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La tunique de glace, William T. Volmann

Ecrit par Yann Suty , le Samedi, 12 Janvier 2013. , dans La Une Livres, La rentrée littéraire, Les Livres, Recensions, Roman, USA, Le Cherche-Midi

La Tunique de glace (The Ice-Shirt), traduit de l’anglais (USA) par Pierre Demarty janvier 2013, 680 p. 22 € . Ecrivain(s): William T. Volmann Edition: Le Cherche-Midi

 

La Tunique de Glace est l’un des « Sept rêves » de William T. Vollmann, une saga monumentale dont, à ce jour, quatre volumes ont été publiés : les volumes 1 (La Tunique de glace), 2 (Fathers and Crows, 1992, inédit en français), 3 (Argall : The True Story of Pocahontas and Captain John smith, 2001, inédit en français) et 6 (Les Fusils, 1994, Le Cherche-Midi, repris en Babel).

Dans ses Sept rêves, William T. Vollmann cherche à créer une « Histoire symbolique » de l’Amérique, c’est-à-dire un récit de ses origines et de ses métamorphoses. Et Vollmann n’est, bien heureusement pour nous, pas un historien ! Avec lui, la vérité n’est pas toujours littérale. Il prend ses aises avec elle. Il mélange les récits, triche sur les emplacements et les descriptions, détourne ses sources (l’auteur nous l’avoue, mais le profane n’y verra sans doute que du feu…).

Pour Vollmann, cette infidélité permet « une appréhension plus profonde de la vérité ». Il dit qu’il fait dans ce Rêve plusieurs choses qui n’ont, à strictement parler, aucune justification, mais à ses yeux, cela signifie qu’elles sont « parfaitement valables ».

Les miroirs de l'esprit, Norman Spinrad

Ecrit par Yann Suty , le Vendredi, 30 Novembre 2012. , dans La Une Livres, Les Livres, Recensions, Folio (Gallimard), Roman, Science-fiction, USA

Les miroirs de l’esprit (Mind Game), traduit (USA) par Charles Canet, 598 pages, 11,50 € . Ecrivain(s): Norman Spinrad Edition: Folio (Gallimard)

 

Les miroirs de l’esprit est d’abord l’histoire de deux frustrés : Jack Weller et sa femme, Annie. Jack est réalisateur à la télé. Il dirige l’émission pour les enfants Une vie de singe. Dans sa profession, c’est le bas de l’échelon. Quant à sa femme, elle ne décroche pas les rôles qui pourraient faire décoller sa carrière d’actrice et doit se cantonner à courir les castings pour quelques apparitions dans des spots publicitaires de seconde zone.

Même si beaucoup se contenteraient de leur situation, il leur manque quelque chose. « Qu’est-ce qui manquait à leur vie ? Ils n’avaient pas besoin d’un psychiatre ou d’un conseiller conjugal pour le leur révéler. C’était la réussite, et ça, rien ne pouvait le remplacer ».

Un jour, ils sont conviés par l’un de leurs amis dans un nouveau bar à la mode : le Club transformationaliste des célébrités. Comme son nom l’indique, le club appartient à la secte des Transformationalistes. Il s’agit d’une version (à peine déguisée paraît-il) de la Scientologie.

La secte ne se cache pas des intentions qu’elle a eues en ouvrant ce bar.

L'employé, Guillermo Saccomanno

Ecrit par Yann Suty , le Jeudi, 22 Novembre 2012. , dans La Une Livres, Les Livres, Amérique Latine, Recensions, Asphalte éditions, Roman

L’employé (El Oficinista), trad. espagnol (Argentine) Michèle Guillemont, 172 p. 18 € . Ecrivain(s): Guillermo Saccomanno Edition: Asphalte éditions

L’employé. C’est le titre du livre, c’est aussi la fonction de son protagoniste principal. Mais c’est aussi son nom. Comme tous les autres personnages du livre, il n’est désigné que par sa fonction. L’univers est bureaucratique : on pense tout de suite à Kafka.

L’employé reste tard à son travail. Ce n’est pas que son travail lui plaise, mais « il préfère retarder autant que possible son retour au foyer » pour des raisons qu’il serait dommage de révéler.

Son travail est pourtant loin d’être un havre de paix. Ses collègues ne peuvent être que des ennemis. La tension et la violence latente sont d’autant plus vives qu’elles sont accompagnées de non-dits.

« Ce matin, à son arrivée, il comprend qu’un licenciement va avoir lieu. Un garçon bien mis attend à la réception, près de l’accès principal aux bureaux. Une jeune fille ou un jeune homme à cette place signifie, chacun le sait, le remplacement d’un membre du personnel. Les nouveaux attendent, prêts à occuper un poste et à entrer immédiatement en fonction, tandis que les employés commencent leur journée dans la crainte, en se demandant qui va être remplacé, qui sera licencié. Le jeune aux cheveux gominés, au costume gris, à la chemise blanche et à la cravate bleue, est posté là tel un soldat en faction ».

L'ombre d'une chance, William Burroughs

Ecrit par Yann Suty , le Mercredi, 14 Novembre 2012. , dans La Une Livres, Les Livres, Recensions, Récits, USA, Titres (Christian Bourgois)

L’ombre d’une chance (Ghost of chance 1991), traduit de l’anglais (USA) par Sylvie Durastanti, novembre 2012, 92 p. 7 € . Ecrivain(s): William Burroughs Edition: Titres (Christian Bourgois)

 

Dans ce court texte publié en 1991 aux Etats-Unis, William Burroughs reprend le fil des aventures du capitaine Mission, un capitaine d’aventures du XVIIIe siècle qu’il avait fait figurer dans le Havre des Saints et qui avait, depuis lors, fait des apparitions plus ou moins fugitives dans ses œuvres romanesques.

Le capitaine Mission dirige la Liberatatie, une colonie pirate qu’il a établie sur la côte ouest de Madagascar. Il y a promulgué une loi qui interdit de tuer les lémuriens sous peine d’exclusion de la colonie. Le crime est même passible de la peine de mort.

Pour les indigènes de la région, un lémurien est sacré. « En langue indigène, le terme employé pour lémurien signifie spectre, fantôme, ombre ». L’ombre ? Quelque chose à voir avec le titre du livre ?

Mission est aussi un émissaire de la Panique. La Panique, c’est le savoir que l’homme (qui est appelé ici un « Homo-sagouin ») redoute par-dessus tout : la vérité sur son origine.

Le sermon sur la chute de Rome, Jérôme Ferrari (par Yann Suty)

Ecrit par Yann Suty , le Mercredi, 07 Novembre 2012. , dans La Une Livres, Actes Sud, Les Livres, Critiques, Roman

Le sermon sur la chute de Rome, 22 août 2012, 208 p. 19 € . Ecrivain(s): Jérôme Ferrari Edition: Actes Sud

 

Recension 1

 

Dans un petit village corse perché loin de la côte, il est de tradition que les hommes, à la fin de la journée, se retrouvent dans le petit bar local, l’épicentre de leur univers. Parmi ces hommes, nombreux sont ceux qui ont quitté le village et leur île, mais qui ont fini par revenir pour y ruminer leurs échecs, leur existence dépourvue de gloire, leurs rêves brisés, à l’instar de Marcel Antonetti, né à la fin de la première guerre mondiale. La « malédiction » se transmet d’une génération à l’autre. Des décennies plus tard, le petit-fils de Marcel, Matthieu connaîtra une expérience similaire.

A la mort de sa femme, Marcel ne veut pas s’occuper de son fils nouveau-né, Jacques, et il le confie à sa sœur. Quelques années plus tard, Jacques tombe amoureux de sa cousine, Claudie, avec laquelle il a grandi. Ils se marient (« Pour beaucoup, ce mariage n’est pas celui de l’amour mais du vice et de la consanguinité ») et ont un fils, Matthieu, et une fille, Aurélie.