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Critiques

Cette voix d’un ailleurs, Danusza Bytniewski (par Patrick Devaux)

Ecrit par Patrick Devaux , le Jeudi, 11 Juillet 2019. , dans Critiques, Les Livres, La Une Livres, Poésie

Cette voix d’un ailleurs, éd. Samizdat, 2013, 96 pages . Ecrivain(s): Danusza Bytniewski

 

Comment appréhender cet autre soi-même, une sorte de double en un lieu autre ? : « La voix/goutte à goutte elle chemine en moi/Me lave de la poussière/ Tel un oiseau qui voudrait voler, cogne contre les bourreaux de mon impuissance ».

L’échappatoire mène à la conclusion de faire partie d’un tout « autre » : « Je suis plus loin que l’exil. Je n’ai pas quitté mon corps, c’est lui qui m’a quitté… Je suis… sans tout ce qui donne à vivre ».

Le mystère de la vie jaillit dans tout son éclat avec une sorte de touche incantatoire non dénuée d’absence : « Mon corps semble en repos éternel, car je suppose que j’ai un corps. Il est si loin de moi, dans une zone où je ne suis pas ».

Au désert mental se substitue le souvenir du paysage ressenti :

Annoncer la couleur, Ernest Pignon-Ernest, André Velter (par Philippe Chauché)

Ecrit par Philippe Chauché , le Mercredi, 10 Juillet 2019. , dans Critiques, Les Livres, La Une Livres, Poésie, Actes Sud, Arts

Annoncer la couleur, mars 2019, 96 pages, 29 € . Ecrivain(s): André Velter et Ernest Pignon-Ernest Edition: Actes Sud

 

« Tenir Parole à bras le corps dans La Lumière et dans La Force ».

« Toujours & Toujours Attiser le Feu qui nous jette en Avant ».

« C’est le même Corps dans le Décor qui joue sa peau sans y penser ».

Ernest Pignon-Ernest et André Velter sont deux archers. Leurs flèches : pour l’un le fusain, la plume et le pinceau, pour l’autre la phrase et les mots acérés, ils se croisent, se lient et fécondent la poésie et le dessin. L’image chante dans son mouvement et la phrase l’illumine. C’est une main ouverte comme une offrande – on pense évidemment à celle du torero José Tomás (1) –, un pied ailé, un œil fermé de femme ombré de noir, un corps nu aux bras ouverts, comme une divine présence, un voilier dans le lointain, suspendu sur l’océan, comme les mouettes qui l’accompagnent : « Pour annoncer la couleur rien ne vaut le noir et blanc ».

Mephisto Rhapsodie, Samuel Gallet (par Marie du Crest)

Ecrit par Marie du Crest , le Mercredi, 10 Juillet 2019. , dans Critiques, Les Livres, La Une Livres, Théâtre, Espaces 34

Mephisto Rhapsodie, février 2019, 180 pages, 17 € . Ecrivain(s): Samuel Gallet Edition: Espaces 34

 

« Revenir à Klaus Mann et à Goethe »

J’ai beaucoup lu Samuel Gallet ; j’ai vu parfois son travail sur scène et j’ai aimé ses chants nocturnes et urbains. Sa dernière pièce, Mephisto Rhapsodie, plus épaisse, plus ambitieuse peut-être, semble montrer que son auteur n’est plus malheureusement tout à fait celui des éclats poétiques de ses débuts. Quelque chose en trop…

Ainsi la distribution tout d’abord frappe-t-elle par le nombre de rôles : d’un côté des « théâtreux », des comédiens au metteur en scène en passant par le critique ou le directeur de centre dramatique, et de l’autre, marqué par la conjonction de coordination et des personnages empruntés à l’histoire culturelle de l’Allemagne, de la musique avec Richard Strauss et Furtwängler à la littérature, Benn le poète et Klaus Mann, auteur de l’œuvre « adaptée », sans oublier quelques apparitions comme celle d’un majordome. Cette distribution binaire semble proposer au lecteur du texte un système d’intertextualité, de miroirs historiques un peu faciles et souvent entendus : la situation rappelle les années 30 et la montée du nazisme… Des strates de sens se mettent en place de cette façon :

Un chien sur la route, Pavel Vilikovsky (par Sylvie Ferrando)

Ecrit par Sylvie Ferrando , le Mardi, 09 Juillet 2019. , dans Critiques, Les Livres, La Une Livres, Pays de l'Est, Roman, Phébus

Un chien sur la route, mars 2019, trad. slovaque Peter Brabenec, 224 pages, 19 € . Ecrivain(s): Pavel Vilikovsky Edition: Phébus

 

Remettre à l’honneur la Slovaquie, sa capitale Bratislava et sa littérature, Livre Paris l’a fait en mars 2019 avec ce roman de Pavel Vilikovsky, à la fois récit d’un exil et de la reconnaissance de son pays et de son identité de Slovaque. En voyage de promotion culturelle de la littérature slovaque après la chute des régimes communistes, dans des pays voisins comme l’Autriche, la Pologne, la Hongrie, l’Allemagne, le narrateur, écrivain slovaque retraité, y cherche des points de convergence et des points de divergence d’avec son peuple. Il remarque que les Slovaques ont tendance à transgresser les règles dans leur pays, mais s’adaptent aisément à la vie en pays étranger. L’Europe demeure un espoir pour lui.

S’il y a un peu du Voyage sentimental à travers la France et l’Italie (1768), écrit et publié à la fin de la vie de l’écrivain irlandais Laurence Sterne, c’est Thomas Bernhard que Vilikovsky prend pour modèle, auteur autrichien internationalement célébré, qui dénigre son pays. Le narrateur est accompagné de Gabo et Dusan, poètes et écrivains slovaques avec lesquels il entretient des conversations littéraires et se livre joyeusement à la boisson.

Sucre noir, Miguel Bonnefoy (par Philippe Leuckx)

Ecrit par Philippe Leuckx , le Mardi, 09 Juillet 2019. , dans Critiques, Les Livres, La Une Livres, Roman, Rivages poche

Sucre noir, avril 2019, 192 pages, 7,50 € . Ecrivain(s): Miguel Bonnefoy Edition: Rivages poche

 

Mâtiné d’exotisme, d’âpreté et de plongée sociale, le roman du très jeune romancier français, aujourd’hui en résidence d’écriture à la Villa Médicis sur le Pincio romain, éblouit par son sens de la narration, son écriture très soignée et des personnages hauts en couleurs qui donnent chair à l’histoire.

En pays caribéen, la quête d’un trésor, perdu trois siècles plus tôt, celui abandonné par Henry Morgan, anime soudain la vie de Severo Bracamonte et de ses proches.

Dans un village, où étonnamment une vieille dame vient faire office chaque année en poussant une porte qu’elle ouvre et ferme seule, Severo, Serena Otero, sa femme, leur « fille » Eva Fuego fouillent les alentours pour découvrir ce « trésor » tant vanté.

La plantation des Bracamonte fournit le meilleur rhum de la région et elle s’épanouit au fil des années.