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Souffles - La poésie et la pomme de terre !

Ecrit par Amin Zaoui le 05.05.12 dans Chroniques régulières, La Une CED, Les Chroniques

Souffles - La poésie et la pomme de terre !

 

La poésie est faite pour faire rêver les lecteurs et les auditeurs. Le peuple qui ne rêve pas est un “amas” d’individus (ghachi), remorqué dans un wagon d’un train égaré et retardataire. Dont la destination est indéterminée. Inconnue. La pomme de terre (Lbatata), elle aussi, est faite pour faire rêver les Algériens. Le peuple qui ne cultive pas sa pomme de terre est un “peuple” sans pomme de terre ! C’est-à-dire sans rêve ! Cela dit, la pomme de terre et la poésie appartiennent génétiquement et génialement à la même famille, c’est-à-dire celle de l’art. Celui qui fait rêver debout ! Et le rêve est une forme de résistance ! Et le peuple qui rêve est un peuple en bonne santé ! Entre les Français et les Belges il y a eu toute une guerre intellectuellement féroce, et ça continue toujours, sur l’origine de celui qui fut le premier créateur des “frites”. Un Belge ou un Français ? Et les frites ne sont que de la pomme de terre ovale découpée en forme d’allumettes trempées dans de l’huile de tournesol ou d'arachide, bouillante ! Donc les frites, selon le dictionnaire français agréé par l’Académie française ou par l’Académie belge francophone, ne sont qu’une dérivée, parmi d’autres, de la pomme de terre. Plutôt une métamorphose !

La poésie, elle aussi est une métamorphose, donc une dérivée de la pomme de terre, selon l’académie algérienne de la langue algérienne ! Deux éléments historiques ont grandement participé à sauvegarder jusqu’à nos jours l’unité de la Belgique : les frites et la poésie de Jacques Brel. Dès qu’il s’agit des frites ou de la poésie de Jacques Brel “le peuple” belge, francophones comme flamands, peu importe, ne pose pas la question ni de la cession ni celle de la langue. C’est la magie des frites et la fascination de la poésie. Mon ami le poète belge Marc Quaghebeur, directeur des Archives & Musée de la Littérature, ne va pas me contredire. Quand j’étais petit, comme tous les enfants d’Algérie, je détestais deux plats : Lbatata et le couscous ! Parce qu’on ne mangeait quotidiennement et répétitivement que ça, ou presque. Aujourd’hui, moi aussi j’aime la pomme de terre Lbatata, comme tous les Algériens j’adore Lbatata. J’adore Lbatata, peut-être parce que je suis passionné de la poésie de Omar Ibn Abi Rabia, de Saïd Akl, de Nizar Kabbani, de Djamel Amrani, de Jacques Brel et de René Char. Mais pourquoi les Algériens aiment la pomme de terre Lbatata ? Tout le monde parle d’elle, dans les journaux, aux cafés, dans les amphis des universités, aux commissariats de police, au commissariat national à l’énergie nucléaire et au haut-commissariat à l’amazighité. Et pourquoi ces mêmes Algériens n’évoquent pas la poésie dans les cafés, les universités et les hammams ? Et pourtant, chez nous, Lbatata (la pomme de terre) et la poésie font, toutes les deux, rêver tous les Algériens, exception une minorité louche et non rêveuse ! Et parce que Lbatata fait rêver les Algériens, elle a été le sujet d’un sérieux débat, en deux ou trois reprises, au sein du conseil du gouvernement, au conseil des ministres et aux deux chambres du parlement, la haute et la basse. Aujourd’hui, elle est sur toutes les langues, le sujet de toute une campagne électorale, toutes tendances politiques confondues, islamiste, nationaliste, laïque, libérale !! Bien que la poésie, elle aussi, fait rêver, les poètes se demandent : mais pourquoi nos instances exécutives ou législatives n’ont jamais osé débattre le sujet de la poésie ? Et pourtant la majorité d’entre eux connaissent le poète Moufdi Zakariya et apprennent, par cœur ou partiellement, Kassamane ! La poésie fait rêver, cela dure depuis Homère et jusqu’à Mahmoud Darwich. Et Lbatata, elle aussi fait rêver, mais pas depuis l’ère d’Homère, parce que cette dernière n’était pas encore découverte (il faut vérifier dans l’encyclopédie britannique de Lbatata) !! Donc le rêve de Lbatata est ultérieur à celui de la poésie ! Mondialement, Lbatata fait rêver le monde, au moins, depuis la guerre déclenchée entre les Belges (bien unis, bien soudés) et les Français sur l’origine du pionnier des frites. Nationalement, Lbatata fait rêver et vibrer les Algériens depuis la création de “la maison de la poésie” à Alger. Y a-t-il une maison de poésie à Alger ? Je ne sais pas !

 

Amin Zaoui

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A propos du rédacteur

Amin Zaoui

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Rédacteur


Amin Zaoui est un écrivain algérien né le 25 novembre 1956 à Bab el Assa (Algérie). il écrit chaque jeudi deux articles un en arabe dans le quotidien arabophone echorouk et en français dans le quotidien francophone liberté.

 

 

 

1984-1995 : enseignant à l’université d'Oran (département des langues étrangères)

1988 : Doctorat d'État en littératures maghrébines comparées

1991-1994 : directeur général du Palais des Arts et de la Culture d’Oran

2000-2002 : enseignant à l’université d’Oran (département de la traduction)

2002-2008 : directeur général de la Bibliothèque nationale d'Algérie

2009 : membre du conseil de direction du Fonds arabe pour la culture et les arts (AFAC)

Conférencier auprès de plusieurs universités : Tunis, Jordanie, France, Grande-Bretagne.

 

Publications en français

Les romans d’Amin Zaoui ont été traduits dans une douzaine de langues : anglais, espagnol, italien, tchèque, serbe, chinois, persan, turque, arabe, suédois, grec…

 

Sommeil du mimosa suivi de Sonate des loups (roman), éditions le Serpent à plumes, Paris, 1997

Fatwa pour Schéhérazade et autres récits de la censure ordinaire (essai collectif), éditions L'Art des livres, Jean-Pierre Huguet éditeur, 1997

La Soumission (roman), édition le Serpent à Plumes, Paris, 1998 ; 2e édition Marsa, Alger. Prix Fnac Attention talent + Prix des lycéens France

La Razzia (roman), éditions le Serpent à Plumes, Paris, 1999

Histoire de lecture (essai collectif), éditions Ministère de la Culture, Paris, 1999

L’Empire de la peur (essai), éditions Jean-Pierre Huguet, 2000

Haras de femmes (roman), éditions le Serpent à Plumes, 2001

Les Gens du parfum (roman), éditions le Serpent à Plumes, Paris, 2003

La Culture du sang (essai), éditions le Serpent à Plumes, Paris, 2003

Festin de mensonges (roman), éditions Fayard, Paris, 2007

La Chambre de la vierge impure (roman), éditions Fayard, Paris, 2009

Irruption d’une chair dormante (nouvelle), éditions El Beyt, Alger, 2009

 

En arabe

 

Le Hennissement du corps (roman), éditions Al Wathba, 1985

Introduction théorique à l’histoire de la culture et des intellectuels au Maghreb, éditions OPU, 1994

Le Frisson (roman), éditions Kounouz Adabiya, Beyrouth, 1999

L'Odeur de la femelle (roman), éditions Dar Kanaân, 2002

Se réveille la soie (roman), éditions Dar-El-Gharb, Alger, 2002

Le Retour de l'intelligentsia, éditions Naya Damas, Syrie, 2007

Le Huitième Ciel (roman), éditions Madbouli, Égypte, 2008

La Voie de Satan (roman), éditions Dar Arabiyya Lil Ouloume, Beyrouth ; éditions El Ikhtilaf, Alger, 2009

L'Intellectuel maghrébin : pouvoir - femme et l’autre, éditions Radjai, Alger, 2009