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Ecriture

La fille aux tongs (3)

Ecrit par Marie du Crest , le Mardi, 17 Juillet 2012. , dans Ecriture, Ecrits suivis, Création poétique, La Une CED

Les tongs du peintre s’enrubannent. Fils d’Ariane.

 

Un autre jour, le peintre a fait marcher dans les rues des hommes et des femmes dans un mouvement de va-et-vient, de superposition. Ils n’ont pas de visage même lorsqu’ils sont de face. La fille avance, statique. La part de sa réalité réside dans la chaussure minimale : une tong rouge. On pourrait à travers ses vêtements voir la vie de la rue en transparence. Jeune fille ; je portais de telles robes. Entre mes jambes se devinaient les éclats de la lumière. J’imagine tout, en emboîtant le pas du modèle du peintre.

 

Encore. Une autre passante en tongs noires monte une volée d’escalier. La lanière des tongs est la seule géométrie pure, mesurable ; tout le reste est flou ; une sorte de fondu enchaîné : le corps de la jeune femme ; l’architecture des marches, le sommet de l’escalier et le ciel. Où cela s’arrête-t-il ? La tong limite, arrête l’esprit.

La fille aux tongs (2)

Ecrit par Marie du Crest , le Mardi, 10 Juillet 2012. , dans Ecriture, Création poétique, La Une CED

 

Les tongs du peintre s’enrubannent. Fils d’Ariane.

 

La fille ignore de l’autre côté du triptyque, l’homme nu qui sans pied, joue au foot, en regardant le large, devant lui. Que de gens se croisent sur La Riviera, dans les salles du musée où je suis, de tableau en tableau ! J’ai envie de m’asseoir sur une large banquette de moleskine pour entrer dans la scène balnéaire. C’est bien elle, je reconnais l’étoffe rouge aux arabesques blanches. Pourquoi ne pas hanter toutes les œuvres du peintre dont j’aime le si joli nom des grands champs ? Un écran de cinéma, peut-être. Il y a tant de scènes de plage, de grève dans les films ; les amants s’y retrouvent à la nuit tombante, les héroïnes assassinées roulent dans le ressac.

La fille aux tongs (1)

Ecrit par Marie du Crest , le Dimanche, 08 Juillet 2012. , dans Ecriture, Création poétique, La Une CED

 

Les tongs du peintre s’enrubannent. Fils d’Ariane.

 

Les tableaux n’ont pas de titre. UNTITLED. La contemplation est libre. Je regarde toutes les filles du tableau. Elles aussi me regardent ; ou elles tournent le dos. Il y a la fille blonde au corps solide, aux poils pubiens blonds. Elle vient à moi dans un champ. Elle porte des tongs rouges, incongrues. La chaussure légère du trait de pinceau. Sandale antique en plastique. Seule parure, seul vêtement du corps. Son pied gauche est légèrement soulevé. Comment un peintre peut-il faire croire au mouvement sur la toile immobile ? Ces filles-là sont sculpturales, sportives. La fille aux cheveux noirs, de profil, me montre son téton gauche. Ses tongs noires, l’une abandonnée derrière son pied gauche et l’autre dessinant son pied droit. Elle avance dans le déséquilibre de son corps dans un décor végétal et minéral. Les tongs, nous les portons à la plage, les tongs que tous les gens pauvres de la planète portent.

*

Sur le miroir, cette alouette

Ecrit par Patryck Froissart , le Mardi, 29 Mai 2012. , dans Ecriture, Création poétique, La Une CED

 

 

Au long de l’onde, aux galets ronds, aux blancs sablons,

D’or sous l’aplomb, nous posions l’ongle ou le talon,

Dansant.

 

Dans la laurière nous épiait la chevrière…

Mes pieds glissaient sur la gravière, Elle, légère,

Dansant.

 

Moi le Roumi dans l’oued blond et ma Berbère,

Nous nous baisions sans un haillon dans la lumière,

Dansant.

Sebsicolor

Ecrit par Patryck Froissart , le Vendredi, 18 Mai 2012. , dans Ecriture, Création poétique, La Une CED

 

 

 

 

 

Au fond d’une venelle un lourd vantail noirci

S’entrebâille au sésame épelé par mon ombre.

Près d’un zinc dingue où tremble une chandelle sombre,

Sur un tapis méditent des fellahs rassis.

 

Le battant de l’horloge est immobile ici.

Le dos s’enfonce au mur et l’esprit dans l’errance ;

La volute s’envole vers la voûte et danse,

Calligraphie dont l’œil déchiffre les lacis.