Le marteau avec ou sans maître : correspondance Ponge / Prigent.
En 109 lettres écrites, et par deux acteurs éminents du monde poétique, se découvre une page importante de l’histoire littéraire et des revues à travers le positionnement respectif de Ponge et Prigent. La situation de la Revue TXT (que le premier lance avec Steinmetz) est précisée par rapport à ses aînés, Tel Quel, Critique, Promesse, Art Press et bien d’autres. Mais surtout cet échange permet de comprendre ce que Prigent a trouvé dans l’œuvre de Ponge : le refus du lyrisme subjectif qui englue la poésie et en conséquence la recherche d’une écriture sinon matérialiste du moins matérielle.
Attentif comme Ponge au détail formaliste, au corps stricto-sensu de la lettre, Prigent a néanmoins su échapper très vite à l’ombre du maître. Encore étudiant et écrivant un mémoire sur l’auteur du Pré, il refuse de plonger « dans Ponge jusqu’à en être pongéifié, empongé, pas près d’être é-pongé : et vlan passe-moi les Ponges : Ponge Pilate, Ponge créole, ponge toujours tu m’intéresses, honny soy qui mal y Ponge ».