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Actes Sud

Nager nues, Carla Guelfenbein

Ecrit par Stéphane Bret , le Jeudi, 20 Juin 2013. , dans Actes Sud, Les Livres, Recensions, La Une Livres, Roman

Nager nues, juin 2013, 273 pages, 22 € . Ecrivain(s): Carla Guelfenbein Edition: Actes Sud

 

11 septembre 1973, 11 septembre 2001 : c’est entre ces deux repères historiques que le roman de Carla Guelfenbein, Nager nues, s’articule quant à son déroulement :

Sophie vit avec son père à Santiago du Chili, dans les années précédant l’arrivée au pouvoir de l’Unité Populaire conduite par Salvador Allende. Ce père, Diego, est haut fonctionnaire du gouvernement d’Allende. Il est passionné par son engagement politique et aussi par les femmes qu’il aime séduire, posséder, parfois d’un amour torride, exclusif, exigeant. Pour tenter d’oublier les absences répétées de ce père, Sophie se lie d’amitié avec Morgana. Cette jeune femme tombe sous le charme de Diego et entretient avec lui une relation amoureuse qu’elle tente de dissimuler aux yeux de Sophie. Cette dernière se sent trahie et rejoint sa mère en France, tandis que Diego et Morgana entrent dans la clandestinité après le putsch du 11 septembre 1973 dirigé par un certain général Augusto Pinochet. Tous deux sont exécutés par suite d’un guet-apens tendu par les militaires.

Les aventures extravagantes de Jean Jambecreuse, Harry Bellet

Ecrit par Catherine Dutigny/Elsa , le Mercredi, 05 Juin 2013. , dans Actes Sud, Les Livres, Recensions, La Une Livres, Roman, Histoire

Les aventures extravagantes de Jean Jambecreuse, artiste et bourgeois de Bâle, Assez gros fabliau, mars 2013, 368 p. 22,80 € . Ecrivain(s): Harry Bellet Edition: Actes Sud

 

« On sait depuis des siècles combien cette fable du Christ a été profitable à nous et aux nôtres ». Les connaissances actuelles attestent que cette « célèbre » phrase du pape Léon X est une citation apocryphe, une invention de l’écrivain protestant anglais, John Bale (1495-1563). Pourtant Hariolus Bellatolus, alias Harry Bellet, pour les besoins de son fabliau, non seulement la lui prête, mais la lui fait écrire sur un parchemin apposé du sceau papal qu’un méchant courant d’air emporte hors des galeries du Vatican pour tomber dans « les cheveux merveilleusement bouclés d’un ange », un certain Salai, l’assistant favori de Léonard de Vinci. L’écrit sulfureux va susciter bien des convoitises et changer souvent de main.

Nous voici donc au début du XVIe siècle, dans une Europe qui bataille, commerce, diffuse des idées nouvelles grâce à l’imprimerie, se divise sur le plan religieux et explose dans tous les domaines artistiques. C’est dans ce contexte que le jeune Jean Jambecreuse (traduction littérale de Hans Holbein), « ymagier » de son état, quitte sa bonne ville d’Augsbourg pour rejoindre son frère Ambroise à Bâle, afin de parfaire son apprentissage.

La traversée, Murray Bail

Ecrit par Léon-Marc Levy , le Mardi, 04 Juin 2013. , dans Actes Sud, Les Livres, Recensions, La Une Livres, Roman, Océanie

La traversée, trad. De l’anglais (Australie) par Patrice Repusseau avril 2013, 196 p. 20 € . Ecrivain(s): Murray Bail Edition: Actes Sud

Ce livre porte en lui, par son rythme et sa prosopopée, son titre, la Traversée. Murray Bail, on le sait depuis au moins son somptueux « Eucalyptus » (Robert Laffont 1999), est d’abord un grand styliste. Ce livre en est une éclatante confirmation. Pas de chapitres, pas de paragraphes (ou presque pas) : une longue, sinueuse, fluide avancée narrative qui, peu à peu, nous imprègne, nous berce de son rythme, nous enivre et nous emporte enfin. On ne peut pas ne pas penser au flot proustien, à cette manière particulière de pétrir l’écriture avec le temps, dans un jeu permanent de va et vient entre les moments du présent, du passé, du futur. Le temps est la seule scansion véritable de ce roman. Car c’est un roman et comment ! Tout ici baigne dans un univers romanesque à la fois lyrique et moderne. Le chant proustien ? Qu’on l’écoute ici :

« L’économie de la comptable enceinte avait contraint Delage à repousser son départ, ce qui permit à Elisabeth de rejoindre le Romance au Pirée, bien qu’elle eût pu rattraper le navire plus loin, à Port-Saïd ou à Singapour, par exemple, Delage descendait la passerelle en tôle ondulée, pensant se promener dans Athènes, une ville qu’il avait si souvent vue en photo, ou au moins ses nobles ruines tenant bon contre le ciel bleu, un ciel toujours immaculé, le long des rues il observerait les nombreuses coutumes locales, il prendrait son temps – du haut de la passerelle il aperçut Elisabeth, la tête relevée, attendant que quelqu’un prenne ses trois valises. »

Le doux parfum des temps à venir, Lyonel Trouillot

Ecrit par Victoire NGuyen , le Mercredi, 29 Mai 2013. , dans Actes Sud, Les Livres, Recensions, La Une Livres, Poésie

Le doux parfum des temps à venir, Editions Actes Sud, Collection Essences, mars 2013, 60 pages, 13,50 € . Ecrivain(s): Lyonel Trouillot Edition: Actes Sud

 

 

Les promesses de l’aube

 

Le doux parfum des temps à venir est un texte poétique d’une soixantaine de pages. Sans précision de lieu ni d’époque, une mère sentant sa mort imminente, décide de parler à sa fille. Le lecteur apprend au fil de ce monologue le parcours tragique de cette femme qui porte en elle le poids de la faute et la colère des foules : « Un jour, / dans une grande ville ou dans un bourg, / mais qu’importe le lieu, / des hommes m’ont prise pour une vache ou pour une esclave. / Ils me levèrent de ma couche, / m’ont traînée sur une place, / et comme pour l’exemple, / ils ont donné ma nudité en spectacle à la foule / et marqué mon épaule de la fleur de la honte ».

Jerusalem, Justine Augier

Ecrit par Stéphane Bret , le Samedi, 25 Mai 2013. , dans Actes Sud, Les Livres, Recensions, La Une Livres, Histoire

Jerusalem, Mai 2013, 164 p. 18 € . Ecrivain(s): Justine Augier Edition: Actes Sud

 

Il est toujours périlleux de confronter des points de vue portant sur des sujets d’une actualité brûlante. C’est le cas du conflit israélo-palestinien, et de la ville de Jérusalem, de son statut territorial et politique qui cristallise si aisément les passions. Justine Augier, qui a vécu cinq ans dans cette ville, échappe à cet écueil dans son dernier ouvrage intitulé justement : « Jérusalem ».  Elle évoque, à travers les récits de quatre personnages nommés chacun par une initiale, E. ; S., N. ; O. ; des aspects de la vie dans la ville, des périodes de l’histoire de cette région, la Palestine et l’état d’Israël, qui, toutes, prêtent à controverse, ou sont largement emblématiques de l’état du conflit proche-oriental.

Pour accentuer l’effet de distanciation, de regard critique, ou peut-être de mise en perspective, Justine Augier ajoute des citations d’écrivains, certains issus de la région, comme Amos Oz, Aaron Appelfeld, ou encore Mahmoud Darwich, Elias Sanbar. Tout  y est traité : l’évolution de l’état hébreu, la situation de la ville de Jérusalem, avant et après  la guerre des Six Jours, la persistance de la guerre dans l’histoire israélienne, un certain conformisme conduisant à l’uniformité des conduites en Israël.