Ce roman qui se déroule à Haïti est un roman coup de poing, sans concession, qui nous plonge au cœur de la Cité, ces quartiers à la périphérie de Port-au-Prince, ville qui ne sera jamais citée autrement que par le terme de centre-ville, en opposition à ces ghettos tombés entre les mains de gangs d’une violence qui n’a d’équivalent que la misère dont ils sont issus. Peu importe la qualité de la graine, pour survivre dans ce terreau-là, elle ne pourra devenir que mauvaise. Des gangs qui maintiennent leur pouvoir tout en servant, chef après chef, car les têtes tombent vite, le Président et ses sbires, y compris leurs intérêts étrangers, chez qui là aussi, sinon plus, trafic, violence et corruption sont les maîtres mots. Ainsi les gangs fournissent d’innombrables mains sales et promptes à faire parler fusils et machettes, les malheureusement trop fameuses « chimères » d’un président dont le nom ne sera pas cité. Qu’importe, l’histoire se répète à Haïti comme ailleurs. Des hommes de mains pour semer la terreur dans la population, faire taire des opposants et manifestants gênants. En échange, les zotobrés, les notables, ferment les yeux sur les abominations commises dans les territoires-prison qui sont sous contrôle des gangs, ces quartiers miséreux et cette population dont personne ne veut ailleurs, ils y envoient parfois discrètement des bulldozers pour enterrer les morts et cacher les charniers quand ils sont trop nombreux…