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Les Livres

Œuvres romanesques, V, William Faulkner en La Pléiade

Ecrit par Léon-Marc Levy , le Jeudi, 19 Janvier 2017. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, USA, Roman, La Pléiade Gallimard

Œuvres romanesques, T. V, novembre 2016, 1192 pages, 62 € jusqu’au 31 mai 2017, 70 € après . Ecrivain(s): William Faulkner Edition: La Pléiade Gallimard

 

Ce tome V des œuvres complètes de William Faulkner n’est pas le dernier. Gallimard annonce la publication, en février 2017, du tome VI, consacré aux nouvelles du géant du Sud. Ce volume offre les deux derniers romans de la Trilogie des Snopes, La Ville et La Demeure. Le premier, Le Hameau, clôturait le tome IV.

Suit, en clôture de ce volume, le dernier roman de Faulkner, Les Larrons, publié en juin 1962, quelques jours avant la mort de l’auteur.

Le premier bonheur pour le lecteur est ici la qualité de la traduction réalisée par l’équipe placée sous la direction de François Pitavy et Jacques Pothier. La rupture avec la tradition malheureuse des traductions académiques est totale. Le langage parlé, le choix des équivalents idiomatiques, la personnalité propre du parler de chaque personnage sont ici une parfaite réussite. Le lecteur non anglophone y trouvera un Faulkner d’une qualité jamais égalée.

La petite galère, Sacha Desprès

Ecrit par Patryck Froissart , le Mercredi, 18 Janvier 2017. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, L'Âge d'Homme

La petite galère, 195 pages, 16 € . Ecrivain(s): Sacha Desprès Edition: L'Âge d'Homme

 

Laura, dite Lo, lycéenne, vit avec sa grande sœur Marie, dite La Jolie, depuis qu’à l’âge de treize ans elle a assisté en direct à la tragédie du suicide de leur mère, Caroline. Elle voit rarement son père, divorcé avant le drame.

Marie est une jeune femme de mœurs très libres, anti-conventionnelles, qui joue sans scrupule de son exceptionnelle beauté.

Marie.

La Jolie.

Cette fille, c’est Frida, Judith, Ophelia. Réunies dans un seul et même tableau. Une bande dessinée pour adultes. Une comptine pour enfants. La Dame Tartine de l’érotisme. Le Miel des poètes…

Entre les deux sœurs, l’union est fusionnelle. Elles partagent un secret dont la nature sera seulement suggérée par l’auteure. Elles sont complices. Laura admire Marie qui veut faire de Laura une seconde Marie…

Beigbeder l’incorrigible, Arnaud Le Guern

Ecrit par Philippe Chauché , le Mercredi, 18 Janvier 2017. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Biographie

Beigbeder l’incorrigible, éd. Prisma, novembre 2016, 297 pages, 19,95 € . Ecrivain(s): Arnaud Le Guern

 

« L’enfance : figure biographique ennuyeuse. Beigbeder heureusement facilite notre tâche. Il est dans chacun de ses textes. A peine masqué. Il suffit de lire. Reflet déformé, juste ce qu’il faut. Pour tout savoir sur l’enfance de Frédéric Beigbeder, ouvrir Un roman français. Prix Renaudot 2009. Son meilleur livre. Mise en bouche parfaite d’une vie de feu follet ».

Voici le livre plus inutile publié ces derniers temps, pourrions-nous écrire en souriant, un livre inutile sur un écrivain qui ne l’est pas moins, pensent les observateurs vigilants et autres critiques littéraires aguerris – les gardiens de la Librairie. Inutile écrivain mondain, corrupteur de jeunes lectrices et de vieux barbons de prix littéraires. Animateur bavard qui sévit sur des chaînes câblées, complice publicitaire de la disparition de la littérature française, amuseur public qui ne fait rire que ses admiratrices corrompues et ses éditeurs lorsqu’ils gagnent de l’argent. Arnaud Le Guern pourrait être son jeune frère caché, amateur de plages et d’espadrilles, admirateur de Brigitte Bardot, de Maurice Ronet et de Paul Gégauff, en un mot, un amuseur, qui prend plaisir à écrire des livres tout aussi éphémères qu’un dessin tracé à la main sur le sable d’une plage basque à marée basse, en attendant que les vagues ne le recouvrent.

Le Zen dans l’Art de l’Ecriture, Ray Bradbury

Ecrit par Marie-Josée Desvignes , le Mardi, 17 Janvier 2017. , dans Les Livres, Critiques, Essais, La Une Livres, USA

Le Zen dans l’Art de l’Ecriture, Editions Antigone 14, novembre 2016, 208 pages, 16 € . Ecrivain(s): Ray Bradbury

 

Voici un ouvrage comme on en peut lire concernant l’art d’écrire et l’imagination créatrice. Ici, c’est Ray Bradbury, auteur de Fahrenheit 451 et des Chroniques martiennes qui nous livre avec beaucoup d’humour, d’énergie et de passion son rapport à l’écriture. Quelle excellente idée ont eu là les Editions Antigone 14 en publiant cet ensemble !

Si on y retrouve à peu près les mêmes conseils donnés par d’autres écrivains – on pense à Stephen King ou Rosa Montero (avec son livre La folle du logis) par exemple – c’est toujours un régal que d’entrer dans l’intimité d’un écrivain d’imagination, d’autant que Ray Bradbury n’a aucune retenue pour nous parler de sa vie et de son écriture qui sont intimement liées et nous donner ses conseils. « Vous devez bondir, installer votre plongeoir et sautez tête la première dans votre machine à écrire ». Une seule vérité commune et valable pour tous, nous recelons tous des trésors, enfouis au fond de nous, « vous êtes un puits profond alors reculez-vous et criez, faites-y résonner votre voix, et vous resterez ébahi par l’explosion de révélations que vous sentirez gronder en vous ».

Un désir d’humain « Les love doll au Japon », Agnès Giard

Ecrit par Jean-Paul Gavard-Perret , le Lundi, 16 Janvier 2017. , dans Les Livres, Critiques, Essais, La Une Livres, Les Belles Lettres

Un désir d’humain « Les love doll au Japon », août 2016 (Prix Sade 2016), 376 pages, 25,90 € . Ecrivain(s): Agnès Giard Edition: Les Belles Lettres

 

Agnès Giard est une jeune chercheuse qui explore le monde le l’éros et plus particulièrement son développement dans certaines marges (parfois très larges) de la culture nippone. Dans son dernier livre, elle s’intéresse aux « love doll » japonaises, présentées par leurs fabricants et selon une « belle » tartufferie non comme objets (de luxe) sexuels mais en tant que « filles à marier ». De fait elles deviennent, et si l’on peut dire, le cache-sexe de la misère sexuelle et de la solitude. Visage absent, corps édulcoré cette poupée-ustensile de grandeur nature fluidifie le manque par approximation.

Souvent ces poupées sont façonnées avec les yeux à demi-fermés. C’est la cas de celle nommée « Madoromi » et que l’auteure définit ainsi : « une jeune fille au bord de la narcose, commercialisée par la firme Level sur le modèle de la Pieta ». Agnès Giard a d’ailleurs interviewé son créateur, Sugawara. Il se dit inspiré par les Vierges de la Renaissance italienne et leur pureté. Le créateur précise : « les hommes veulent préserver l’innocence de la poupée. Elle possède quelque chose qu’il faut protéger : une histoire d’amour inavouée, un secret lourd à porter, un cœur brisé… (…) Au client d’imaginer ce qui rend la poupée si mélancolique ».