Identification

Les Livres

Ör, Auður Ava Ólafsdóttir

Ecrit par Patryck Froissart , le Lundi, 22 Janvier 2018. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Pays nordiques, Roman, Zulma

Ör, octobre 2017, trad. islandais Catherine Eyjólfsson, 236 pages, 19 € . Ecrivain(s): Auður Ava Ólafsdóttir Edition: Zulma

 

Le narrateur, Jonas Ebeneser, opère une rupture brutale, qu’il annonce définitive, avec sa vie, son travail, sa famille, ses amis, après avoir appris que sa fille Nymphéa n’est pas sa fille. Une ultime visite à sa mère, « ratatinée » dans sa maison de retraite, qui radote en faisant référence à ses connaissances d’historienne, ne fait que conforter sa décision.

Je n’ai pas l’intention de finir comme maman.

Il en a décidé : il veut, il doit mourir. Après avoir mis de l’ordre dans sa cave et retrouvé le journal de ses jeunes années, il part sans prévenir quiconque, avec sa caisse à outils et un vieux fusil emprunté à son meilleur ami Svanur, loin, de l’autre côté de la mer, dans un pays dévasté par une guerre qui vient tout juste de s’achever.

La question est de savoir quelle destination prendre. Je cherche sur Internet une destination adéquate en me concentrant sur les latitudes en zone de guerre.

Le Grand Chosier, Laurent Albarracin

Ecrit par Philippe Leuckx , le Lundi, 22 Janvier 2018. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Poésie

Le Grand Chosier, Le Corridor bleu, 2015, 184 pages, 18 € . Ecrivain(s): Laurent Albarracin

 

Ce quatorzième livre de poèmes du poète né en 1970 répond sans doute au vœu de faire de la poésie le nœud de recherches formelles, dans le grand souci d’une langue inventive, ici, prise littéralement de folie lexicale, tant la langue d’Albarracin se donne toujours prête à se mordre la queue, à se dérouler en matrice permanente, jouant le jeu de s’autoproduire à satiété :

Un caillou est chauve de tout. Comme peaufiné par rien. Il fait un trou dans l’eau de l’air.

Un caillou est comme un trou mais un trou fait de matière, une légère béance comblée de pierre… (p.31).

L’humour, normal pour ce continuateur de l’Oulipo, dont les exercices de style fusent ici à tout vent, produit un exemple notoire avec Le Poirier (p.13) :

Psychothérapie de Dieu, Boris Cyrulnik

Ecrit par Jeanne Ferron-Veillard , le Vendredi, 19 Janvier 2018. , dans Les Livres, Critiques, Essais, La Une Livres, Odile Jacob

Psychothérapie de Dieu, septembre 2017, 314 pages, 22,90 € . Ecrivain(s): Boris Cyrulnik Edition: Odile Jacob

 

 

Dieu était en souffrance. L’homme devait prendre soin de Lui. Et l’appeler par son Nom. Pour cela, il a créé l’outil, il a pensé le mythe. L’ordre imaginaire. L’intersubjectivité. Or il a oublié son Nom.

L’idée de Dieu serait donc née de la nécessité de vivre ensemble, de cette obligation absolue à vivre. Vivre par soi et avec l’autre, vivre par son corps et avec sa mort. Tenir les hommes entre eux par une seule et même réponse. L’idée de Dieu serait donc née du désespoir, entre autres née de l’effroi, noire terreur ou immensité noire, lueurs tremblantes telles ces fusées déclenchées en cas de détresse. Inspirée de la subdivision parentale, elle serait alors le souvenir réactivé du paradis familial. Dieu à l’image de l’homme. Père, mère, l’homme son enfant. L’homme engagé à reproduire l’image, devenir père, devenir mère. Redevenir Dieu. Et rappeler à Lui la biologie de l’âme.

Tina, Christian Laborde

Ecrit par Philippe Chauché , le Mercredi, 17 Janvier 2018. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, Les éditions du Rocher

Tina, janvier 2018, 128 pages, 14,90 € . Ecrivain(s): Christian Laborde Edition: Les éditions du Rocher

 

« La nuit est un animal qui ne dort que d’un œil. Elle sent bien que cette sortie à moto est une fuite, qu’une peau est en jeu. La nuit prend soin de Tine, de ses cheveux. C’est elle qui règle l’intensité du vent, le maintient à distance du side-car. Le vent ne doit pas décoiffer Tine ».

Tina fuit, elle fuit la fureur des hommes, la vengeance des vauriens de Vissos, le charivari, elle ne laissera pas ces résistants lui voler sa longue chevelure flamboyante, elle refuse les crachats, les insultes, et l’infamie. Alors, elle fuit, elle fuit dans la nuit occitane avec l’aide de Gustin, fidèle et silencieux, elle fuit vers la ville, vers Toulouse où personne ne la connaît, pour se cacher chez les Sœurs de la rue des Trois-Fontaines. Elle a une mémoire affutée Tina, comme son regard, elle ne plie pas, elle s’ouvre au monde, comme elle ouvrait ses bras à son amant Karl, l’officier allemand qui lui offrait en retour des vers de Verlaine, d’Hugo, de Musset, d’Apollinaire : « En admirant la neige semblable aux femmes nues ».

Théorie critique du sport. Essais sur une diversion politique, Jean-Marie Brohm

Ecrit par Jean Durry , le Mercredi, 17 Janvier 2018. , dans Les Livres, Critiques, Essais, La Une Livres

Théorie critique du sport. Essais sur une diversion politique, QS ? Editions, coll. Horizon critique, septembre 2017, 384 pages, 20 € . Ecrivain(s): Jean-Marie Brohm

 

Avec une pugnacité jamais entamée, voire renforcée au fil du temps, Jean-Marie Brohm, infatigable, poursuit son combat entamé dès 1964 avec un premier article, dans la revue Partisans, par ce jeune professeur d’éducation physique au Lycée Condorcet depuis quelques mois – il avait alors 23 ans. Après d’innombrables et intarissables publications, le présent ouvrage Théorie critique du sport est majeur. Il apparaît comme une quintessence, une somme, inséparable du regard d’ensemble sur son propre parcours de celui qui – tout en s’appuyant comme toujours sur le corpus d’une énorme bibliographie (notamment de langue allemande) – peut affirmer : « La généalogie de la Théorie critique du sport est intimement liée à mon histoire personnelle ».

Son propos affirmé et réaffirmé est celui d’une « critique radicale du sport » dans une « sociologie politique » dialectique. Car « j’ai analysé l’institution sportive comme une agence intégrée du mode de production capitaliste […] du point de vue de l’économie politique de Marx ». Intuitivement puis méthodiquement, étape par étape,