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Je suis un zèbre, Le témoignage bouleversant d’une ado surdouée, Tiana (par Cathy Garcia)

Ecrit par Cathy Garcia , le Lundi, 17 Septembre 2018. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Petite bibliothèque Payot, Récits

Je suis un zèbre, Le témoignage bouleversant d’une ado surdouée, août 2018, 188 pages, 7,50 € . Ecrivain(s): Tiana Edition: Petite bibliothèque Payot

Un témoignage à la fois très personnel, mais très important aussi sur un sujet que l’on connaît peu ou surtout très mal. En effet, si le terme zèbre reste encore peu connu, tout le monde a une idée plus ou moins claire et surtout très préconçue de ce que peut et doit être un surdoué. Alors pourquoi zèbre ?

Parce que de ces enfants, ados, adultes dits surdoués, pas deux ne se ressemblent, par contre une bonne partie d’entre eux non seulement peuvent être en échec dans leur vie ou leur scolarité, mais plus encore, peuvent être enfermés dans des problématiques graves qui leur interdit toute vie normale et pouvant les conduire jusqu’au suicide. Nous sommes donc loin de cette image d’Épinal du brillant génie qui ne peut que tout réussir, plus et mieux que tout le monde et être la fierté de ses parents et professeurs.

C’est pour cela qu’un témoignage tel que celui de cette toute jeune Tiana est capital.

« C’est quoi un surdoué ? C’est quelqu’un dont le cerveau pense différemment » – ce qui commence à être prouvé maintenant scientifiquement : il s’agit, effectivement et véritablement, d’un fonctionnement cognitif différent. « Pas plus intelligent. Pas plus doué. Différent. Très sensible. Trop, même ».

Le Bruit du dégel, John Burnside (seconde critique)

Ecrit par Cathy Garcia , le Jeudi, 30 Août 2018. , dans La Une Livres, La rentrée littéraire, Les Livres, Critiques, Iles britanniques, Roman, Métailié

Le Bruit du dégel, août 2018, trad. anglais (Écosse) Catherine Richard-Mas, 362 pages, 22 € . Ecrivain(s): John Burnside Edition: Métailié

 

DansLe Bruit du dégel, la patte, ou plutôt la texture de l’auteur de L’Eté des noyés se confirme. Cette même lumière intérieure, une sorte de douceur un peu étrange qui baigne le roman, qui en floute les contours, adoucit les angles, même les plus tranchants. On pourrait penser que John Burnside peint ses romans plus encore qu’il ne les écrit et ce n’est sans doute pas un hasard si l’art tient une grande place dans son écriture. Mais, si la peinture était omniprésente dans L’Eté des noyés, ici ce sont surtout le cinéma, la musique : images, ambiances, atmosphères… Les sens du lecteur sont extrêmement sollicités, y compris celui du goût, et nous lisons le roman comme nous regarderions des morceaux de films, où les personnages s’appréhendent peu à peu dans leur complexité, leur solitude, leur histoire particulière, souvent dramatique. Et justement, dans Le Bruit du dégel, c’est de cela qu’il est question : d’histoires, des morceaux de vie racontés par Jean, une vieille dame qui vit en lisière d’une forêt, qui coupe son bois, fait des beignets aux pommes et concocte des tisanes et adore aller boire un café accompagné d’une délicieuse pâtisserie, au Territoire sacré.

Ma Patagonie, Guénane

Ecrit par Cathy Garcia , le Jeudi, 14 Juin 2018. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Poésie

Ma Patagonie, La sirène étoilée, novembre 2017, 47 pages, 12 € . Ecrivain(s): Guénane

 

« le bout du monde ressemble au début du monde »

 

Ce recueil est un hommage, un magnifique et poignant hommage à une terre et à ses habitants disparus.

 

« L’horizon les dents du vent

aimantent les solitaires

les rêveurs de rupture

ceux qui ne craignent de se rencontrer »

Ne tournez pas la page, Seray Şahiner

Ecrit par Cathy Garcia , le Vendredi, 18 Mai 2018. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Bassin méditerranéen, Roman

Ne tournez pas la page, Belleville éditions, avril 2018, trad. turc Ali Terzioğlu & Jocelyne Burkmann, 160 pages, 17 € . Ecrivain(s): Seray Şahiner

 

Voilà un vrai livre coup de poing et une voix qui va forcément marquer la littérature contemporaine turque. Dans ce roman noir et caustique qui démarre sur ces mots : « Elle fait le saut de la mort avec sa fille », l’héroïne de Seray Şahiner raconte sur un ton désabusé, faussement léger et avec un humour redoutable – celui des désespérés – l’enfer banalisé de son parcours de femme dans la ville d’Istanbul.

Arrivée de la campagne avec sa famille qui l’exploite, violée par son patron qui la met enceinte, abusée par celui qu’elle pensait aimer, vendue par sa famille puis violée encore et tabassée quotidiennement par son riche, vieux et alcoolique mari, tel semble être le destin de Leyla Tasçı.

« Mon oncle m’avait prévenue : quand il ne s’avinait pas, mon mari était un homme bon. Qu’est-ce que j’en sais ? Je ne l’ai jamais vu sobre…[…] Le premier mois mon mari ne m’a pas battue. Ça doit être ce qu’on appelle la lune de miel ».

Et « au-delà d’un certain point le dégoût se transforme en indifférence ».

Zoartoïste (suivi de Contes Défaits en Forme de Liste de Courses), Catherine Gil Alcala

Ecrit par Cathy Garcia , le Mardi, 08 Mai 2018. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Poésie, Théâtre

Zoartoïste (suivi de Contes Défaits en Forme de Liste de Courses), éd. La Maison Brûlée, 2016, 136 pages, 15 € . Ecrivain(s): Catherine Gil Alcala

Théâtre et poésie, théâtre poétique et poésie théâtrale, il faut ici lâcher la rive du connu. Certains renonceront de suite, d’autres oseront plonger au cœur du maelström. Ce n’est pas de lire, qu’il s’agit ici, mais d’expérimenter un état de conscience éclatée, une transe, un démembrement de la raison, qui nous culbutent. Manipulant dans son grand chaudron – visions, rêves, mythes et symboles, qu’elle touille comme prise de démence, Catherine Gil Alcala convoque la magie des mots pour pulvériser le réel et nous faire voir à travers le miroir ce qui est de l’ordre – ou plutôt du désordre – du grand chaos universel. Pythie au verbe noir et flamboyant, elle pousse les mots à leur paroxysme pour nous faire basculer de l’autre côté, du côté du grand rire salvateur, où rien n’est sérieux, tout est primordial.

Et chaque scène se nomme d’ailleurs non pas scène, mais miroir.

L’onde radiophonique qui traverse l’univers, Grand négateur limonade, Le Mort, Les fils de l’orage, Maman tintamarre, Samsara bondissant, Le jongleur dans l’horloge, Les mantras du vent, sont quelques-uns des personnages de ce théâtre fou. Fous comme peuvent l’être les Clowns sacrés.