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Les Dossiers

Entretien avec François-Marie Deyrolle, à propos du livre de Fouad El-Etr, L’escalier de la rue de Seine (par Laurent Fassin)

Ecrit par Laurent Fassin , le Mardi, 03 Décembre 2024. , dans Les Dossiers, La Une CED, Entretiens

Laurent Fassin : L’escalier de la rue de Seine, ouvrage au titre à la fois simple et énigmatique du poète, traducteur et éditeur libanais Fouad El-Etr, que publie L’Atelier Contemporain, échappe à tous les genres. Ou plutôt il crée son propre genre en jouant sur plusieurs registres : roman picaresque, mémoires d’un aventurier esthète, histoire d’une revue fondée en 1967, La Délirante, au nom inspiré par un voilier, comme un appel du grand large ou le clin d’œil des Muses (ces cahiers donneront six années plus tard naissance aux éditions éponymes) ; enfin livre d’amitiés (le dessinateur et peintre Sam Szafran y est particulièrement à l’honneur) ; l’auteur ne faisant pas aussi mystère de quelques inimitiés…

François-Marie Deyrolle : Avant tout, c’est une œuvre littéraire et un témoignage. Je ne pense pas du reste que Fouad puisse dissocier ces pages de son œuvre poétique ou romanesque (1). Tous les qualificatifs que tu viens d’utiliser sont tout à fait justes. Cela montre la richesse du livre, extrêmement ouvert dans sa forme et par son contenu.

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« Littérature, théorie littéraire et démocratie ». Entretien avec Alexandre Gefen (par Haytham Jarboui)

, le Mercredi, 19 Juin 2024. , dans Les Dossiers, La Une CED, Entretiens

 

J’ai rencontré le 3 juin 2024 Alexandre Gefen (*) entre deux conférences à l’Hôtel Le Carlton à Tunis pour l’interviewer. Il a accepté de répondre à mes six questions autour de l’idée de réparation, du rapport entre littérature et démocratie, la théorie littéraire et l’avenir de la littérature à l’ère de l’IA.

 

H. Jarboui : Vous soutenez, dans votre essai Réparer le monde, La littérature française face au XXIe siècle, que la réparation est l’une des vertus et des finalités de la littérature. Vous écrivez d’ailleurs dans votre introduction : « La littérature contemporaine se confronte au monde, non en voulant le changer ou s’en extraire, mais en cherchant à en penser ce qui ne peut être pensé que par la littérature » (1) et vous ajoutez qu’« [elle] a l’ambition de prendre soin de la vie originaire, des individus fragiles, des oubliés de la grande histoire, des communautés ravagées, de nos démocraties inquiètes, en offrant au lecteur sa capacité à penser l’impératif d’individuation, à faire mémoire des morts, à mettre en partage des expériences sensibles ou à inventer des devenirs possibles » (2).

Hommage à Bernard Manciet (sous la direction de Philippe Chauché)

Ecrit par Philippe Chauché , le Jeudi, 23 Novembre 2023. , dans Les Dossiers, La Une CED, Entretiens

 

Le romancier et poète gascon aurait eu cent ans le 27 septembre 2023, s'il ne nous avait quitté le 3 juin 2005, son œuvre exceptionnelle est toujours vivante, et vivifiante.

On lui doit trois romans parus entre 1964 et 1976 : Le Jeune homme de novembre (Lo Gojat de noveme), La pluie et Le chemin de terre (Editions In8 2018), et deux regards sur ses terres : Le Triangle des Landes et Le Golfe de Gascogne (Editions In8 2005).

L’œuvre la plus dense, riche, onirique et unique, est son œuvre poétique, dont le socle est L’Enterrement à Sabres (L’Enterrament a Sabres) - Mollat 1996 et Poésie Gallimard 2010.

Bernard Manciet était tout sauf un écrivain régional et encore moins régionaliste, il était écrivain, au sens qu’il embrassait et embrasait le monde dans ses romans et ses recueils de poésie, sa langue tellurique était le gascon, sa langue de sang et d’amitiés.

Entretien avec Pascal Commère à l’occasion de la réédition de "Chevaux" (par Laurent Fassin)

Ecrit par Laurent Fassin , le Mercredi, 22 Novembre 2023. , dans Les Dossiers, Les Livres, Chroniques Ecritures Dossiers, La Une CED, Entretiens

Laurent Fassin : Chevaux, paru en 1987 aux éditions Denoël, fait l’objet d’une réédition cet automne, à l’enseigne du Temps qu’il fait. Primé sur manuscrit, ce premier écrit que signait Pascal Commère avait obtenu une bourse de la fondation del Duca en 1986. En épigraphe, quelques lignes extraites du Journal du biographe d’August Strindberg et Stig Dagerman, le critique suédois Olof Lagercrantz : « L’enfance est le grand réservoir où nous cherchons des déguisements quand nous voulons raconter ce que nous éprouvons au moment même ». Peux-tu en dire plus sur le choix de cette épigraphe ?

 

Pascal Commère : Je ne suis plus dans la tête du jeune homme qui, tourmenté alors et épris de littérature, ne savait pas trop au seuil de ce livre ce qu’il s’apprêtait à écrire. C’est naturellement, je suppose, qu’il se remémora son enfance. Marquée par la présence des chevaux, il est vrai, autant que par la mort du père. De cette absence on ne guérit jamais tout à fait. D’où un sentiment d’insatisfaction, de révolte qui m’habita tout un temps. Il me revient du reste qu’une première mouture s’intitulait Des fois, c’était dimanche. C’est lors d’une relecture par un ami, Jean Dubacq, plus expérimenté que moi, qu’il me souffla le titre Chevaux. Que j’adoptai aussitôt.

Échanges littéraires avec l’écrivain et éditeur Stéphane Barsacq (par Philippe Chauché)

Ecrit par Philippe Chauché , le Jeudi, 16 Mars 2023. , dans Les Dossiers, La Une CED, Entretiens

 

Stéphane Barsacq est un écrivain de la lumière – Je me nourris de lumière plus que tout –, de l’espérance, de la justesse, de l’inspiration, un écrivain de la joie – une douleur surélevée –, et du feu ; un écrivain en guerre contre les ténèbres. Son dernier opus Solstices fait se rencontrer aphorismes et réflexions, avec des portraits de grands artistes, autrement dit de grands passeurs : Baudelaire – nul poète n’aura été si musicien ni si attentif à la mélodie –, Rimbaud – Les Illuminations de Rimbaud sont une tentative de réécrire la Genèse à partir de l’Apocalypse –, ou encore Simone Weil, Cioran, Mozart, Artaud, François Augérias, et enfin une admirable adresse à Lucien Jerphagnon – Mais à peine vous avait-on quitté, qu’on se rendait compte qu’on avait dialogué en toute liberté avec Socrate, Marc Aurèle ou Sénèque…

Stéphane Barsacq possède lui aussi l’élégance d’un passeur de livres, de mots et de musiques. Un passeur attentif et courtois. Qu’il soit remercié pour le temps qu’il consacra à cet échange littéraire.