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Diaboliques, Sept femmes sous l’Occupation, Cédric Meletta (par Catherine Dutigny)

Ecrit par Catherine Dutigny/Elsa , le Mardi, 09 Avril 2019. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Histoire, Récits, Robert Laffont

Diaboliques, Sept femmes sous l’Occupation, février 2019, 221 pages, 20 € . Ecrivain(s): Cédric Meletta Edition: Robert Laffont

On le sait, le chiffre sept est considéré dans beaucoup de religions comme un nombre sacré. Il marque les esprits en bien comme en mal, et ce n’est sans doute pas un hasard si Cédric Meletta a choisi de sortir d’un relatif oubli historique le destin de sept femmes afin d’illustrer la figure féminine du Diable sous l’Occupation.

Sept femmes aux origines sociales, aux nationalités, aux cultures et aux activités délictueuses différentes. Un choix judicieux qui est le premier attrait de ce livre. Pas ou très peu de redites, de similitudes dans ces sept chemins pavés d’horreurs, de chantages, de vols et de crimes. Il y a tant de manières d’être une hyène, une diabolique, quand on croit dur comme fer pouvoir faire son beurre et son miel du malheur des autres.

Peu de points communs également sur des fins de vie écourtées de manière expéditive ou au contraire protégées, voire mystérieuses. Être une femme à la fin de la Seconde Guerre mondiale, même suspectée des pires travers ou au minimum d’avoir œuvré de concert avec des ultra-collaborateurs et/ou des membres de la Gestapo, peut valoir (parfois) l’indulgence des tribunaux présidés par des hommes. Souvent considérées comme des exécutantes de second ordre, certaines échapperont à la peine capitale.

Un poisson sur la lune, David Vann (par Catherine Dutigny)

Ecrit par Catherine Dutigny/Elsa , le Mardi, 26 Mars 2019. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Roman, Gallmeister

Un poisson sur la lune, février 2019, trad. américain Laura Derajinski, 288 pages, 22,20 € . Ecrivain(s): David Vann Edition: Gallmeister

 

Autopsie d’un suicide.

« Le problème de Jim, c’est qu’il n’arrive pas à entrer dans sa propre vie, et il va laisser cela en héritage » (p.84).

Jim, 39 ans, a quitté l’Alaska direction la Californie, pour rejoindre son frère Doug qui va l’escorter dans un mini road trip, le conduisant chez un psychiatre, chez ses parents, auprès de ses ex-femmes, de ses enfants, et de quelques amis.

« On » pense que cela va l’aider à combattre ses troubles psychiques qui ressemblent à ceux d’une psychose maniaco-dépressive. « On », c’est bien entendu le médecin, mais aussi et surtout ce frère plus jeune tellement subjugué par la personnalité de l’aîné, dépassé par le mal dont celui-ci souffre et qui vit dans les souvenirs du temps où tout allait bien, celui des chasses et des pêches de leur enfance, des interminables parties de cartes et de leur ancienne complicité. « On », ce sont aussi tous ceux que Jim va croiser sur sa route et qui veulent soit ne pas voir sa souffrance, soit sincèrement l’écarter de ses pensées suicidaires.

César Capéran ou la Tradition, Louis Codet (par Catherine Dutigny)

Ecrit par Catherine Dutigny/Elsa , le Mardi, 29 Janvier 2019. , dans La Une Livres, La Table Ronde - La Petite Vermillon, Les Livres, Critiques, Roman

César Capéran ou la Tradition, novembre 2018, 144 pages, 6,10 € . Ecrivain(s): Louis Codet Edition: La Table Ronde - La Petite Vermillon

 

Elégance, finesse, délicatesse, la liste des adjectifs qui accompagnent la lecture des textes de Louis Codet sont à l’image de ce dandy roussillonnais par sa mère et limousin par son père, formé au Lycée Condorcet, Docteur en droit, parfait exemple de cette élite intellectuelle du début du XXesiècle qui écrit, peint, débat à l’Assemblée nationale avec un total naturel et une parfaite aisance.

Dans ce court roman qui sera édité par Gaston Gallimard après sa mort, Louis Codet, le ton enjoué et gentiment moqueur, décrit la rencontre du narrateur avec un jeune gascon, César Capéran, « monté » à Paris dans l’attente d’un obscur poste au sein d’un non moins obscur ministère des Colonies. Un jeune homme qui ne fait strictement rien de ses journées et vit chichement sur les modestes revenus d’un petit domaine occitan de Barbazanges qui lui fournit pommes, poules et vin. « C’était du bon vin blanc, très clair, ayant goût de pierre à fusil, l’agréable vin de l’Armagnac. J’en avais bu de semblable dans son pays, là-bas, quelque soir où je me reposais, entre deux caisses de lauriers roses, sur le seuil plaisant d’une auberge, tandis que les chars à bancs qui revenaient du marché roulaient sous les ormeaux poudreux de la grand’route… » (p.26).

Le Petit Sapin de Noël, Stella Gibbons (par Catherine Dutigny)

Ecrit par Catherine Dutigny/Elsa , le Mercredi, 05 Décembre 2018. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Iles britanniques, Roman, Héloïse D'Ormesson

Le Petit Sapin de Noël, novembre 2018, trad. anglais Philippe Giraudon, 304 pages, 19 € . Ecrivain(s): Stella Gibbons Edition: Héloïse D'Ormesson

 

Un titre peut en cacher un autre. Ce recueil de nouvelles aurait peut-être mérité, pour être plus conforme à son contenu, une traduction littérale de son titre anglais Christmas at Cold Comfort Farm and other Stories, car le « other stories » est de loin beaucoup plus intéressant que la première histoire assez convenue, Le Petit Sapin de Noël. Un texte qui fait écho au premier roman de Stella Gibbons publié en 1934, Cold Comfort Farm, roman qui valut à l’auteure le Prix Femina-Vie Heureuse, la même année (prix créé en 1904 pour contrebalancer le prix Goncourt jugé trop misogyne).

Sans bouder les aventures de Miss Rhoda Harting, vieille fille romancière de trente-trois ans, qui s’apprête à fêter en célibataire dans sa campagne anglaise le réveillon du 24 décembre, on se passionne davantage pour les quatorze autres récits dont le sujet principal est la vie de couple ou plutôt l’incroyable et récurrente difficulté de vivre une vie de couple épanouie.

Écrites dans l’entre-deux-guerres et publiées en 1940, ces nouvelles reflètent un moment de l’histoire des femmes particulièrement complexe et soumis à de multiples influences contradictoires.

Les enfants de Lazare, Nicolas Zeimet (par Catherine Dutigny/Elsa)

Ecrit par Catherine Dutigny/Elsa , le Mercredi, 17 Octobre 2018. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Roman, Jigal

Les enfants de Lazare, septembre 2018, 296 pages, 19 € . Ecrivain(s): Nicolas Zeimet Edition: Jigal

 

« Et le mort sortit, les pieds et les mains liés de bandes, et le visage enveloppé d’un linge. Jésus leur dit : déliez-le, et laissez-le aller ». Ce passage de L’Évangile selon Saint Jean contant la résurrection de Lazare nous interroge sur la possibilité d’une vie après la mort, sur la frontière ténue entre l’état conscient et l’arrêt définitif des fonctions cérébrales. Par extension, il nous interpelle également sur les expériences de mort imminente (EMI) avec ses visions, ses sensations de « décorporation ».

Sujet de réflexion aux frontières de la philosophie et du mysticisme, que l’on soit croyant ou non, sujet d’interrogation pour les médecins et les scientifiques qui peinent toujours à définir de manière précise le passage de la vie à la mort, mais aussi un sujet fort tentant pour des auteurs de romans policiers, de thrillers ou de fantastique.

Nicolas Zeimet s’en empare en privilégiant l’enquête journalistique, l’empathie avec les victimes et l’entêtement du héros principal dans la recherche de la vérité au détriment de ce qui aurait pu n’être qu’une exploration clinique supplémentaire du phénomène, colorée de suspense plus ou moins sanguinolent.