, la femme du commandant du camp, Paul Doll, ce qui incite le second à faire suivre le premier, comme dans un vulgaire vaudeville…