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Etudes

Bertrand Russell, penser avec et au-delà des mathématiques Épisode 4 : Russell, féministe et pacifiste car sceptique modéré

Ecrit par Marie-Pierre Fiorentino , le Lundi, 02 Mai 2016. , dans Etudes, Les Dossiers, La Une CED

 

Socrate, sous la plume de Platon dans La République, proposait une analyse brève mais pertinente des causes de la guerre que se mènent entre eux les États (1). Il envisageait aussi que dans la Cité idéale, hommes et femmes puissent également accéder à la fonction de gardien (nous dirions aujourd’hui policiers et militaires). Il avouait enfin, dans Le Banquet, que tout ce qu’il savait sur l’amour, il le tenait d’une femme, Diotime.

Pourquoi alors ne pas considérer le platonisme comme une philosophie féministe et pacifiste ? Car dans la pensée platonicienne, ces questions relèvent plutôt de l’anecdote et surtout de la théorie. La République est une utopie. Dans la réalité, Socrate a été un soldat prêt à mourir pour Athènes et un mari et un père bien peu présents.

Ainsi faut-il considérer que Russell démarre sa réflexion consacrée au rôle des femmes dans la société et à la paix sur une page laissée quasiment blanche par l’histoire de la philosophie.

Résurgences sataniques (par Léon-Marc Levy)

Ecrit par Léon-Marc Levy , le Jeudi, 07 Avril 2016. , dans Etudes, Les Dossiers, La Une CED

 

Le Prince des Ombres n’est pas retiré des affaires. A s’en tenir à ses réapparitions itératives dans la littérature ou le cinéma, il faut bien reconnaître que le vieux Belzébuth exerce encore effets de terreur et de fascination sur l’imagination des hommes. L’Eglise l’avait tenu à bout de bras pour dociliser ses brebis et, si elle a perdu de son influence, la civilisation de l’image l’a amplement remplacée. A icône, icône et demi. On peut penser que ce fonds de commerce du Diable n’a d’autre sens que… le fonds de commerce justement. Mais le Diable a suffisamment fait escorte à l’histoire des hommes, suffisamment assisté à ses crises, insisté sur ses failles et brisures pour que nous nous permettions de balayer ses prestations récentes d’un mépris trop hâtif. Cette résurgence du nocturne démonologique dans notre société des images doit nous interroger : l’ombre qui refait surface à la lumière des discours de la Cité questionne toujours. Surtout dans une époque, la nôtre, où la Cité pare ses langages de toutes les apparences de la rationalité scientifique et organise ses métaphores autour d’une technologie toute-puissante. Cette floraison d’images nous interpelle du lieu même de son grand et régulier succès auprès des publics occidentaux.

Bertrand Russell, penser avec et au-delà des mathématiques Épisode 3 : Il faut savoir déraison garder ou Russell philosophe de l’amour

Ecrit par Marie-Pierre Fiorentino , le Jeudi, 12 Novembre 2015. , dans Etudes, Les Dossiers, La Une CED

En 1900 (il a vingt huit ans), Russell publie La philosophie de Leibniz. Il a en effet repris à son compte le projet que le philosophe et mathématicien allemand avait entrepris dès le XVII° siècle : créer une langue logique universelle qui permettrait de réduire tous les raisonnements à des calculs afin que l’erreur disparaisse. Ne plus se tromper en rationalisant tout, voilà le rêve poursuivi par Russell jeune. Fi de l’intuition, du cœur et autres balivernes. Les mathématiques apparaissent comme le seul havre de vérité digne d’être recherché.

Vingt huit ans plus tard, son admiration pour le penseur allemand s’est tempérée. « Leibniz, dans sa vieillesse, écrivit à un de ses correspondants qu’une seule fois dans sa vie il a demandé à une femme de l’épouser, et alors il était âgé de cinquante ans. “Heureusement, ajouta-t-il, la dame demanda du temps pour réfléchir. Cela me donna également du temps pour réfléchir moi-même, et je retirai ma demande”. Il n’y a pas de doute que sa conduite n’ait été rationnelle, mais je ne dirai pas que je l’admire » (1).

Cette réserve n’est-elle pas étrange de la part de Russell tel que nous l’a montré l’épisode 2, partisan d’une « éthique rationnelle » ?

La Forêt d’Apollinaire, Christian Libens / Les Forêts de Ravel, Michel Bernard

Ecrit par Michel Host , le Jeudi, 15 Octobre 2015. , dans Etudes, Les Dossiers, La Une CED

 

Une lecture est une aventure personnelle, sinon « à quoi bon ? »

Michel Host

 

Dans Les Hautes Fagnes

en 1899

« Marche le gars ! Marche en gaîté,

Ce calme jour d’un calme été,

Où, sauf la source, tout se tait ».

Guillaume Apollinaire

Rencontre avec Boualem Sansal, « 2084. La fin du monde »

Ecrit par Nadia Agsous , le Jeudi, 08 Octobre 2015. , dans Etudes, Les Dossiers, La Une CED

 

Après Le Village de l’Allemand et Rue Darwin, Boualem Sansal, écrivain algérien, revient sur la scène littéraire avec un septième roman intitulé 2084. Cette fiction qui prend la forme d’une dystopie met en scène un empire totalitaire, l’Abistan, le « pays des croyants où Yölah, Dieu, a élu et délégué Abi pour l’assister dans la colossale tâche de gouverner le peuple des croyants ». Récemment, les éditions Gallimard ont publié dans leur collection Quarto une série de six romans publiés entre 1999 et 2011. 2084 figure sur la liste de plusieurs Prix : Goncourt, Renaudot et Médicis.

 

Dans votre roman, vous projetez vos lecteurs dans un univers qui a sombré dans le totalitarisme religieux. Vous décrivez l’Abistan comme un empire absolument terrifiant. Qu’est-ce que l’Abistan ?