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La grande maison (Great House), Nicole Krauss (par Léon-Marc Levy)

Ecrit par Léon-Marc Levy , le Dimanche, 22 Mai 2011. , dans USA, Les Livres, Recensions, La Une Livres, Roman, L'Olivier (Seuil)

La grande maison. Traduit de l'anglais (USA) par Paule Guivarch. 334 p 22 € . Ecrivain(s): Nicole Krauss Edition: L'Olivier (Seuil)


« La Grande Maison », on ne l’apprend qu’au dernier chapitre, c’est le grand Temple disparu de Jerusalem. C’est la « maison » purement immatérielle que fabriquent les bribes de mémoire millénaire des juifs du monde.

Titre énigmatique pour un livre qui l’est de bout en bout. Au rugby, on dirait qu’il alterne les temps forts et les temps faibles. Nicole Krauss a fait le choix de bâtir son roman dans une architecture complexe et très apparente : la première partie, il y en a huit, s’intitule « L’audience est ouverte », la cinquième aussi. Le titre de la  deuxième partie « Trous de nage » se retrouve à la septième. Et ainsi de suite. Seules la partie centrale, la plus longue « Mensonges d’enfants » et la dernière, la plus courte, « Weisz » sont uniques dans leur intitulé. On voit le projet : construire une trame délocalisée (New-York, Londres, Jerusalem …), des héros multiples et peu à peu mener aux liens qui font sens d’ensemble. On pense irrésistiblement aux films d’Iñarritu, « Amours chiennes », « 21 grammes » et « Babel », construits sur le même schéma.

Les Foudroyés, Paul Harding (par Yann Suty)

Ecrit par Yann Suty , le Mercredi, 04 Mai 2011. , dans USA, Les Livres, Recensions, La Une Livres, Roman, Le Cherche-Midi

Les Foudroyés, 186 p. 15 € . Ecrivain(s): Paul Harding Edition: Le Cherche-Midi

 

Le livre débute alors que George agonise sur son lit de mort, victime d’un cancer en phase terminale. Il est installé dans le séjour de sa maison. Séjour dans lequel sont installées de nombreuses horloges. George était en effet horloger. Les membres de sa famille, enfants, petits-enfants, viennent veiller sur lui.
Huit jours avant de mourir, George commence à avoir des hallucinations. La maison, par exemple, s’effondre tout à coup sur lui. Mais George se souvient également. Mais est-ce un vrai souvenir ? Ou est-ce une autre forme d’hallucination ?
« Allongé sur son lit de mort, George avait envie de revoir son père. Il avait envie d’imaginer son père ».
Il se souvient donc de son père, Howard. Vendeur itinérant, il sillonnait les routes du pays sur sa carriole, disparaissant parfois de la maison pendant des semaines. Son père était épileptique. S’il s’arrangeait pour cacher ses crises à ses enfants, George en fut témoin de quelques-unes qui le secouèrent, notamment, quand, au cours de l’une d’elles, son père le mordit.

Générosité, Richard Powers (par Yann Suty)

Ecrit par Yann Suty , le Samedi, 30 Avril 2011. , dans USA, Les Livres, Recensions, La Une Livres, Roman, Le Cherche-Midi

Générosité, 480 pages, 22 € . Ecrivain(s): Richard Powers Edition: Le Cherche-Midi

Thassa Amzwar est une jeune femme heureuse. Un peu trop même pour certains. Elle est tout le temps contente. « C’est comme si elle prenait de l’ecstasy en continu ». Rien ne semble pouvoir lui enlever son sourire des lèvres et l’empêcher de voir la vie en rose. « Cette Algérienne possédait quelque chose de contagieux. Impossible de résister à son allégresse : c’était comme avoir 7 ans et se retrouver à dix heures de son huitième anniversaire ».
« Quand le temps se gâte, son ravissement augmente. Elle arrive en classe sous une averse glacée, la tunique et le pantalon trempé, les cheveux chocolat collés en tresse sur les épaules. Elle se plante dans l’encadrement de la porte […] et rit comme si elle revenait de Disneyland. “Quel temps ridicule ! C’est fantastique !” »
Pour son professeur Russel Stone, cet état perpétuel d’optimisme ne va pas de soi. Etre tout le temps heureux ? Irradier de bonheur ? Propager sa félicité à son entourage, comme une véritable contagion ? C’est d’autant plus anormal que Thassa Amzwar ne présente pas le « profil » pour être heureuse. Elle est en effet une « enfant de la mort », une traumatisée. Algérienne, elle s’est réfugiée au Canada après que ses parents aient été tués lors d’émeutes en Kabylie. Ensuite, elle a déménagé à Chicago pour y suivre des études dans l’objectif de devenir réalisatrice.

Fante. John, Fante (par Léon-Marc Levy)

Ecrit par Léon-Marc Levy , le Dimanche, 03 Avril 2011. , dans USA, Les Chroniques, Chroniques Ecritures Dossiers, Chroniques régulières, La Une CED, Univers d'écrivains, Roman

Plein de vie !

John Fante. Prononcez « fanté ». Je dois vous dire d'abord bien sûr : c'est qui John Fante ? Un écrivain, américain. Italo-américain plutôt, la précision est d'importance, elle imprègne toute son œuvre. Sa vie couvre à peu près le XXème siècle, de 1909 à 1983. On ne peut pas esquiver sa vie, elle est la matière même de l'œuvre. Tous ses romans égrènent des épisodes autobiographiques, de l'enfance rude du Colorado (sous les grondements incessants d'un père alcoolique et violent) à la réussite professionnelle et mondaine d'Hollywood (où il sera un scénariste très prisé) et enfin jusqu'à la fin douce et glorieuse, malgré la cécité qui le frappe en 1978, aux côtés de Joyce, son épouse.

Je ne sais pourquoi, bien qu'adulé (et même objet d'un véritable culte !) par des cercles de plus en plus nombreux de passionnés de littérature, Fante n'a pas encore atteint en France la notoriété d'un Steinbeck, d'un Hemingway, d'un Faulkner. Son influence littéraire est pourtant d'une large importance : il est le père spirituel de la « Beat génération », de Charles Bukowski, de Truman Capote, de James Ellroy. Son influence est considérable aussi sur Jim Harrison et « l'école du Montana ».

Les madones d'Echo Park (The Madonnas of Echo Park), Brando Skyhorse (par Léon-Marc Levy)

Ecrit par Léon-Marc Levy , le Dimanche, 27 Mars 2011. , dans USA, Les Livres, Recensions, La Une Livres, L'Olivier (Seuil)

Les Madones d'Echo Park, roman, traduit de l'anglais (Etats-Unis) par Adèle Carasso, Éditions de l'Olivier, 2011. 297 p. 22€ . Ecrivain(s): Brando Skyhorse Edition: L'Olivier (Seuil)

Vous est-il arrivé, dès les premières lignes d’un livre, d’entendre, au sens physique du terme, une musique obsédante ? Avec Les Madones d’Echo Park, c’est la slide guitar de Ry Cooder qui ne vous quitte pas ! Un lieu revient, dans toutes les voix qui constituent cette œuvre, Chavez Ravine. Un immense quartier chicano de Los Angeles où s’entassaient les laissés pour compte du rêve américain et qui, pour les besoins de la construction d’un grand stade de base-ball (Dodger Stadium), a été rasé en 1960 et les « wetbacks » (dos mouillés parce qu’ils passaient à la nage le Rio Grande !) ont été chassés, éparpillés dans des taudis encore plus ignobles parce que sans âme. Et le grand Ry en a fait un album il y a 4 ou 5 ans : entre blues et texmex.  Il se rappelle : «Je fuguais en bus jusqu'aux barrios, ces bas quartiers basanés et réputés dangereux d'où émanaient de jour comme de nuit des rythmes cuivrés et joyeux, parfois terriblement nostalgiques, mais toujours épicés.» C’est là que se glisse la chanson obsessionnelle de ce récit polyphonique. Presque des nouvelles pour tout lecteur inattentif. En fait un récit unique « slidé » par des doigts, des corps, des âmes, des douleurs différentes. Le chicano brisé, nulle part chez lui, en quête d’une identité chimérique, sans cesse menacé d’être chassé de L.A. à l’autre côté de la frontière mexicaine. C’est-à-dire nulle part. Nulle part chez lui. Ni d’un côté ni de l’autre.