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"Souffles" 3. Le roi des ciseaux ...

Ecrit par Amin Zaoui , le Samedi, 04 Juin 2011. , dans Nouvelles, Chroniques régulières, La Une CED, Les Chroniques, Ecriture, Chroniques Ecritures Dossiers

... coiffure, circoncision, parfum, politique et poste restante

 

Le coiffeur a abandonné le village ! S'asseoir sur ce siège-là rembourré avec ses deux accoudoirs de bois fut, pour moi, un moment sans pair. Assis, pour la première fois, sur ce trône royal qui pivotait sur un ressort, j'avais un sentiment de crainte. La musique des ciseaux, qui chuchotaient à mes oreilles, me donnait ravissement et bonheur. Tak-tak-tak, quelle belle mélodie ! Et ce parfum ! Un parfum qui n'avait pas de nom. Le coiffeur de notre village était un homme amusant avec de longues moustaches bien tenues, huilées et peignées vers le haut. Toujours tournées vers le ciel ! Une serviette claire sur son épaule et un sourire permanent sur les lèvres. Dans son petit local, un espace d'à peine trois mètres de large sur quatre mètres de profondeur, il avait installé deux longs bancs sur lesquels une douzaine de gens étaient en permanence amassés. Serrés ! Ils étaient composés de vieux et de moins vieux. Le coiffeur parlait. Il parlait sans arrêt ! Il ne faisait que parler et faire danser ses ciseaux autour de ma tête. Les hommes l'écoutaient. Eux aussi parlaient, commentaient et se taisaient. Ici on se parlait. Assis sur le trône royal entouré de tout ce monde qui discourait, je n'arrivais pas à comprendre tout ce qui se racontait. Je regardais les centaines de photos collées anarchiquement sur le mur peint en bleu.

"Souffles" 2. Ecrire avec les deux mains

Ecrit par Amin Zaoui , le Dimanche, 08 Mai 2011. , dans Chroniques régulières, La Une CED, Les Chroniques, Chroniques Ecritures Dossiers, Maghreb


Ecrire de gauche à droite ou de droite à gauche, cela est un jeu extraordinaire. Mais écrire de droite à gauche et de gauche à droite cela est un plaisir. Ecrire avec les deux mains ! Ecrire avec deux langues, plutôt dans deux langues, c’est voler, en toute liberté et en toute énergie et détermination, avec deux grandes ailes dans un vaste ciel qui ne ressemble qu’à lui-même. La première est étendue sur l’orient et l’autre sur l’occident. Ecrire avec deux mains et un cœur comblé de rêves et d’illumination est un jeu d’ombres et de lumières. Ecrire avec deux mains, c’est agiter deux imaginaires, deux mers de folies. Voyages ouverts à toutes les géographies et les musiques. Le génie le plus génial que l’homme a créé, dans toute l’histoire humaine, fut le jeu. Et la littérature est un jeu fabuleux. Lorsqu’une nouvelle langue est née sur le bout de notre plume, les choses prennent la forme d’une danse.
Toutes les choses ! Dès qu’une nouvelle langue pointe sur le bout de notre langue les mots deviennent un chant de liberté, ou un champ de blé. Et la liberté gagne de la géographie, gagne de la lumière.

Booker Prize arabe : entre scandale, complot et surprise

Ecrit par Amin Zaoui , le Dimanche, 17 Avril 2011. , dans Chroniques régulières, La Une CED, Les Chroniques, Chroniques Ecritures Dossiers

Le Booker prize arabe, ou « le Booker arabe » est un prix destiné à récompenser le meilleur roman arabe de l’année. Il a été fondé en 2007 à Abou Dhabi en collaboration avec le célèbre prix Booker britannique. Entre scandale, complot et surprise le Booker prize s’arabise ! À chaque année le Booker arabe s’installe confortablement dans une odeur empestée. Avec ses quatre éditions écriées et hurlées, le BPA nous livre une image de la culture arabe noyée dans l’argent et qui jour après jour s’ancre davantage dans des traditions non culturelles ou plutôt anti-culturelles. Chaque année, à chaque édition du BPA, on découvre un peu plus les traits d’un visage défiguré de la culture et des intellectuels arabes. Le Booker arabe avec ses scandales et ses complots n’est que l’image littéraire d’une culture soumise au pouvoir politique de l’argent impur et de l’argentier courtier ! Il est aussi le miroir reflétant la représentation des intellectuels bien servis par des services hautement branchés ! La création, à mon sens, de ce prix n’est qu’une « esthétique du boucher » ! Pour museler la culture résistante. À la marge de cette création, une mafia de la littérature est née. Une autre, manipulatrice et manipulée, a vu le jour dans les milieux de la presse écrite libanaise et égyptienne.

Une brève lecture des trois premières éditions, dont le BPA est revenu respectivement aux Egyptiens Bahaa Taher pour L’Oasis du crépuscule et Youssef Zeidan pour Azazil, au nouvelliste saoudien Abdou Khal pour Elle lance des étincelles, nous enregistrons ce qui suit :