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Chroniques régulières

Souffles - La poésie et la pomme de terre !

, le Samedi, 05 Mai 2012. , dans Chroniques régulières, Les Chroniques, La Une CED

 

La poésie est faite pour faire rêver les lecteurs et les auditeurs. Le peuple qui ne rêve pas est un “amas” d’individus (ghachi), remorqué dans un wagon d’un train égaré et retardataire. Dont la destination est indéterminée. Inconnue. La pomme de terre (Lbatata), elle aussi, est faite pour faire rêver les Algériens. Le peuple qui ne cultive pas sa pomme de terre est un “peuple” sans pomme de terre ! C’est-à-dire sans rêve ! Cela dit, la pomme de terre et la poésie appartiennent génétiquement et génialement à la même famille, c’est-à-dire celle de l’art. Celui qui fait rêver debout ! Et le rêve est une forme de résistance ! Et le peuple qui rêve est un peuple en bonne santé ! Entre les Français et les Belges il y a eu toute une guerre intellectuellement féroce, et ça continue toujours, sur l’origine de celui qui fut le premier créateur des “frites”. Un Belge ou un Français ? Et les frites ne sont que de la pomme de terre ovale découpée en forme d’allumettes trempées dans de l’huile de tournesol ou d'arachide, bouillante ! Donc les frites, selon le dictionnaire français agréé par l’Académie française ou par l’Académie belge francophone, ne sont qu’une dérivée, parmi d’autres, de la pomme de terre. Plutôt une métamorphose !

Le Horla et les "voix" de l'écriture

Ecrit par Léon-Marc Levy , le Jeudi, 03 Mai 2012. , dans Chroniques régulières, Les Chroniques, La Une CED

 

L'expérience de la lecture du « Horla » de Guy De Maupassant reste à jamais une traversée d'un espace d'effroi, où l'écriture s'érige en aventure extrême. J'entends extrême comme à toute extrémité, au bord de la chute, au bord d'un gouffre sans fond qui n'est rien moins que la folie.

 

L'écriture est toujours une expédition dangereuse, dont on ne sait si l'on reviendra intact. La littérature est pleine de ces tragédies du « dire sur soi », car il n'y a pas d'autre vraie matière de l'écriture fictionnelle que soi. Quel que soit l'effort de détachement, de distanciation, d'arrachement de l'œuvre à celui (à celle) qui la produit, en fin de compte, il reste un seul réel irréductible : l'âme de l'auteur, le sang de l'auteur, le corps de l'auteur. A un journaliste qui lui demandait de parler de lui Jorge-Luis Borges répondit, c'est devenu célèbre, « Que voulez-vous que je dise de moi ? Je ne sais rien de moi. Je ne sais même pas la date de ma mort ! ». Citation fameuse qui prend tout son sens quand on lui adjoint cette autre, du même Borges, en 1970 à l'occasion de la parution de son « Autobiographie » : « De toutes façons, je n'ai jamais rien écrit d'autre qu‘une autobiographie ! »

Carnets d'un fou - XVI, Michel Host

Ecrit par Michel Host , le Mercredi, 18 Avril 2012. , dans Chroniques régulières, Les Chroniques, La Une CED

 

Le 10 avril 2012

 

Rétrospectivité / Prospectivité / Objectivité / Subjectivité / Invectivité / Perspectivité / Salubrité

 

Nous autres pauvres sommes comme le zéro qui de soi ne vaut rien, mais donne valeur au chiffre qui s’y appose, et d’autant plus de valeur que plus de zéros le suivent. Si tu veux valoir dix, mets un pauvre auprès de toi…

Mateo Alemán

Guzmán de Alfarache

 

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Souffles. Les enfants ont grandi !

, le Lundi, 09 Avril 2012. , dans Chroniques régulières, Les Chroniques, La Une CED

Les enfants ont grandi ! Ceux qui sont nés au premier lever du soleil, du premier jour de l'indépendance, ont aujourd'hui cinquante ans ! Depuis que le coq du village a chanté l'heure de l'aube de l'indépendance, quelques rêves ont vieilli ! D'autres se sont rouillés ! D'autres encore ont fleuri ! Nos grands-pères, nos pères, littéraires ou génitaux, tous, un jour ont pris le chemin vers le levant pour récolter les étoiles ! La liberté ! Ils avaient une autre image de l'Algérie. Leur Algérie. Ils l'avaient imaginée libre, plurielle et moderne. Un demi-siècle après, et depuis le lancement du premier youyou d'une femme aux pieds nus noyés dans la boue, la tête et le cœur dans la liesse, je me demande : vivons-nous dans le rêve qui hantait cette femme, vivons-nous le symbolique de ce youyou d'indépendance ? Certes, cette femme campagnarde analphabète vénérait, comme toutes nos grands-mères et nos mères, la lumière de la lettre “el harf”.

Aujourd'hui nous avons huit millions d'écoliers, peut-être un peu plus, mais la quantité ne fait pas le rêve de cette femme-là. L'école est sinistrée et la femme au youyou est abattue. Certes, parce qu'elle apprenait des centaines de contes et des histoires fabuleuses, cette femme au youyou aimait le voyage, imaginait ses enfants et ses petits-enfants partir un jour visiter le monde, celui installé sur l'autre rive. Mais cette femme au youyou n'a jamais imaginé qu'un jour d'indépendance, ses enfants seront offerts aux requins et au sel de la mer. Et la femme au youyou est triste.

Joyce, le début de la fin ?

Ecrit par Léon-Marc Levy , le Jeudi, 05 Avril 2012. , dans Chroniques régulières, Les Chroniques, La Une CED


James Joyce constitue un cas à part dans la littérature mondiale. (A peu près) tout le monde le connaît, au moins de nom. (A peu près) tout le monde dit que c'est un immense écrivain. Si vous grattez un peu, vous vous apercevez très vite que très peu l'ont vraiment lu. Ou, s'ils l'ont fait, c'est un livre voire un bout de livre. Et il est rare qu'ils y aient pris vraiment du plaisir ! Voilà qui pose question. Comment peut-on à la fois considérer Joyce comme un écrivain majeur du XXème siècle et sentir, confusément, que sa lecture n'est pas toujours un moment de bonheur pour ceux qui s'y consacrent ?


Nous sortons souvent de Joyce un peu... lessivés ! La traversée d'« Ulysses » est une expédition hasardeuse (osons la métaphore homérique). J'ose à peine parler de « lecture ». Joyce nous emmène avec lui dans un furieux combat avec la langue. Ou « contre » la langue. Et c'est pire encore avec ses œuvres tardives, « Finnegans Wake » en particulier. Une question surgit jusqu'à l'obsession quand, au gré des lectures de Joyce, on revient, comme je viens de le faire, à son « Dubliners » (« Gens de Dublin »). Je pense en particulier à la nouvelle intitulée « The Dead » (« Les morts »).