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Langue portugaise

Les ombres de l’Araguaia, Guiomar de Grammont

Ecrit par Cathy Garcia , le Mercredi, 25 Octobre 2017. , dans Langue portugaise, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, Métailié, La rentrée littéraire

Les ombres de l’Araguaia, septembre 2017, trad. brésilien Danielle Schramm, 232 pages, 18 € . Ecrivain(s): Guiomar de Grammont Edition: Métailié

 

Ce roman dédié « aux familles de tous les disparus politiques du Brésil, surtout à leur mères et leurs sœurs », aborde un passage obscur de la lutte contre la dictature dans les années 70, quand des jeunes étudiants épris de justice sociale avaient dans l’idée de libérer leur pays. Quelques-uns d’entre eux sont même allés se former à Cuba aux techniques de guérillas, et les chefs de la guérilla jusqu’en Chine maoïste.

Dehors les bate-paus et les grileiros !

Morts aux généraux fascistes !

A bas la dictature militaire !

Vive la terre libérée pour que le peuple vive et travaille !

Vive les Forces guérilleras de l’Araguaia !

Vive le Brésil libre et indépendant !

Fragments d’un voyage immobile, Fernando Pessoa

Ecrit par Didier Smal , le Mercredi, 11 Octobre 2017. , dans Langue portugaise, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Poésie, Rivages poche

Fragments d’un voyage immobile, précédés d’un essai d’Octavio Paz, trad. portugais Rémy Hourcade, 128 pages, 6,60 € . Ecrivain(s): Fernando Pessoa Edition: Rivages poche

 

Lit-on vraiment l’œuvre de Fernando Pessoa (1888-1935) ? Oui, et non. Oui, une première fois, on se laisse porter par les poèmes ou la prose ; non, parce qu’ensuite on ne cesse d’y revenir, suivant les signets ou attendant du vent qu’il ouvre le volume écorné, à force, à une page quelconque qu’on lira puis qu’on rêvera. On sirote, on picore au final plus Pessoa qu’on ne le lit, en somme. Ce picorage, cette maraude quasi, c’est exactement ce que propose le petit volume Fragments d’un Voyage Immobile réédité ces jours-ci par les éditions Rivages dans leur collection de poche – avoir toujours Pessoa à portée de la main, même sous forme de « fragments », en tout lieu, tout moment, ce n’est pas un luxe, c’est une nécessité.

Avant d’aborder les « fragments » en question, considérons la préface, en fait un essai signé Octavio Paz (1914-1998), long d’une quarantaine de pages, intitulé « Un Inconnu de lui-même : Fernando Pessoa » et daté de 1961. Le poète mexicain, lauréat du Prix Nobel de Littérature, s’y livre à une analyse de l’œuvre de Pessoa, éclairant entre autres la notion d’hétéronyme, indispensable pour appréhender les différents recueils du Portugais, signés aussi bien Fernando Pessoa qu’Alberto Caeiro, Ricardo Reis ou encore Alvaro de Campos.

L’empereur d’Amazonie, Marcio Souza

Ecrit par Cathy Garcia , le Lundi, 28 Août 2017. , dans Langue portugaise, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, Métailié

L’empereur d’Amazonie, mai 2017, trad. Portugais (Brésil) Béatrice de Chavagnac, 224 pages, 10 € . Ecrivain(s): Marcio Souza Edition: Métailié

 

« Au-delà de l’équateur, tout est permis (Proverbe portugais du XVe siècle)

Pas tout (Luiz Galvez, détrôné) »

 

Ce roman est volontairement un pastiche de roman-feuilleton, un récit construit en une suite de textes extrêmement courts portant chacun un gros titre en majuscule, comme s’il paraissait dans un journal, mais sous ses faux airs populaires, c’est un roman dense et érudit qui tient son lecteur en haleine. Un roman que l’on peut qualifier sans hésiter de picaresque, irrévérencieux et loufoque, mais fidèle d’une certaine façon à la réalité des lieux et de l’époque prise dans une forme de folie. Le récit prend place en Amazonie à la fin du XIXème, en plein boom du caoutchouc, et nous conduit jusque dans la région de l’Acre que se sont disputée à cette période la Bolivie et le Brésil, avec comme toujours les intérêts américains en arrière-plan.

Ode maritime et autres poèmes, Fernando Pessoa, Alvaro de Campos

Ecrit par Philippe Leuckx , le Jeudi, 17 Août 2017. , dans Langue portugaise, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Poésie, Editions de la Différence

Ode maritime et autres poèmes, Fernando Pessoa, Alvaro de Campos, trad. portugais Dominique Touati, Michel Chandeigne, préface Claude Michel Cluny, 189 pages, 10 € . Ecrivain(s): Fernando Pessoa Edition: Editions de la Différence

 

 

De l’auteur multiple, 72 hétéronymes (selon Teresa Lopez, la spécialiste de la « manne » aux manuscrits, le coffre aux 21000 manuscrits, tapuscrits, dactylogrammes…), l’on retient les quatre grands coauteurs, créés de toute pièce par l’immense écrivain : Soares (Le livre de l’intranquillité), de Campos (Les grandes Odes), Caeiro et Reis, tous trois « apparus en 1915 », tous trois disposant d’un curriculum vitae, d’une vraie biographie.

Alvaro de Campos, né le 15 octobre 1890, à peine plus jeune que l’orthonyme Pessoa, ingénieur naval, tête de pont et premier à publier dans la Revue Orpheu, connaîtra « une évolution », « aspiré par l’échec » comme le découvre le fameux poème Tabacaria (Bureau de tabac) : « J’ai tout raté ».

La Reine Ginga, José Eduardo Agualusa

Ecrit par Stéphane Bret , le Jeudi, 01 Juin 2017. , dans Langue portugaise, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, Métailié

La Reine Ginga, avril 2017, trad. Portugais (Angola), Danielle Schramm, 232 pages, 21 € . Ecrivain(s): José Eduardo Agualusa Edition: Métailié

 

Le roman de Jose Eduardo Agualusa est multithématique et confine à des genres très variés : Francisco, le personnage principal, est un jeune prêtre brésilien, métis d’Indien et de Portugais. Il débarque bientôt à Luanda pour devenir secrétaire de la Reine Ginga, reine d’une grande partie du territoire de ce qui va devenir l’Afrique lusophone. C’est l’Afrique des seizième et dix-septième siècle qui sert ici de décor, l’Afrique de la colonisation européenne, mais aussi des confrontations des civilisations. Le récit, parsemé de bout en bout de descriptions de batailles, de portraits de personnages hauts en couleur, est marqué par un constat fait par ce jeune prêtre : il est en proie à des doutes intenses sur l’attitude de l’Eglise face aux « Indigènes », faut-il les respecter, les anéantir, les assimiler ?

Très vite, Francisco entrevoit une déchirure inévitable, un divorce nécessaire : « En rejoignant le service de Ginga, en vérité je fuyais l’Eglise – mais je ne le savais pas encore à ce moment-là, ou peut-être le savais-je, mais je n’osais pas affronter mes doutes les plus profonds ».