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Le Mot et le Reste

Le mot et le reste est une maison d'édition située à Marseille, fondée par Yves Jolivet en 1996.

Elle publie des ouvrages, documents, témoignages, et essais dédiés à l'esthétique, la musique, les sciences humaines, la littérature, et la poésie contemporaine.


Voyage du côté de chez moi, Jean-Luc Muscat (par Gilles Banderier)

Ecrit par Gilles Banderier , le Lundi, 16 Septembre 2019. , dans Le Mot et le Reste, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman

Voyage du côté de chez moi, février 2019, 88 pages, 10 € . Ecrivain(s): Jean-Luc Muscat Edition: Le Mot et le Reste

 

Au milieu d’une production littéraire, quoi qu’on en dise, de plus en plus calibrée et obéissant à un cahier des charges imposé par on ne sait exactement qui, il arrive que des éditeurs discrets (l’expression « petits éditeurs » ne rend pas compte de leur rôle important : après tout, eux seuls prennent des risques en sortant des sentiers battus) fassent paraître des titres dignes de retenir l’attention. C’est le cas de la maison marseillaise, Le Mot et le Reste, avec ce Voyage du côté de chez moi. Dans l’esprit du lecteur lettré, qui connaît ses classiques, ce titre évoque le Voyage autour de ma chambre de Xavier de Maistre, admirable texte mineur, si l’on veut, mais qu’on peut relire chaque année sans se lasser. En ce qui le concerne, Jean-Luc Muscat est sorti de sa chambre et même de sa maison. À une époque où les compagnies aériennes à bas prix emmènent leur clientèle à l’autre bout du monde pour un tarif minimal et un inconfort maximal, Muscat s’est satisfait d’utiliser le plus vieux moyen de locomotion qui existe. Si l’on admet qu’après leur apparition en Afrique, les ancêtres des êtres humains ont progressivement colonisé les zones les moins inhospitalières de la planète, ils ne l’ont fait qu’en marchant.

Et les Beatles montèrent au ciel, Valentine Del Moral (par Guy Donikian)

Ecrit par Guy Donikian , le Mercredi, 28 Août 2019. , dans Le Mot et le Reste, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, Récits

Et les Beatles montèrent au ciel, juin 2019, 151 pages, 15 € . Ecrivain(s): Valentine Del Moral Edition: Le Mot et le Reste

 

Le sous-titre de l’ouvrage est explicite : Le concert du rooftop. Et la photo de couverture le confirme, il s’agit de la dernière apparition des Beatles en concert, sauf que cette der des ders aura eu une singularité, à savoir l’absence du public…

Nous sommes le 30 janvier 1969. Vers midi, par un temps maussade et venteux, les Fab Four vont effectivement donner leur dernier concert, mais ils ne le savent pas. Cela fait deux ans qu’ils ne se sont pas produits en public et ce 30 janvier sera un événement qui marquera l’histoire de la « pop music ».

Valentine Del Moral a construit son livre autour de ce « concert » devenu mythique. Elle égrène tout au long de son texte des allers-retours qui donnent à ce 30 janvier toute sa valeur. Ce sont les trajectoires des rares spectateurs présents sur le toit de l’immeuble situé au 3 Savile Row, immeuble qui appartient aux Beatles. Et c’est un certain Michael Lindsay-Hogg qui dirige les cameras chargées de filmer ce concert qui durera quarante deux minutes.

Le Pays des petites pluies, Mary Austin (par Yasmina Mahdi)

Ecrit par Yasmina Mahdi , le Vendredi, 08 Mars 2019. , dans Le Mot et le Reste, Les Livres, Critiques, La Une Livres, USA, Roman

Le Pays des petites pluies, février 2019, trad. et préface, François Specq, 190 pages, 8,90 € . Ecrivain(s): Mary Austin Edition: Le Mot et le Reste

 

La pionnière

Les éditions Le Mot et le Reste nous donnent à lire l’ouvrage lumineux de Mary Austin (1868-1934), Le Pays des petites pluies, dans lequel le paysage est le sujet du récit, « pays des frontières perdues » soumis l’été à « un intolérable éblouissement solaire ». Et pourtant il y pleut. Il y a des couleurs, des plus claires aux plus obscures, des formes, des plus élevées aux plus abyssales. Des accalmies et des tempêtes. De la chaleur intense et du gel. Et l’Indien veille, résiste, fier, dans la Vallée de la Mort. L’essence même de la vie sur terre trouve son accomplissement dans ce « véritable désert ». C’est une leçon de nature, presque une parthénogenèse dans laquelle certaines espèces s’auto-multiplient, s’épanouissent, non dans le chaos mais dans l’ordre primordial. Mary Austin identifie chaque arpent de cette terre de l’Ouest américain, l’inventorie, en confectionne un herbier vivace. Elle décrit avec délicatesse les vibrations de la végétation, les plantes adaptées à la sécheresse ou aux milieux aquatiques, les végétaux d’altitude, leurs types biologiques, le pelage des petites bêtes de cette région ; d’où un amour et une compassion à l’égard des espèces du monde végétal et animal.

La mélodie sanctuaire, Arnaud Gauthier (par Yann Suty)

Ecrit par Yann Suty , le Vendredi, 15 Février 2019. , dans Le Mot et le Reste, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, Arts

La mélodie sanctuaire, janvier 2019, 252 pages, 20 € . Ecrivain(s): Arnaud Gauthier Edition: Le Mot et le Reste

La musique peut adoucir les mœurs. C’est en tout cas ce que prétendent certains. Mais la musique est aussi capable de faire bien pire (que de nous écorcher les oreilles). Et s’il existait une chanson avec des pouvoirs quasi magiques ? Une chanson capable d’ensorceler les gens, de leur rendre la vie plus douce, mais qui pourrait également révéler les pulsions primaires et créer le danger, l’insécurité ? Il s’agirait d’une chanson qui fait succomber celui ou celle qui l’écoute dès la première note, et qui ensuite devient comme une drogue qu’on ne se lasse jamais d’écouter. Ce serait une chanson qui a les mêmes pouvoirs que la musique du joueur de flûte d’Hamelin ou que le chant des sirènes de L’Odyssée.

Cette chanson existe et elle a été créée par Alex Grant Zyler, un chanteur d’un des plus grands groupes de rock du monde.

En fait, le chanteur du groupe Heart Vigilantes ne l’a pas vraiment créée. Cette chanson s’est plutôt révélée par sa guitare et sa voix, car elle existe depuis très longtemps. Elle existe même depuis plusieurs siècles et elle lie les hommes entre eux. C’est « une mélodie venue du fond des âges » qui réapparaît de temps à autre, sous différentes formes. Ceux qui l’écoutent se retrouvent alors comme enfermés dans un sanctuaire, c’était comme si un chaman les contrôlait. On l’appelle la « mélodie sanctuaire ».

Les vents de Vancouver, escales dans l’espace-temps du Pacifique Nord, Kenneth White

Ecrit par Lionel Bedin , le Lundi, 24 Novembre 2014. , dans Le Mot et le Reste, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Récits

Les vents de Vancouver, escales dans l’espace-temps du Pacifique Nord, mars 2014, traduction de Marie-Claude White, 176 pages, 17 € . Ecrivain(s): Kenneth White Edition: Le Mot et le Reste

 

Kenneth White nous a déjà emmené dans des contrées blanches et bleues, au Labrador, dans La route bleue (1983, prix Médicis). Il fait d’ailleurs un petit clin d’œil à cette route à la fin de son périple : « Mais, bon, il est temps de reprendre la route, la route sceptique, la route surnihiliste, la route bleue avec ses moments bleus, ses lumières blanches et ses lignes noires et fermes ». Cette fois c’est à l’opposé, à l’ouest du continent américain, que le voyageur et écrivain nous transporte, du côté de Vancouver, le long du Pacifique Nord et des côtes ouest du Canada et de l’Alaska.

D’abord, les lieux. White sait décrire les lieux. Ici Vancouver, avec sa litanie poétique de noms de quartiers, avec une description de la ville bruyante, en effervescence. La ville, le musée, le port et sa faune hétéroclite, le cimetière. Pour White, musarder dans un musée c’est la possibilité de « trouver une image cohérente du monde » et la lecture des inscriptions des pierres tombales lui permet de « pénétrer dans le théâtre du monde ».