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Poésie

Théogonie. Un chant du cosmos, Hésiode

Ecrit par Marc Michiels (Le Mot et la Chose) , le Samedi, 25 Avril 2015. , dans Poésie, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Bassin méditerranéen, Fayard

Théogonie. Un chant du cosmos, Hésiode, octobre 2014, traduit du grec et commenté par Aude Priya Wacziarg Engel, 296 pages, 20 € Edition: Fayard

 

« Commençons, pour chanter, par les Muses Héliconiennes, qui habitent la grande et divine montagne de l’Hélicon,

Et qui autour de la source à l’aspect de violette, de leurs pieds délicats, dansent, ainsi qu’autour de l’autel du très puissant fils de Cronos » (V.1).

 

La Théogonie est un chant en l’honneur des dieux Immortels et des forces qui composent le monde, c’est-à-dire le cosmos, un miroir du monde des origines, de la cosmogonie, des divinités primordiales, l’histoire de l’origine des dieux, de la castration du Ciel ou encore le mythe de Prométhée, avec le vol du feu et des Muses qui constituent un véritable « antidote » entre le monde des dieux et celui des hommes. Ainsi, en régnant sur l’oubli du mal et au moment où ces derniers se trouvent séparés des dieux, ces maux ont pour conséquence la création de la première femme aux côtés des hommes.

Fou, dans ma hâte, Serge Nû̃nez Tolin

Ecrit par Didier Ayres , le Vendredi, 24 Avril 2015. , dans Poésie, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Rougerie Editeur

Fou, dans ma hâte, janvier 2015, 13 € . Ecrivain(s): Serge Nû̃nez Tolin Edition: Rougerie Editeur

 

La poésie ou le silence

Contrairement à ce que laisse entendre l’avant-lire du dernier recueil de Serge Nû̃nez Tolin, paru aux éditions Rougerie, ce n’est pas que d’effusion amoureuse dont il s’agit, mais beaucoup de silence et d’accotement du langage, d’ancrage des mots vers les choses et le réel. Nous sommes donc au milieu d’une poésie sans images, avec beaucoup de mots et de généralités essentielles, comme le temps, la langue, la lenteur ou encore le silence, qu’il faut lire avec attention et subtilité.

Car ces textes poussent le lecteur à réfléchir. Et même grandement à ce qui semble antithétique à la poésie, le silence. Les images disparaissent devant l’impérieux silence, à quoi convie avant et après l’expression écrite. Car, pour moi qui connais un peu la nature de la poésie, il est bien vrai qu’elle s’épaule au silence, qu’elle est à la fois sa consommation et sa magnificence. Et comme l’écrit le poète : Les mots ressemblent au silence.

Courants blancs, Philippe Jaffeux

Ecrit par Marie-Josée Desvignes , le Mardi, 21 Avril 2015. , dans Poésie, Les Livres, Critiques, Livres décortiqués, La Une Livres

Courants blancs, Ed. L’Atelier de l’agneau, 2014, 80 pages, 16 € . Ecrivain(s): Philippe Jaffeux

 

 

Une cathédrale de mots ! Pas au sens qu’en donnait Proust mais dans la construction monolithique de chaque page composée de vingt-six lignes, vingt-six aphorismes qui hésitent entre récit (imp/passé simple) – où l’imparfait a ce rendu « mélancolique » que lui reconnaissait Proust encore – réflexion et poésie. La quatrième de couverture signale : aucun de ces « courants » n’a été écrit ; ils ont tous été enregistrés avec un dictaphone numérique. Précaution essentielle tant on sent le souffle langagier d’une parole qui s’éprouve et se creuse dans le silence. L’incipit est prometteur : Il se noya dans un cercle lorsqu’il confondit l’eau avec une quinzième lettre solaire. On est averti, on a déjà un pied dans l’O, le rond de la spirale ou le tourbillon qui va nous aspirer. Ce premier aphorisme annonce ainsi au lecteur un avertissement à se perdre lui aussi dans la suite onirique que recèlent ces « courants » dont l’élément eau, associé à celui de l’air, avertit qu’on va nous aussi plonger profond.

Une femme à gros seins qui court le marathon, Éric Dejaeger

Ecrit par Cathy Garcia , le Lundi, 20 Avril 2015. , dans Poésie, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Gros Textes

Une femme à gros seins qui court le marathon, décembre 2014, 78 pages, 8 € . Ecrivain(s): Éric Dejaeger Edition: Gros Textes

 

On pourrait croire que ce titre – accompagné d’une illustration explicite de Sarah Dejaeger (toute ressemblance avec le nom de l’auteur n’est pas fortuite) – est racoleur, et si certains tombent dans le panneau, ils seront punis de poésie, car Éric Dejaeger n’a rien à vendre, et racoler n’est pas son genre, il aurait même plutôt tendance à rabrouer si on l’emmerde de trop près.

Le titre est celui du poème du même nom :

 

« Ce titre m’est venu

À l’esprit

En voyant une femme plantureuse

Faire du jogging »

p(H)ommes de terre, René Lovy & Thomas Vinau

Ecrit par Philippe Chauché , le Samedi, 18 Avril 2015. , dans Poésie, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Arts, La Boucherie Littéraire

p(H)ommes de terre, coll. Les petits farcis, janvier 2015, 72 pages couleurs, 16,50 € . Ecrivain(s): René Lovy & Thomas Vinau Edition: La Boucherie Littéraire

 

 

On sait Thomas Vinau attentif aux pierres, aux fleurs de cerisiers, aux nuages, aux arbres, aux papillons de nuit, aux fruits, aux bruits de la terre, aux éclairs du Luberon, aux songes et à la beauté amusée des association d’idées et de mots, à la souplesse des petites fictions vives et réjouissantes. On le découvre amateur de Solanum tuberosum, de pommes de terre que sculpte René Lovy. Ce gracieux petit livre est la trace d’une rencontre potagère et inspirée entre deux artistes. L’un jongle – l’art de la plaisanterie – avec ses mots, l’autre avec ses tubercules. Les deux façonnent et saisissent des gueules et des tronches qui se tordent – de rire et de doute –, boudent, sourient et tremblent. Bestiaire de la laideur et de la stupeur où les bouches se tordent et les yeux se plissent, monstres surgis de l’humus inspiré du sculpteur.