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Le wagon plombé, suivi de « Voyage en Russie » et de « Sur Maxime Gorki », Stefan Zweig

Ecrit par Patryck Froissart , le Samedi, 08 Juillet 2017. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Essais, Langue allemande, Petite bibliothèque Payot, Voyages

Le wagon plombé, suivi de « Voyage en Russie » et de « Sur Maxime Gorki », mars 2017, trad. allemand Olivier Mannoni, Préface Sabine Dullin, 167 pages, 6,80 € . Ecrivain(s): Stefan Zweig Edition: Petite bibliothèque Payot

 

 

La publication, à intervalles réguliers, en format poche, d’une réédition de tranches choisies de l’œuvre de Stefan Zweig dans les collections de grandes maisons, ne peut manquer d’intéresser les lecteurs amateurs d’un auteur dont tout texte est à lire. Après Amok, Etait-ce lui ?, Vingt-quatre heures de la vie d’une femme, et Découverte inopinée d’un vrai métier, chez Gallimard, c’est au tour de Payot, avec Le wagon plombé qui vient de sortir dans sa Petite Bibliothèque, de nous offrir la belle opportunité de lire pour La Cause Littéraire d’autres pièces de Zweig.

Les trois textes recueillis dans cet ouvrage reflètent l’attraction voire la fascination exercée sur l’auteur, comme sur nombre d’écrivains, artistes et intellectuels, par la Révolution d’Octobre 1917 et les premières décennies du régime soviétique.

La lenteur, Milan Kundera

Ecrit par Matthieu Gosztola , le Vendredi, 07 Juillet 2017. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Roman, Gallimard

La lenteur, 160 pages, 13,50 € . Ecrivain(s): Milan Kundera Edition: Gallimard

 

 

L’on sait tout le mépris de Kundera – dont l’œuvre est importante – pour l’exégèse, d’où sa volonté de faire figurer l’édition définitive de son œuvre dans la Pléiade sans aucune note, mépris que prend à son compte François Ricard dans son introduction du premier volume de cette édition : « Quant aux notes censées expliquer ou “éclairer” ce que l’auteur a écrit, elles n’ont aucune raison d’être s’agissant d’un écrivain comme Kundera, pour qui toute l’information nécessaire à l’intelligence d’une œuvre doit se trouver dans cette œuvre même et nulle part ailleurs et qui manifeste donc, dans ses romans comme dans son théâtre et ses essais, un souci presque maniaque de la clarté et de la précision ».

L’on ne développera ainsi nulle exégèse. L’on se contentera de rappeler que dans les replis de La lenteur se terre une vibrante déclaration d’amour :

Légère et court-vêtue, Antoine Jaquier

Ecrit par Guy Donikian , le Jeudi, 06 Juillet 2017. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Roman, La Grande Ourse

Légère et court-vêtue, avril 2017, 228 pages, 20 € . Ecrivain(s): Antoine Jaquier Edition: La Grande Ourse

La légèreté apparente de certains textes a toutes les difficultés à celer la légitime ambition de leur auteur. Légère et court-vêtue n’échappe pas à ce propos, Antoine Jaquier a toute l’adresse requise pour y parvenir : une intrigue plutôt bien ficelée, des rebondissements qui intiment l’ordre au lecteur de poursuivre, et des situations inattendues qui ne laissent pas de surprendre, le tout servi par une écriture qui allie maîtrise et innovations. Mais s’il n’y avait que « cela », Légère et court-vêtue ressemblerait somme toute à tout autre ouvrage ; Antoine Jaquier sait utiliser son talent pour distiller quelques critiques de notre époque qui deviennent logiques et évidentes, des critiques qui ont toute leur place dans des dialogues souvent savoureux.

Mélodie travaille dans le milieu de la mode, elle vit à Lausanne, aime les chats et éprouve pour Tom, un photographe de mode, un amour inconditionnel ou presque. Elle subit pourtant les travers de son amant qui « l’oublie souvent », qui lui pose des lapins à l’occasion de différentes rencontres. Deux choses l’intéressent par-dessus tout : la photographie pour quoi il a une vraie passion, et le jeu, qui le met souvent sur la paille, au point de négliger les aspirations de Mélodie. Ainsi après une nuit passée au Casino, et alors qu’il a perdu, quand Mélodie lui demande s’il veut bien de faire un tour dans un club échangiste, il répond : « Tu fais chier, Mélodie, tu penses vraiment qu’à ça… ». Et la note de l’hôtel sera réglée par Mélodie puisqu’il a perdu au jeu…

La solitude est un cercueil de verre, Ray Bradbury

Ecrit par Catherine Dutigny/Elsa , le Mercredi, 05 Juillet 2017. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, USA, Roman, Denoël

La solitude est un cercueil de verre, juin 2017, trad. anglais (USA) Emmanuel Jouanne, 384 pages, 15 € . Ecrivain(s): Ray Bradbury Edition: Denoël

Dans une introduction rédigée pour une réédition des Chroniques martiennes, Ray Bradbury écrit : « Ne me dites pas ce que je fais, je ne veux pas le savoir ! Ces paroles ne sont pas de moi. Elles ont été prononcées par mon ami Federico Fellini, le fameux réalisateur italien […] cela dit, comment se fait-il que mes Chroniques martiennes soient considérées comme de la science-fiction ? Cette définition leur va mal ».

Ces phrases, il aurait pu les écrire à propos de La solitude est un cercueil de verre, en remplaçant le mot science-fiction par roman policier ou pour L’homme illustré en y substituant le terme fantastique.

Toujours en marge des définitions strictes d’un genre littéraire, laissant son instinct le guider, préférant musarder, dépeindre les sentiments parfois avec humour, le plus souvent avec mélancolie, il tord le cou aux codes du roman policier, introduit de la poésie dans un suspense où le whodunit n’est qu’un prétexte qui semble presque l’ennuyer. Pourtant, comme pour entretenir l’ambiguïté avec les lecteurs, le roman commence par une dédicace à la mémoire de Raymond Chandler, Dashiell Hammett, James M. Cain et Ross Macdonald. À la mémoire et non en hommage. Aucune volonté de rivaliser avec, de les singer ou d’écrire sous influence.

Figures pissantes, 1280-2014, Jean-Claude Lebensztejn

Ecrit par Jean-Paul Gavard-Perret , le Mercredi, 05 Juillet 2017. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Essais

Figures pissantes, 1280-2014, Editions Macula, 2017, 168 pages, 26 € . Ecrivain(s): Jean-Claude Lebensztejn

 

L’essai de Lebensztejn offre une figure très paradoxale autant du paysage que du portrait en un va et vient très particulier entre art et nature. Le tableau s’éloigne des mouvements du cœur comme des débats qui animent l’histoire de l’abstraction là où la figuration propose une scène dégradée et qui dégraderait infailliblement la peinture. L’eau-forte n’est plus seulement une technique mais un état jaillissant auquel le traité de Jean-Claude Lebensztejn donne une introduction magistrale. Divers courants se mêlent de manière imprévue de Rabelais à Andres Serrano.

Le liquide urinaire gicle en un prolongement du moi ou de son reste dont il demeure esclave. Il était donc nécessaire de prolonger les recherches et la quête artistique et littéraire sur la tache en incluant celle du besoin naturel dans le processus créatif. Certes, cet « humain trop humain » est largement censuré même au sein d’un naturalisme souvent coincé. Pour autant, de telles représentations ne sont pas forcément de basse qualité et se nourrissent d’une activité des plus naturelles chez les êtres humains comme chez les bêtes.