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Articles taggés avec: Garcia Cathy

Le Silence des carpes, Jérôme Bonnetto (par Cathy Garcia)

Ecrit par Cathy Garcia , le Lundi, 29 Mars 2021. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Roman, Inculte

Le Silence des carpes, Jérôme Bonnetto, janvier 2021, 300 pages, 18,90 € Edition: Inculte

 

Jérôme Bonnetto nous livre ici un remarquable roman, aussi drôle que fin et touchant. Remarquable sur le plan littéraire et savoureux pour le lecteur qu’il entraîne avec virtuosité dans l’aventure de son narrateur : Paul Solveig, informaticien, qui pour échapper à la pente dépressive qui le guette, joue son destin au dé après avoir trouvé une photo qu’un pseudo plombier tchèque a laissé tomber dans sa cuisine. Apprenant par ce dernier qu’il s’agit d’une photo de sa mère disparue pendant le régime communiste, Paul Solveig s’organise expressément pour partir sans date de retour vers une Moravie dont il ignore tout. Certes sous le prétexte de rechercher des traces de la mère et de son photographe, dont la touche artistique le trouble beaucoup, mais aussi et surtout pour fuir la réalité d’une séparation avec Pauline, qui est sur le point de le quitter après 10 ans de vie commune. Fuir avant même d’en avoir la certitude.

Campagne perdue, Gustave Roud (par Cathy Garcia)

Ecrit par Cathy Garcia , le Lundi, 11 Janvier 2021. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Poésie

Campagne perdue, Gustave Roud, éditions Fario, octobre 2020, 112 pages, 14 €

Campagne perdue, « certes, mais une campagne transfigurée par le poème, et par là retrouvée, au moins pour un temps », comme l’écrit si justement Stéphane Pétermann dans sa postface. Postface dans laquelle il explique aussi que ce livre, paru en 1972, fut le résultat d’une longue genèse, les premiers jalons ayant été posés en 1933, à la mort de la mère de Gustave Roud, mais ce n’est que 30 ans plus tard qu’un projet littéraire, qui nécessitera encore de longues années de décantation, aboutira à une première publication à la Bibliothèque des Arts de Lausanne, en avril 1972 donc.

Campagne perdue est un tissage de proses écrites dans le Journal de l’auteur entre 1918 et 1963 avec des poèmes ayant paru pour la plupart en revues entre 1919 et 1957, des écrits glanés par le poète en marche à travers le Haut-Jura, sous le regard lointain de ses ancêtres paysans du côté maternel. En marche aussi à travers le temps, un demi-siècle qui a transformé les paysages et les hommes qui les habitent et les travaillent. Campagne perdue est un vibrant hommage à tous ces travailleurs et tout particulièrement aux laboureurs, aux faucheurs qui sous sa plume s’auréolent d’une lumière quasi sacralisée. La beauté de ces hommes, qui sont au centre de l’attention de l’auteur – qui a d’ailleurs pas mal photographié ces vigoureux corps paysans – y est soulignée, subtilement érotisée même.

Petits Cimetières sous la lune, Mauricio Electorat (par Cathy Garcia)

Ecrit par Cathy Garcia , le Lundi, 30 Novembre 2020. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Roman, Métailié

Petits Cimetières sous la lune, Mauricio Electorat, octobre 2020, trad. espagnol (Chili) par l’auteur lui-même, 302 pages, 21 € Edition: Métailié

Ce n’est pas tant l’intrigue qui nous attache à ce récit, bien qu’elle soit très intéressante, mais l’étonnante texture de son écriture, qui nous rend le narrateur très proche, très familier, et qui donne aussi, à ces Petits Cimetières sous la lune, un côté très cinématographique, sans pour autant tomber dans l’exercice de style. Le titre du roman évoque le pamphlet de Bernanos, Les Grands Cimetières sous la lune, et ce n’est pas un hasard. Le narrateur, Emilio Ortiz, a fui la pression familiale et son pays, le Chili, tout juste sorti de la dictature, pour aller étudier la linguistique à Paris, avec l’aide financière de sa jeune tante Amalia. Mais plus que de sa vie d’étudiant, à laquelle il sera peu assidu, c’est surtout de ses nuits de veilleur dans un petit hôtel du quartier Montparnasse qu’il est question, ses rencontres avec une faune nocturne, des amitiés entre exilés, des nuits alcoolisées. Il y a aussi Chloé, serveuse dans un dancing, le dancing de La Coupole, fréquenté par des couples mûrs qui semblent tout droit sortis des années ’50 ; Chloé qui soudain s’évapore, après avoir entretenu avec Emilio une courte, étrange et sexuellement intense relation, Chloé dont la disparition devient pour lui une obsession alors qu’il ne connaît même pas son nom de famille.

La Mort et le Météore, Joca Reiners Terron (par Cathy Garcia Canalès)

Ecrit par Cathy Garcia , le Lundi, 16 Novembre 2020. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Roman, Zulma

La Mort et le Météore, Joca Reiners Terron, octobre 2020, trad. portugais (Brésil) Dominique Nédellec, 190 pages, 17,50 € Edition: Zulma

 

Nul homme n’est le roi de quoi que ce soit.

Les Indiens Métropolitains

 

Un roman bien singulier que La Mort et le Météore, une dystopie amazonienne qui dresse un portrait acerbe d’une sinistre réalité brésilienne, d’ailleurs exacerbée encore depuis les dernières élections présidentielles, envers l’environnement et les derniers peuples autochtones, notamment les plus isolés, dits non contactés. C’est de ceux-là qu’il est question dans ce roman, qui se déroule dans un futur de plus en plus proche où il ne reste rien de la forêt amazonienne sinon quelques derniers hectares brûlant comme l’enfer et où le Chili a disparu sous le Pacifique.

Marcher sur la diagonale du vide, Jean-Luc Muscat (par Cathy Garcia)

Ecrit par Cathy Garcia , le Mercredi, 21 Octobre 2020. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Récits, Le Mot et le Reste

Marcher sur la diagonale du vide, juin 2020, 122 pages, 13 € . Ecrivain(s): Jean-Luc Muscat Edition: Le Mot et le Reste

 

Après avoir écrit Voyage du côté de chez moi, sorti chez le même éditeur en février 2019, Jean-Luc Muscat récidive avec Marcher sur la diagonale du vide. Dans le premier, l’auteur partait à pied de chez lui, dans le second, il part de Vézelay pour revenir à pied jusqu’à chez lui, près de Figeac dans le Lot. Un trajet qui s’inscrit dans un rectangle que géographes et démographes appellent « diagonale du vide » et que l’auteur requalifie de diagonale de la déprise, « pour exprimer le déclin de la population et des services de proximité, eu égard aux habitants de ces régions qui ne vivent pas en état d’apesanteur ». Un trajet d’environ 660 km, que l’auteur va parcourir en 25 journées d’avril.

Il est difficile de transcrire la marche, car l’acte d’écrire se fait à l’arrêt, au moment des pauses ; si la marche est inspiration, alors l’écriture en serait l’expiration, une expiration qui laisse des traces. Ainsi Marcher sur la diagonale du vide, en invitant le lecteur à marcher avec l’auteur, le déplace en une succession de tableaux mêlée d’impressions, de réflexions, d’anecdotes.