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La guerre invisible, Drew Chapman

Ecrit par Jean-Jacques Bretou , le Mardi, 25 Avril 2017. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Albin Michel, Roman, USA

La guerre invisible, février 2017, trad. Frédéric Grellier, 510 pages, 23,90 € . Ecrivain(s): Drew Chapman Edition: Albin Michel

 

Écrire un roman policier peut s’apparenter à la technique du tressage ou du tissage. Comme on noue ou l’on entrecroise des fils ou des cordelettes pour réaliser un motif, on se sert des différents éléments d’une affaire ou des personnages comme des brins de matière que l’on attache ou que l’on entrelace. Au fur et à mesure de ces opérations, apparaissent, comme un canevas, les différents tableaux de l’histoire. Dans La guerre invisible chaque brin, chaque évènement constitue un chapitre. Ces derniers sont plutôt courts ; ainsi l’ensemble est bâti de telle sorte que, malgré sa complexité, l’histoire se lit bien et vous tient en haleine.

Le héros de Chapman, Garett Reilly, est un trader de vingt-six ans très brillant analyste, mais amoral et antimilitariste, travaillant sur le marché obligataire, chez Jenkins & Altshuler à New-York, sous le regard indulgent et protecteur de son boss Avery Bernstein.

Dans l’ombre, Arnaldur Indridason

Ecrit par Jean-Jacques Bretou , le Mercredi, 29 Mars 2017. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Polars, Pays nordiques, Roman, Métailié

Dans l’ombre, février 2017, trad. islandais Éric Boury, 344 pages, 21 € . Ecrivain(s): Arnaldur Indridason Edition: Métailié

 

Après 12 romans ayant pour héros Erlendur Sveinsson, le plus connu en France des auteurs de romans policiers islandais, Arnaldur Indridason, se lance dans une nouvelle série, Trilogie des ombres, ayant pour cadre la période 1941-1944. C’est dans cette Islande du passé, à l’histoire mouvementée, qui vit sous l’occupation anglo-américaine, alors que l’Europe est envahie par l’Allemagne, que vont désormais se nouer de sombres intrigues.

En 1941, on découvre dans un petit appartement de Reykjavik un représentant de commerce tué d’une balle dans la tête, le front marqué du symbole nazi. Á ses côtés se trouve une valise contenant une capsule de cyanure. Un jeune policier islandais, Fovent, seul inspecteur de la police criminelle d’Islande, ex-stagiaire de Scotland-Yard à Edimbourg, accompagné d’un membre de la police militaire américaine ayant le même âge, « Islandais de l’ouest » né au Canada, donc parfaitement bilingue, Thorson, sont chargés de l’enquête. Les soupçons se portent d’abord sur les soldats américains occupant l’île ou sur quelqu’un se trouvant « dans la situation », à savoir quelqu’un fréquentant ces militaires, compte tenu de la marque de l’arme trouvée sur place ; un Colt. Puis les recherches s’orientent dans d’autres directions lorsque l’on découvre la véritable identité de la victime.

Article 353 du code pénal, Tanguy Viel

Ecrit par Jean-Jacques Bretou , le Jeudi, 23 Mars 2017. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Roman, Les éditions de Minuit

Article 353 du code pénal, janvier 2017, 176 pages, 14,50 € . Ecrivain(s): Tanguy Viel Edition: Les éditions de Minuit

 

Ce livre raconte une histoire sombre comme peuvent l’être dans le Finistère les jours de pluie, l’hiver. Á force de tomber, le crachin vous pénètre tout entier et vous recouvre, corps et âme, d’une couche grise et poisseuse. Et le vent souffle sur le paysage un air à faire tourner la tête et lever le cœur. C’est une de ces histoires que l’on aime cependant à lire, retranché dans le confort douillet d’un intérieur qui vous abrite du temps et vous protège du mauvais sort. La Bretagne est une terre de légende et les Bretons savent les conter comme personne ou comme Tanguy Viel.

Celle-ci est celle de Martial Kermeur, un homme ordinaire, la cinquantaine demeurant dans une presqu’île de la rade de Brest. En fait Kermeur n’est pas si ordinaire qu’il y paraît. Il a été tellement malmené par la vie que l’on n’en revient pas vraiment de le voir tenir debout. Kermeur s’adresse à un juge d’instruction, il raconte son histoire, sa vie, avec ses mots, pas ceux qui sortent des livres de droit, comme il dit, et ses mains qu’il a besoin de sentir libres.

La filière écossaise, Gordon Ferris

Ecrit par Jean-Jacques Bretou , le Samedi, 11 Mars 2017. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Iles britanniques, Polars, Roman, Seuil

La filière écossaise, février 2017, trad. anglais Hubert Tézenas, 472 pages, 22,50€ . Ecrivain(s): Gordon Ferris Edition: Seuil

 

Automne 1946, nous retrouvons Douglas Brodie (déjà présent dans La Cabane des pendus et Les Justiciers de Glasgow (1), reporter à la Glasgow Gazette, en train d’enquêter pour son ami le tailleur Isaac Feldmann. Ancien flic avant guerre puis ex-officier interprète à Bergen-Belsen au procès des anciens criminels nazis, l’intrépide et perspicace Brodie doit tenter d’élucider le mystère de plusieurs vols de bijoux ayant eu lieu le jour de shabbat dans la communauté juive de Garnethill. Tandis que son amie avocate et logeuse, la belle et intelligente Samantha Campbell, part pour Hambourg afin de participer au procès pour crimes de guerre contre les fonctionnaires du camp de concentration de Ravensbrück, Brodie découvre que se cache derrière les brigandages sur lesquels il enquête une « route des rats ». Á la classique filière qui permettait aux criminels de guerre de s’enfuir en Amérique du sud via l’Autriche et l’Espagne, il en existerait une autre partant de Hambourg, allant à Glasgow pour rejoindre les Etats-Unis.

La Huitième Reine, Bina Shah (2ème critique)

Ecrit par Jean-Jacques Bretou , le Lundi, 13 Juin 2016. , dans La Une Livres, Actes Sud, Les Livres, Critiques, Asie, Roman

La Huitième Reine, février 2016, trad. anglais Christine Le Bœuf, 360 pages, 23 € . Ecrivain(s): Bina Shah Edition: Actes Sud

Après de nombreuses années d’exil, suite à une amnistie, Benazir Bhutto atterrit à Karachi le 18 octobre 2007. Elle est pressentie pour devenir de nouveau premier ministre du Pakistan.

Ali Sikandar, à la fois étudiant à Bhutto University et reporter pour la chaîne de télévision privée City24 News, est chargé de couvrir l’évènement. Un attentat a lieu, tuant plus d’une centaine de personnes dont Haroon le cameraman d’Ali. Ce dernier qui sort très choqué de cette épreuve est amené à se poser des questions.

Personnage central, de ce livre, Ali a une vie un peu particulière. Expatrié pendant un certain temps à Dubaï pour suivre ses études, il est obligé de rentrer à Karachi pour aider sa mère et ses frères et sœurs. Son père, qu’il hait, a abandonné sa famille pour se remarier. Ali cache cette situation à ses proches et prétend que son père est mort. Il a peur d’être détesté non pas tellement pour le remariage de son père que pour les origines de ce dernier. C’est un Pir, un féodal appartenant à la classe dominante accusé d’exploiter le peuple. Ali, comme tous jeunes de son pays, se pose des questions sur la politique du Pakistan et ses dérives. Il se demande s’il doit rester ou préférer à nouveau l’expatriation. Dans sa chair, il vit douloureusement son amour pour sa fiancée hindoue à qui il a aussi caché ses origines.