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Articles taggés avec: du Crest Marie

War and Breakfast (Shoot, Get Treasure, Repeat), vol 1, Mark Ravenhill

Ecrit par Marie du Crest , le Jeudi, 21 Août 2014. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Iles britanniques, Théâtre, Les solitaires intempestifs

War and Breakfast (Shoot, Get Treasure, Repeat), vol 1, traduit de l’anglais par M. Goldberg, C. Hargreaves, D. Hollier, G. Joly, S. Magois et B. Pélissier, juin 2014, 224 p. 17 € . Ecrivain(s): Mark Ravenhill Edition: Les solitaires intempestifs

 

« Pourquoi vous nous faites sauter ? »

Ces premiers mots du volume 1 de War and breakfast sonnent comme un coup de tonnerre : il sera question de la violence de la guerre, du terrorisme et d’une société sûre de ses valeurs contre le monde des « enturbannés » dans la suite des neuf pièces courtes d’un ensemble qui en compte dix-sept, que Ravenhill publia en Angleterre en 2008, soit cinq ans après le début de la guerre en Irak menée aux côtés des Etats-Unis, sous le gouvernement Blair. Chacune d’entre elles est traduite par un traducteur jouant à la fois sur l’idée d’une suite dans laquelle chaque texte peut-être autonome mais aussi constitué comme un morceau d’un puzzle dramatique. En effet, d’une pièce à l’autre, l’auteur établit des ponts : retour de certains personnages (en premier lieu, les soldats), de certains dispositifs (chœurs et dialogues), expressions en leitmotive telles « liberté et démocratie » ou « alléluia ! ». La guerre du titre en est le fil conducteur et le breakfast, l’écho dérisoire des occidentaux même si la fresque a été montée à l’heure du petit-déjeuner, durant l’édition de 2007 à Edimbourg.

Un jour nous serons humains, David Léon

Ecrit par Marie du Crest , le Mardi, 01 Juillet 2014. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Poésie, Théâtre, Espaces 34

Un jour nous serons humains, 22 pages, 2014 . Ecrivain(s): David Léon Edition: Espaces 34

 

 

« Le parti pris des animaux, le parti pris des hommes ».

 

L’œuvre de David Léon se tisse avec les voix. Un jour nous serons humains (opus 4) fait entendre sous la forme d’un poème dramatique un dire et un cri en humanité ou plutôt une parole du vivant : celle de « nos Bêtes » et la nôtre. Comme la citation-épigraphe de Deleuze ou les textes de Bailly l’affirment, nous sommes fraternellement liés aux animaux. L’ouverture du texte d’ailleurs est un envol annoncé par des points de suspension, qui en quelque sorte font passage entre le silence qui les précède et les premiers mots que les italiques enluminent.

Une lampe entre les dents, Chronique athénienne, Christos Chryssopoulos

Ecrit par Marie du Crest , le Lundi, 02 Juin 2014. , dans La Une Livres, Actes Sud, Les Livres, Critiques, Bassin méditerranéen, Récits

Une lampe entre les dents, Chronique athénienne, traduction du grec moderne, Anne-Laure Brisac, 2013, 122 pages, 16,80 € . Ecrivain(s): Christos Chryssopoulos Edition: Actes Sud

 

Le flâneur d’Athènes


Le texte de C. Chryssopoulos est un livre singulier : son sous-titre le considère comme une chronique, datée d’ailleurs à l’intérieur du livre (entre décembre 2011 et l’automne suivant), mais il s’affirme aussi comme journal intérieur a posteriori, celui d’un homme, d’un marcheur obsessionnel dans sa ville, qui a abandonné un soir la pièce où il écrit, ce qu’il nomme « la pièce des spectres », pour gagner les rues d’Athènes qu’il connaît parfaitement. Singularité également dans l’étroite tension qui relie le texte et les photos, la plupart prises par l’auteur et qui sont toutes en noir et blanc au format de vignettes, à l’exception de deux d’entre elles qui occupent la page (p.58, montage des magasins fermés dans le contexte de la crise économique et p.103 dans le supplément de « la Lampe », en format paysage, une série de SDF couchés sur des bancs ou sur le bitume).

Retour à Reims, Didier Eribon

Ecrit par Marie du Crest , le Mercredi, 28 Mai 2014. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Essais, Récits, Flammarion

Retour à Reims, 248 pages, 8,20 € . Ecrivain(s): Didier Eribon Edition: Flammarion

 

Venger sa race


Le libraire de mon quartier avait rangé l’ouvrage de Didier Eribon dans son rayon « littérature », tout en m’avouant qu’il avait hésité à le faire, comprenant que Retour à Reims n’était pas une banale autobiographie relatant le parcours depuis l’enfance de son auteur. Il s’agit bien plutôt d’inscrire son destin (la « prédestination » sociale et sexuelle) dans un ensemble de réflexions sociologiques (le dernier mot du texte prononcé par Eribon lui-même n’est-il pas justement « sociologie » à l’adresse de sa mère) et théoriques. Le terme peut-être le plus approprié pour définir ce livre serait une auto-analyse fondée à la fois sur l’histoire familiale et ses miroirs exégétiques. Eribon d’ailleurs cite abondamment des textes qui nourrissent sa trajectoire personnelle, la façonnent intellectuellement, l’éclairent : Bourdieu, Foucauld, Sartre ou Dumézil par exemple.

Sauver la peau, David Léon

Ecrit par Marie du Crest , le Mercredi, 21 Mai 2014. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Théâtre, Espaces 34

Sauver la peau, 2014, 52 pages, 12 € . Ecrivain(s): David Léon Edition: Espaces 34

 

Le frère de Matthieu

Sauver la peau est la troisième pièce de David Léon, elle est plus précisément un nouvel élan de l’œuvre qui re/commence. Elle est un retour à l’œuvre matrice, Un batman dans ta tête, mais surtout une amplification de la parole, au-delà de la seule voix Matthieu, l’adolescent suicidé de l’opus 1.

Diptyque : notre regard, notre lecture vont de l’une à l’autre pièce. Ainsi Sauver la peau « élargit »-elle Un Batman dans ta tête en multipliant les voix : il s’agit d’une polyphonie comme l’indique D. Léon et plus d’un soliloque faisant entendre la parole éclatée de Matthieu. Les voix, tour à tour, disent ou parfois répondent, demandent, parlent : le « je » du grand frère de Matthieu, éducateur démissionnaire (p.14), ou celles notamment du directeur d’un centre pour adolescents en difficulté, de l’amie, de la psychiatre, d’autres encore et celle de l’auteur, plus exactement du personnage-auteur qui n’est autre que le frère éducateur, toutes se succèdent.